Pakistan : l'aide à la peine

Consultation par un dispensaire mobile de MSF à Utmantzai. Pakistan  8 août 2010
Consultation par un dispensaire mobile de MSF à Utmantzai. Pakistan - 8 août 2010 © Ton Koene

Tandis que de nouvelles zones sont affectées chaque jour par les inondations au Pakistan, les régions initialement touchées subissent de nouvelles montées des eaux. Des pluies continues et parfois très abondantes sont tombées sur les provinces du Khyber Pakhtunkhwa et du Baloutchistan, entravant fortement l\'aide humanitaire et médicale.

Malgré les fortes pluies et les difficultés d'accès entraînant des reports de distribution, MSF tente néanmoins d'apporter de l'eau potable, des produits de première nécessité et des soins médicaux à des milliers de sinistrés - nécessitant une aide urgente - à Nowshera, Peshawar, Charsadda et à de larges poches de populations aux environs de Manjoshori au Baloutchistan. D'autres membres de l'organisation évaluent à présent les besoins des provinces du Pendjab et de Sind, récemment affectées.

Besoin urgent en eau potable

L'accès à l'eau potable est un moyen efficace pour prévenir l'apparition de maladies. Par conséquent, les équipes d'assainissement de MSF s'attachent à fournir de l'eau aux communautés. À Nowshera, Charsadda ou encore à Swat, les équipes assistent les autorités locales pour rétablir le système de distribution et continuent à acheminer de l'eau par camion pour les familles sinistrées.

« Notre priorité est d'apporter de l'eau potable à autant de personnes que possible, » déclare Thomas Batarday, responsable du programme de distribution de l'eau à Charsadda. « En plus des 21 points d'eau que nous avons installés dans la ville, nous distribuons chaque jour plus de 85 000 litres d'eau. Nous continuerons ces opérations jusqu'à ce que le système de distribution de l'eau fonctionne à nouveau. »

Des points d'eau ont été installés dans le district de Lower Dir et dans huit localités à Swat (pour environ 100 000 bénéficiaires). En outre, MSF approvisionne en eau potable l'hôpital de district de Lower Dir et travaille au rétablissement de l'eau potable à Nowshera : l'organisation y réhabilite le système de distribution et achemine de l'eau par camion.

Activités médicales

Des équipes ambulatoires prodiguent des soins dans des sites de déplacement, en majorité des écoles. Bien que la détection des populations privées d'assistance soit difficile (lire le témoignage de James Kambaki, chef de projet au Baloutchistan), de nouveaux dispensaires mobiles devraient être rapidement opérationnels au Baloutchistan et dans les districts de Malakand, de Swat et de Peshawar. Ils apporteront principalement des soins aux populations les plus vulnérables et démunies, qui n'ont pas accès aux structures de santé. MSF continue à soutenir des structures de santé, mais le niveau de l'eau en constante fluctuation oblige les familles à se déplacer régulièrement, d'un site à l'autre, rendant l'acheminement de l'aide encore plus difficile. Par exemple, le nombre de consultations à l'hôpital de Pabbi, à Nowshera, varie entre 100 et 350 par jour selon les nouvelles alertes aux inondations.

À l'hôpital de district de Nowshera, l'installation de groupes électrogènes permet aujourd'hui au service des urgences de fonctionner en permanence, 24H/24. Le service de consultation externe a été réhabilité et est désormais fonctionnel. Il a connu une diminution de la fréquentation pendant ce week-end pluvieux, bien que plus de 320 consultations aient été menées vendredi dernier. MSF a également fourni trois ambulances, qui assurent aujourd'hui une dizaine de transferts par jour.

Dans tous les centres de santé gérés par MSF, les pathologies liées aux conditions de vie restent les plus fréquentes. La situation est similaire dans les programmes médicaux de MSF qui existaient avant les inondations à Dargai et dans les districts de Malakand et de Swat, où les équipes ont mis en place de nouveaux dispensaires mobiles.

« Un tiers des patients que nous recevons ont des infections cutanées, » explique le Dr Majid, médecin pakistanais travaillant dans un dispensaire mobile au nord de Charsadda. « Les populations contractent notamment ces infections parce qu'elles vivent ensemble, à l'étroit, dans des conditions humides et non hygiéniques. D'autres maladies comme la diarrhée sont également très communes. »

Ce weekend, le district de Hangu, jusqu'alors épargné, a également été touché par des inondations soudaines. Les eaux ont affecté l'hôpital où MSF menait des activités chirurgicales et médicales (traitement de maladies diarrhéiques). Des maisons ont notamment été détruites et le camp des déplacés a subi des dégâts. MSF a immédiatement fourni du matériel au centre de santé local. Dimanche, l'équipe de l'organisation faisait état de quelques dizaines de familles sans abris et continuait à évaluer la situation après ces inondations soudaines.

Nouvelles provinces affectées

Des évaluations supplémentaires devraient être prochainement menées dans les zones les plus durement touchées, où l'on estime que des poches de populations sont restées isolées et n'ont encore reçu aucune aide. Mais les conditions météorologiques ont empêché MSF de mener des évaluations par hélicoptère ces derniers jours.

La situation dans les provinces du Pendjab et de Sind est très inquiétante. Les autorités ont organisé l'évacuation de centaines de milliers de personnes alors que les fortes pluies se sont abattues sur le pays ces derniers jours. Une équipe d'évaluation composée de cinq membres de MSF, dont deux médecins, a rejoint le district de Muzaffargarh, dans la province du Pendjab. Une autre équipe mène une évaluation des besoins à Kashmor, dans la province du Sind.

Un premier avion-cargo transportant 60 tonnes de médicaments, ainsi que du matériel logistique et d'assainissement de l'eau est arrivé au Pakistan. Cinquante tonnes d'aide matérielle supplémentaires devraient être envoyées dans les prochains jours.

Plus de 100 personnels internationaux travaillent actuellement au côté de 1 200 Pakistanais dans les programmes MSF du pays.

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