Nouvelles baisses de prix pour des médicaments de traitement du sida

La Fondation Clinton a annoncé le 8 mai un accord avec des compagnies
pharmaceutiques indiennes pour rendre disponibles 16 médicaments
anti-sida de nouvelle génération dans 66 pays en développement, à un
prix nettement moins élevé que celui proposé par leurs producteurs
occidentaux. Deux fabricants de génériques indiens, Cipla et Matrix,
vont donc produire des médicaments génériques utilisés pour les
traitements de première ligne et de seconde ligne.

Des médicaments de 27% à 53% moins chers
Dans le cas des traitements de première ligne, on trouve une combinaison à dose fixe, ténofovir (TDF), lamivudine (3TC) et efavirenz (EFV) donc facile à prendre, ayant moins d'effets secondaires que les combinaisons à dose fixe existant déjà et surtout moins chère que la combinaison sous brevet : proposée à 339 dollars par an elle coûtera 45% de moins que le prix actuellement offert dans les pays à faibles revenus. Pour les traitements de seconde ligne qui font partie de cet accord, la diminution de prix est de 27% par rapport aux prix proposés par les laboratoires dans les pays à faible revenu et 53% par rapport à celui pratiqué dans les pays à revenu intermédiaire, comme la Thaïlande et le Brésil.

Une compétition qui a bénéficié aux patients
« Cet accord est une bonne nouvelle, note Annick Hamel, coordinatrice de la Campagne d'Accès aux Médicaments Essentiels de MSF, pour plusieurs raisons. Nous avons besoin de nouvelles premières lignes de traitement, plus puissantes et plus efficaces. De plus, comme un grand nombre de patients sont sous tri-thérapie depuis de nombreuses années déjà, des résistances se développent et un nombre de plus en plus élevé de malades vont avoir besoin de secondes lignes de traitement, qui coûtent aujourd'hui jusqu'à 30 fois plus cher que ceux de première intention. Nous savons, par expérience, que c'est la compétition générée par l'arrivée des génériques sur le marché qui a permis de diminuer drastiquement le prix des premières lignes, passant de 10.000 dollars par patient et par an à environ 130 dollars aujourd'hui. Cette compétition est donc bénéfique pour les patients. De plus, ces médicaments génériques seront aux même prix pour tous, alors que les laboratoires ayant des médicaments de marque ont des politiques de prix différenciés selon les pays. »

Utiliser le mécanisme des licences obligatoires
Reste que ces médicaments génériques ne pourront être utilisés que dans les pays où les médicaments d'origine ne sont pas sous brevet. Dans le cas contraire, les pays qui souhaiteraient les obtenir devront utiliser les flexibilités accordées par les règles de l'OMC sur la propriété intellectuelle, notamment les licences obligatoires.

« Heureusement, nous assistons en ce moment à de très nettes avancées dans ce domaine, ajoute Annick Hamel, car la Thaïlande et le Brésil viennent d'émettre des licences obligatoires, la Thaïlande pour produire dans le pays des génériques du lopinavir/ritonavir (Kaletra) du laboratoire Abbott et le Brésil pour l'Efavirenz de Merck. Nous espérons ainsi que d'autres pays qui jusqu'ici ont eu peur de faire la même chose, par crainte de mesures de rétorsion, utiliseront les flexibilités pour disposer de ces nouveaux médicaments. »

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