Ouest Kenya - Des équipes médicales mobiles

Site de déplacés de Mau Summit dans le district de Molo
Site de déplacés de Mau Summit, dans le district de Molo © Sergio Cecchini/MSF - 15 février 2008

La violence reste une réalité quotidienne pour les communautés isolées dans le district de Molo, dans l'ouest du pays.MSF y poursuit ses activités de soins, grâce à ses équipes médicales mobiles, afin d'accéder au plus grand nombre de personnes déplacées.

La violence reste une réalité quotidienne pour les communautés isolées dans le district de Molo, dans l'ouest du pays.
MSF y poursuit ses activités de soins, grâce à ses équipes médicales mobiles, afin d'accéder au plus grand nombre de personnes déplacées.

"La situation semble calme, explique Tina Varge, coordinatrice MSF, mais des actes de violence se produisent tous les jours". Aujourd'hui, Nakuru est la seule ville du Kenya où un couvre-feu est encore imposé de 19 heures à 6 heures du matin, preuve que la situation dans la région est loin d'être calme.

Selon les chiffres officiels, il existe environ 170 camps de personnes déplacées dans le sud de la vallée du Rift, dans l'ouest du Kenya. La plupart sont de petits sites accueillant quelques centaines de personnes.

Dans ce contexte, les activités médicales mobiles mises en place par MSF demeurent essentielles : elles permettent à la fois d'apporter une aide médicale à ceux qui ne peuvent se rendre dans les centres de santé ou les hôpitaux et, pour nos équipes, d'être présentes et mobiles dans une zone où la violence est une réalité quotidienne.

 

 

 

 


Des soins pour tous les déplacés
Total Junction, un grand carrefour entre la route d'Eldoret et celle de Kisumu, a été gravement touché par les violences. Plusieurs maisons et magasins ont été incendiés et détruits et la ville est presque déserte. Sur la route entre Molo et Total Junction, la méthode utilisée pour pousser les gens à fuir de chez eux consiste à les menacer, les frapper et à voler les toits de tôle recouvrant leur maison.

Les gens doivent voir que nous intervenons auprès de tout le monde sans discrimination
Elena Velilla, chef de mission

Deux fois par semaine, les équipes mobiles MSF apportent une aide médicale aux déplacés vivant dans deux camps proches de Total Junction. Appartenant à des communautés différentes, les déplacés se sont installés dans les deux camps, en fonction de leur appartenance communautaire. « Nous apportons une assistance médicale à toutes les victimes de cette crise, indépendamment de leur appartenance à telle ou telle communauté, précise Elena Velilla, chef de mission de MSF. C'est ce que nous faisons dans les deux camps proches de Total Junction. Les gens doivent voir que nous intervenons auprès de tout le monde sans discrimination. »

La plupart des personnes vivant dans ces deux camps, l'un implanté près du poste de police de Mau Summit et l'autre à Ketigoi à quelques kilomètres de là, n'ont aucun moyen de contacter les personnes de leur communauté vivant dans d'autres zones et craignent de quitter le camp pour travailler. Elles n'osent pas non plus se rendre dans un hôpital ou un centre de santé parce qu'elles ont peur d'être soignées par du personnel médical appartenant à une autre communauté.

« Aujourd'hui nous avons vu un patient atteint du VIH/sida qui n'avait plus de traitement antirétroviral. Nous lui avons proposé de venir avec nous à l'hôpital de Molo pour chercher des médicaments. Il a refusé car il savait que la majorité du personnel à l'hôpital est d'une autre communauté. Nous avons dû y aller sans lui, prendre les médicaments et les lui rapporter », raconte Radka Onderkova, médecin à MSF en charge des cliniques mobiles dans le camp de personnes déplacées de Mau Summit.

Infections respiratoires et diarrhées
Dans les deux camps, environ 700 personnes déplacées vivent sous des bâches en plastique dans des conditions très rudimentaires. En une seule journée, l'équipe MSF de Radka a donné près de 450 consultations. Les pathologies les plus fréquentes sont des infections respiratoires et des diarrhées. A l'issue d'un dépistage de la malnutrition, l'équipe a enregistré trois enfants souffrant de malnutrition modérée et un enfant de malnutrition sévère.

Près du camp de Mau Summit se trouve un petit marché. Les produits vendus le plus couramment sont des chapati, des galettes de pain, ainsi que des tôles usagées et rouillées vendues au poids. Sur la route de retour vers Molo, on peut voir des dizaines de fermes abandonnées sans toit.

« Ils sont venus vers cinq heures de l'après-midi et nous ont dit que l'on devait partir, que la ferme ne nous appartenait plus. Ils nous ont donné deux jours pour partir, raconte Andrew, un homme de 31 ans qui vit avec sa famille dans le camp du poste de police de Mau. Nous avons ramassé le plus d'affaires que nous pouvions. Le lendemain, ils sont revenus armés de machettes et de bâtons et ils ont enlevé le toit. Nous n'avions pas d'autre choix que de partir. » Andrew vit avec ses deux enfants et sa femme sous une tente faite de bâches en plastique. Juste devant se trouvent le sommier en bois d'un lit double, un canapé et une bicyclette, les seules affaires qu'il ait pu emporter.

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