Migrants : MSF porte assistance aux survivants d’un naufrage à Lampedusa

MSF intervient depuis 2002 à Lampedusa où elle apporte des soins médicaux aux migrants sans papiers et demandeurs d'asile.
MSF intervient depuis 2002 à Lampedusa où elle apporte des soins médicaux aux migrants sans papiers et demandeurs d'asile. © Christian Sinibaldi

A Lampedusa, MSF a pris en charge cinq survivants d'un naufrage au cours duquel 73 migrants auraient trouvé la mort. Cet épisode  tragique montre une fois de plus les risques encourus par ces migrants et demandeurs d'asile qui traversent la Méditerannée pour trouver refuge en Europe.

Cinq survivants ont pu atteindre les côtes de l' île italienne de Lampedusa la semaine dernière à bord d' une embarcation. Soixante-treize migrants sans papiers seraient morts noyés au cours du voyage.

Médecins Sans Frontières a immédiatement porté secours aux survivants, parmi lesquels des hommes et des femmes, souffrant tous de sérieux problèmes de santé dus à leur voyage pour atteindre l'Italie.

« Ils étaient en état de choc », raconte Licia Pera, une infirmière MSF qui les a assistés à leur arrivée.

« Ils étaient incapables de marcher car leurs membres étaient ankylosés. Ils souffraient également de brûlures sur certaines parties de leur corps et se plaignaient de douleurs abdominales. Ils avaient un besoin urgent de soins médicaux. »

Les conséquences médicales d'un voyage aussi long et éprouvant exigent une assistance immédiate pour ces migrants, sur le lieu de leur débarquement.



Les transporter ailleurs avant de leur procurer ces soins indispensables aurait des conséquences graves sur leur état de santé.

Le bateau a quitté les côtes libyennes à la fin du mois de juillet mais peu de jours après, l'embarcation a perdu son chemin et s'est trouvée à court de carburant, d'eau et de nourriture. Les migrants ont ainsi dérivé pendant plusieurs jours et ont finalement été secourus et amenés à Lampedusa, où travaille une équipe de MSF.

Selon les cinq survivants, tous les autres passagers seraient morts au cours du voyage. Les rescapés ont également raconté à nos équipes que deux femmes enceintes auraient accouché avant de décéder.

L'année dernière, quelque 30 000 migrants et demandeurs d'asile ont débarqué à Lampedusa. En octobre, alors que MSF était contrainte de quitter l'île, l'équipe avait soigné près de 1500 migrants. En revanche, cette année, leur nombre a été sensiblement bas.

Depuis le retour de MSF à Lampedusa en avril 2009, moins de 150 migrants ont été recensés par MSF peu après leur arrivée.
Le nombre peu élevé de débarquements cette année est préoccupant et MSF s'inquiète du sort des migrants qui ne parviennent pas à atteindre l'Italie.

Ce dernier épisode survenu à Lampedusa montre à quel point ces voyages sont dangereux et peuvent être tragiques. Autre source d'inquiétude, la stratégie annoncée par le gouvernement italien selon laquelle les bateaux chargés de migrants doivent être reconduits vers la Libye sans pouvoir débarquer et recevoir des soins médicaux ni formuler des demandes d'asile.

Nos patients à Lampedusa et à Malte rapportent qu'en Libye ils seraient soumis à des conditions de vie extrêmement difficiles et à des traitements inhumains.

Les migrants sans papiers ou demandeurs d'asile qui tentent la traversée de la mer Méditerranée pour atteindre les côtes européennes fuient des conflits, des violations des droits de l'Homme et une extrême pauvreté. En 2008, un tiers des migrants et demandeurs d'asile arrivés à Lampedusa venaient de la Corne de l'Afrique.

MSF qui travaille dans plusieurs des pays d'origine de ces migrants, est témoin des conditions qui les poussent à traverser le désert et la Méditerranée pour trouver refuge et sécurité en Europe. Les politiques d'immigration de plus en plus restrictives dans les pays européens contraignent les migrants et demandeurs d'asile à des périples toujours plus dangereux au péril de leurs vies.


MSF fournit des soins médicaux d'urgence aux migrants sans papiers et demandeurs d'asile à Lampedusa depuis 2002. En octobre 2008, MSF a été contrainte de quitter l'île après que les autorités italiennes aient refusé de renouveler notre autorisation de travail. MSF a pu retourner à Lampedusa en avril 2009.

 

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