Paludisme - Un meilleur traitement pour plus de patients

Sierra Leone mai 2008. Un patient atteint de paludisme et sa mère à l'hôpital MSF de Gondama à Bo.
Sierra Leone, mai 2008. Un patient atteint de paludisme et sa mère à l'hôpital MSF de Gondama, à Bo. © William Daniels

Dans un nouveau rapport présenté aujourd'hui, l'organisation médicale
internationale Médecins Sans Frontières (MSF) affirme que davantage de
vies peuvent être sauvées à condition que de nouvelles stratégies
efficaces de lutte contre le paludisme soient plus largement appliquées.

Le rapport intitulé "Prescription complète ; un meilleur traitement contre le paludisme pour plus de patients : l'expérience de MSF" décrit le travail mené par l'organisation en Sierra Leone, au Tchad et au Mali, démontrant qu'il est possible d'éviter des décès grâce à des outils de diagnostic et de traitement simples et abordables, actuellement disponibles sur le marché.

"Même s'ils sont encore insuffisants, de nouveaux financements pour la prise en charge du paludisme sont disponibles", explique Meinie Nicolai, directrice générale de MSF à Bruxelles.

"De nouveaux médicaments plus efficaces arrivent peu à peu dans les centres de santé et il existe des tests rapides qui, en quelques minutes, peuvent confirmer un diagnostic. Mais ces efforts n'aboutissent pas et bon nombre de personnes malades, principalement des enfants, ne reçoivent toujours pas le traitement dont ils ont besoin."

Dans un grand nombre de pays d'Afrique subsaharienne, les populations ne se rendent pas dans les structures de santé car celles-ci se trouvent loin de chez elles et que les soins y coûtent trop chers.

En Sierra Leone, par exemple, seuls 12% des enfants suspectés d'être atteints de paludisme ont reçu un traitement efficace au sein des services de santé.

L'expérience et la recherche de MSF démontrent que, dans la plupart des contextes pauvres où travaille l'organisation, les frais dont doivent s'acquitter les patients sont un facteur largement dissuasif dans la recherche de soins.

Le second obstacle à l'accès aux soins contre le paludisme est géographique. Certaines communautés rurales sont très éloignées des structures de santé ou se trouvent isolées par les eaux durant la saison des pluies.

Les stratégies impliquant des "Agents Palu" ont prouvé leur efficacité en permettant d'atteindre et de soigner les patients là où ils vivent. En combinant des soins gratuits au niveau des centres de santé et dans les communautés géographiquement isolées, le projet de MSF au Mali a permis de tripler le nombre de cas de paludisme détectés et traités sur une période d'un an.

Ce résultat a été obtenu sans sacrifier la qualité des soins grâce à des tests rapides, faciles à utiliser, qui permettent aux "Agents Palu" ayant une formation basique de confirmer si la fièvre du patient est bien causée par le paludisme. Lorsque les cas ont été identifiés, les "Agents Palu" administrent des médicaments gratuits au patient.

Expédier tests et médicaments dans le pays n'est pas suffisant, des mesures pour s'assurer qu'ils sont effectivement délivrés aux patients doivent être mises en place de toute urgence.

"Les « Agents Palu » ne sont pas la solution miracle", explique Christine Jamet, chef de mission pour MSF au Tchad. "Mais ils comblent efficacement l'absence de soins lorsque les structures de santé ne sont pas accessibles. Ils ne doivent cependant pas dispenser les autorités d'élargir l'accès aux soins, puisque les personnes testées négatives pour le paludisme doivent être correctement prises en charge quelle que soit la cause de leur fièvre, et les cas complexes être référés vers des structures de santé."

L'Organisation mondiale de la Santé (OMS) recommande actuellement de traiter tous les enfants souffrant de fièvre, dans les régions à haute endémicité, avec des médicaments contre le paludisme.

Mais en Sierra Leone par exemple, une région de haute transmission, l'utilisation systématique de tests rapides dans notre projet à Bo, a montré que 30 à 40 % des cas suspects de moins de 5 ans étaient négatifs.

Ne pas utiliser les tests - comme le recommande l'OMS - signifie que beaucoup d'enfants recevront un traitement pour une maladie autre que le paludisme et qu'aucun autre examen ne sera réalisé pour vérifier l'origine de la fièvre. De plus, cette stratégie risque à terme de faire émerger des résistances aux traitements.

Lire le rapport - Prescription complète ; un meilleur traitement contre le paludisme pour plus de patients : l'expérience de MSF

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