Pakistan – Soutenir les structures de santé face à l'afflux de déplacés

Complexe médical de Mardan juin 2009.
Complexe médical de Mardan, juin 2009. © Marta Ramoneda

Dans la province de la Frontière du Nord-Ouest (NWFP), le district de Mardan fait face à l’arrivée de plus d’un million de personnes fuyant la guerre. Pour venir en aide aux structures de santé débordées, MSF a augmenté la capacité d'accueil du Complexe médical de Mardan et soutient le centre médical rural de Takht Bhai.

ans le service d'hospitalisation du Complexe médical de Mardan, une femme originaire de la vallée de Swat est assise sur un lit avec son petit garçon de trois mois. Il ne pèse que 1,8 kg. Lorsque sa mère le prend dans ses bras, son corps est faible.

L'hôpital du district de Mardan a référé cet enfant au service géré par MSF dans le Complexe médical de Mardan, un hôpital situé à l'extérieur de la ville principale.

« Ce bébé sous-alimenté a besoin d'une surveillance 24h/24. Il doit boire du lait thérapeutique toutes les trois heures», explique Sahla Issoufu, coordinateur d'urgence de MSF à Mardan.

«Il est très difficile pour le personnel de l'hôpital du district de dispenser ce type de soins alors que le nombre de patients reçus a pratiquement triplé depuis la nouvelle arrivée d'un si grand nombre de déplacés.» L'hôpital du district, situé en centre ville, facilement accessible aux habitants locaux et aux déplacés, a rapidement été saturé.

Aménagements dans le Complexe médical de Mardan. Très vite, les autorités sanitaires ont renforcé leurs équipes en envoyant, à Mardan, du personnel médical en poste dans d'autres régions. Le 4 juin, MSF a ouvert un service de 20 lits, au sein du Complexe médical de Mardan dont la capacité a été rapidement augmentée pour atteindre les 40 lits. Puis, le 19 juin, MSF a commencé à travailler dans la salle d'urgence de l'hôpital.

« Nous n'avons vu aucun signe alarmant d'urgence médicale globale autre que le besoin d'augmenter la capacité des structures médicales locales », affirme S. Issoufou.

« La plupart des problèmes médicaux que nous avons rencontrés jusqu'ici sont liés à la déshydratation, causée par des diarrhées mais aussi par la chaleur car les familles déplacées viennent d'une région montagneuse où les températures sont bien plus fraîches. Les enfants et les personnes âgées sont particulièrement vulnérables à la chaleur.

Quant aux épidémies, le choléra étant endémique dans cette région, les autorités ont mis en place une surveillance épidémiologique. Et MSF est prête à apporter son soutien si nécessaire

Consultations au centre médical de Takht Bhai. MSF soutient également le centre médical rural de Takht Bhai, situé à environ 30 minutes en voiture du Complexe médical de Mardan. En accord avec les autorités sanitaires locales, MSF a commencé à donner des consultations aux personnes déplacées, notamment des consultations prénatales, et a mis en place une salle d'accouchement.

« La première fois que nous sommes venus au centre médical de Takht Bhai, la situation semblait chaotique car le personnel était véritablement surchargé de travail », explique Jean-Pierre Amigo, coordinateur d'urgence de MSF à Mardan.

« Nous donnions déjà des consultations dans un camp de déplacés voisin, mais les structures de santé à l'extérieur des camps ont elles aussi besoin d'un soutien. Une salle d'accouchement fonctionnant 24h/24 était vraiment nécessaire. Nous avons donc réhabilité celle qui existait à Takht Bhai de manière à pouvoir assister des accouchements jour et nuit. »

Campagne de sensibilisation. En collaboration avec les autorités sanitaires locales, MSF a débuté une campagne de sensibilisation pour informer les femmes que ce service est gratuit et accessible 24h/24. « Il n'y a vraiment aucune raison pour que des femmes accouchent dans des conditions dangereuses alors qu'elles ont un centre fraîchement réhabilité où du personnel médical est présent 24h/24 pour les aider », déclare Jean-Pierre.

« Chaque semaine, le nombre d'accouchements et de consultations double, et notamment celui des consultations prénatales. Nous réhabilitons actuellement d'autres salles afin d'accroître la capacité du centre médical. »

De retour au Complexe médical de Mardan, un jeune garçon souffrant de diarrhée aiguë arrive de l'hôpital du district et est mis en isolement.

« A l'hôpital du district, ils n'ont pas la place d'isoler des cas. Ce jeune garçon a donc été envoyé ici », raconte S. Issoufou. « Les patients sont tellement nombreux à l'hôpital du district qu'ils sont deux ou trois par lit dans le service de pédiatrie. Ainsi, vous pourriez y trouver un enfant comme celui-ci, souffrant de diarrhée aiguë, partageant le même lit qu'un enfant atteint d'une infection respiratoire. Or la surpopulation augmente le risque de transmission des infections entre patients. »

Pendant ce temps, le bébé sous-alimenté semble plus alerte et commence à regarder autour de lui.

Sa mère raconte : « J'ai passé les derniers mois à l'amener dans différents hôpitaux mais je n'ai pas pu aller jusqu'à Peshawar parce que c'était trop cher. Je l'ai donc ramené chez nous à Swat. Ensuite, nous avons fui les combats et sommes venus nous réfugier chez notre famille qui vit ici. J'ai sept filles et il est mon unique fils. Je veux seulement qu'il aille mieux. »

S. Issoufou est optimiste. « Ces dernières 24 heures, l'état de santé du bébé s'est amélioré. Il mange bien et il est bien plus éveillé qu'à son arrivée. Dans deux semaines, il devrait être suffisamment rétabli pour quitter l'hôpital. »

Dans le service MSF du Complexe médical de Mardan, 153 patients au total ont été admis entre le 4 et le 20 juin. Au cours des deux premiers jours de son intervention dans la salle d'urgence, MSF a soigné 35 patients.

Au centre médical rural de Takht Bhai, 2 919 consultations pour des soins primaires et des urgences ont été pratiquées entre le 2 et 20 juin, ainsi que 205 consultations prénatales et 13 accouchements.

Dans le district de Mardan, MSF soutient également un camp de déplacés de 5 800 personnes. L'organisation donne des abris et des biens de première nécessité, assure la distribution d'eau et prend en charge le système d'assainissement. MSF y a également monté un dispensaire. Et des cliniques mobiles proposant des consultations prénatales se rendent dans huit écoles où logent des familles déplacées.

Au Pakistan MSF n'accepte aucun don provenant de gouvernements ou de bailleurs de fonds. MSF n'utilise que des dons privés provenant du grand public pour mener ses activités. MSF gère également des programmes dans les NWFP à Peshawar, Mardan, Malakand, et Mansehra, ainsi que dans la province du Balouchistan et celle du Kurram Agency.

À lire aussi