Maladie de Chagas : sortir les patients de l’oubli

MSF lance la campagne « Maladie de Chagas : rompre le silence ». Visitez le site www.chagas break the silence.com.
MSF lance la campagne « Maladie de Chagas : rompre le silence ». Visitez le site www.chagas-break-the-silence.com.

MSF appelle les pays où la maladie de Chagas est endémique à développer les traitements et les outils diagnostiques pour lutter efficacement contre une des maladies les plus négligées au monde.

Cent ans après la découverte de la maladie de Chagas,  MSF lance la campagne « Maladie de Chagas : rompre le silence » et un site web dédié : www.chagas-break-the-silence.com (en anglais et en espagnol).

MSF demande aux gouvernements des pays où la maladie de Chagas est endémique de cesser de négliger les personnes affectées. Le diagnostic et la prise en charge des personnes affectées sont essentiels dans le traitement de la maladie, et lutter uniquement contre le vecteur reste insuffisant.

MSF réclame plus de recherche et de développement pour de nouveaux médicaments, des tests diagnostiques rapides à utiliser et ce, même dans les endroits isolés, ainsi que de meilleurs tests de guérison.

La maladie est endémique dans plusieurs pays d'Amérique latine, mais avec les flux migratoires dans le monde, de plus en plus de cas sont signalés aux États-Unis, en Europe, en Australie et au Japon.

La maladie de Chagas peut être mortelle, or jusqu'à présent les gouvernements ont mis l'accent sur la prévention et la lutte contre le vecteur plutôt que sur le traitement des patients. L'intégration de soins contre la maladie de Chagas dans les structures de santé primaires améliorerait l'accès des patients au traitement.

La maladie de Chagas est causée par le parasite Trypanosoma cruzi. Dans la plupart des pays d'Amérique latine, la maladie est transmise par un vecteur, le triatome, bien que la transmission soit aussi possible de la mère à l'enfant, par une transfusion sanguine, une greffe d'organes ou par des aliments contaminés.

Les patients atteints de la maladie de Chagas peuvent être asymptomatiques pendant des années mais, au cours de la phase chronique de la maladie, un tiers d'entre eux développe de graves problèmes de santé (principalement des complications cardiaques et intestinales) qui peuvent s'avérer mortels.

« Un des principaux problèmes que nous rencontrons est que pendant des années les patients n'ont aucun symptôme, ignorent qu'ils sont malades et ne reçoivent donc aucun traitement. La détection active des cas est essentielle pour trouver et traiter les personnes touchées », explique Nines Lima, médecin MSF.

Plus on détecte la maladie tôt, plus le traitement est efficace. Les deux seuls médicaments existants (le benznidazole et le nifurtimox) ont été mis au point il y a plus de 35 ans. Bien que ces médicaments soient très efficaces pour les nouveaux-nés et les enfants allaités, seuls 60 à 70 % des adolescents et des adultes sont traités avec succès. Plus les patients sont âgés, plus ils sont susceptibles de subir les effets secondaires associés aux médicaments.

« Les médecins ne traitent pas les enfants, et encore moins les adultes, par crainte des effets secondaires. Nous démontrons que ces effets sont gérables dans les deux cas. Laisser des patients sans traitement n'est plus acceptable du point de vue éthique », déclare Tom Ellman, médecin et chef de mission pour MSF en Bolivie.

Chaque année, la maladie de Chagas tue 14 000 personnes, et on estime que 10 à 15 millions de personnes en sont atteintes.

Pour MSF il est urgent de mettre au point de meilleurs médicaments pour soigner la maladie de Chagas. Principalement liée à la pauvreté, cette maladie a longtemps été absente des programmes politiques et de la recherche et développement pendant des années.

Une étude récente réalisée par le Global Funding of Innovation for Neglected Diseases a révélé qu'en 2007 seulement 11,5 millions de dollars ont été dépensés en recherche et développement pour la maladie de Chagas.

La recherche et le développement doivent être stimulés afin de développer de nouveaux tests diagnostiques rapides, de meilleurs médicaments et de nouveaux tests de guérison.

« Le manque d'incitatifs commerciaux a poussé la maladie de Chagas dans l'oubli. De nouvelles façons de stimuler la recherche et le développement et de meilleurs outils pour prendre soin des patients doivent être trouvés », déclare Gemma Ortiz, responsable de la campagne MSF sur la maladie de Chagas.

Depuis 1999, MSF a mis en place des projets sur la maladie de Chagas. MSF travaille actuellement dans trois régions suburbaines de Cochabamba en Bolivie, pays où la prévalence de la maladie est la plus élevée.

MSF travaille avec le ministère de la Santé bolivien dans cinq centres de santé, où des enfants et des adultes sont diagnostiqués et soignés.

L'organisation met actuellement sur pied un nouveau projet de prise en charge de la maladie de Chagas dans les zones rurales de Cochabamba, où le vecteur est très répandu.

À la fin 2008, MSF avait proposé un dépistage de la maladie à plus de 60 000 personnes et soigné 3 100 patients. Parmi eux, 2 800 ont terminé leur traitement avec succès. Ainsi, même si les moyens actuels ne sont pas idéaux, le diagnostic et le traitement de la maladie de Chagas dans des régions éloignées où le nombre de ressources est limité sont possibles.

 

Pour participer à la campagne de MSF « Maladie de Chagas : rompre le silence », visitez le site www.chagas-break-the-silence.com

 

 

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