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Le paludisme, principal problème de santé publique en République centrafricaine

En Centrafrique le paludisme constitue la première cause de mortalité chez les enfants.
En Centrafrique le paludisme constitue la première cause de mortalité chez les enfants. © MSF

A l'occasion de la Journée mondiale de lutte contre le paludisme, MSF rappelle que cette maladie constitue le principal problème de santé publique en République centrafricaine (RCA) et la première cause de mortalité chez les enfants. En RCA, le paludisme est une maladie endémique, ce qui signifie que chaque habitant du pays est infecté au moins une fois par an.

Le paludisme est de loin la première cause de morbidité constatée dans les installations de soins externes de MSF. En 2011, MSF a soigné plus de 212 000 personnes souffrant du paludisme.  

Les données de MSF indiquent un nombre de cas élevé pendant toute l’année, avec un pic important pendant les mois de juillet et août chaque année (appelé « pic palu »). À Paoua par exemple, dans le nord ouest du pays, le nombre moyen d’admissions pédiatriques est de 220 par mois. Pendant le pic palu, ce nombre s’accroît en moyenne de 55 %, soit 338 admissions par mois.

Le paludisme est également à l’origine d’un grand nombre de décès : dans les hôpitaux, il est la première cause de mortalité des patients admis.  À l’échelle du pays, sur les 1 997 décès enregistrés en 2009, 670 étaient dus à un paludisme sévère et 330 à une anémie (très probablement causée par le paludisme). Ces deux causes étaient donc à l’origine de la moitié des décès survenus en 2009. La proportion était encore plus élevée chez les moins de cinq ans : sur les 1 375 décès à l’hôpital parmi ce groupe d’âge, 544 étaient dus au paludisme, contre 270 à l’anémie (soit 59,2 % les deux combinés). 

Cela concorde avec l’expérience de MSF : à l’hôpital de Boguila par exemple, sur les 67 décès d’enfants de moins de cinq ans hospitalisés, 33 étaient dus au paludisme (soit 49 %). Cette maladie est donc de loin la première cause de mortalité infantile. 

Une maladie très insuffisamment diagnostiquée et traitée

Les cas de paludisme sont très insuffisamment déclarés et soignés : seuls environ 6,4 % des cas attendus sont détectés et soignés. C’est pourquoi les défis à relever concernent principalement l’extension de l’accès au diagnostic et au traitement via la décentralisation des soins vers les structures de santé primaire et les travailleurs médicaux communautaires, mais aussi via la mise à disposition ininterrompue de combinaisons thérapeutiques à base d’artémisinine (ACT, Artemisinin-based Combination Therapy) et de tests de diagnostic rapide dans les centres de santé.

La RCA a mis en place une politique de gratuité du traitement du paludisme pour les enfants de moins de cinq ans, mais le système ne fonctionne pas. Le pays est gangréné par les pénuries de médicaments essentiels, les contraintes logistiques et les mesures dissuasives. L’accès gratuit aux soins est donc loin d’être une réalité.

La portée et l’efficacité des programmes de distribution de moustiquaires à long terme doivent également être améliorées : même si un grand nombre de moustiquaires est censé avoir été distribué ces dernières années, cela ne semble pas avoir réduit la transmission de la maladie de manière significative.

D’autres options de prévention et de traitement efficaces devraient également être envisagées : l’introduction d’un traitement de prévention épisodique pour les nourrissons et la mise sous traitement à base d’artesunate des cas sévères de paludisme en milieu hospitalier. 

Interview de Jeff Mutombo, coordinateur médical pour MSF en RCA

Nos équipes à Kabo et Batangafo observent une augmentation significative des cas de paludisme cette année. Pourrais-tu nous expliquer comment le conflit dans cette région du nord du pays contribue à cette augmentation?
Le conflit dans cette région entraîne des déplacements des populations dont les villages ont été brûlés et pillés à plusieurs reprises. Autour de nos projets de Kabo et Batangafo nous avons à ce jour près de 12 000 personnes déplacées. Ces populations se retrouvent sans abris et n’ont aucun moyen de se protéger contre les piqures de moustiques. C’est ce qui explique l’augmentation des cas de paludisme.

Est-ce que ces populations ont un accès au diagnostic et au traitement de la maladie?
Lorsque des violences surviennent, les populations, qui craignent l’insécurité sur les routes, ont d’abord tendance à se cacher en brousse avant de trouver refuge dans un village. Mais une fois installés, les gens dans cette région ont accès au diagnostic et au traitement au sein de nos différentes structures de santé (poste de santé ou hôpital). Nos équipes organisent également  des cliniques mobiles pour atteindre les populations dans les zones isolées.

Ces populations disposent-elles de moyens de prévention tels que des moustiquaires pour se protéger?
Les violences sont la plupart du temps accompagnées de pillages au cours desquels les villages ou campements sont totalement brûlés et les habitants perdent alors tous leurs biens, moustiquaires comprises.

Aujourd’hui nos équipes observent dans l'hôpital MSF une augmentation des formes sévères de paludisme. Est-ce en raison du conflit et du manque d’accès aux soins pour les populations?
Oui, effectivement car cette population n’étant pas protégée et ayant passé plusieurs jours en brousse arrive à l’hôpital avec une forme sévère de paludisme. Cela s’explique aussi par le délai entre le début de la maladie et le moment de la consultation car cette population ne peut pas se déplacer facilement en raison de l’insécurité sur les routes.

Quelle est la réponse apportée par MSF?
MSF continue d’offrir les soins dans ses différentes structures, mais aussi à travers les cliniques mobiles. Nous nous appuyons aussi sur les agents de santé communautaires qui sensibilisent les communautés et référent tous les cas suspects vers nos différentes structures. Pour les populations déplacées nous assurons la distribution des biens de première nécessité dans lesquels sont inclus des moustiquaires.

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