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Kenya - Sida : une maladie déclarée catastrophe nationale par le gouvernement

Médecins Sans Frontières a lancé un programme de traitement des malades du sida par antirétroviraux (ARV) à la Blue House, une structure de santé qui accueille des patients dans le bidonville de Matharé, à Nairobi. Le premier patient a commencé son traitement le 25 avril 2003. Ce programme de Matharé est le second programme de MSF au Kenya traitant des patients par ARV.

Le premier programme initié en 2001 à Homa Bay, au bord du lac Victoria, traite aujourd'hui plus de 700 patients.

Le témoignage de Pamela

Pamela vit à Mathare, un des bidonvilles de Nairobi. Séropositive, elle suit depuis le 28 avril 2003 un traitement par antirétroviraux (ARV) à la Blue House, programme mis en place par MSF.

Pamela est séropositive, et n'a pas peur de le dire. Cette habitante de Matharé, un des plus grands bidonvilles de Nairobi, n'a rien perdu de sa combativité malgré la maladie. Son vernis à ongle, d'un rouge intense et parfaitement appliqué, contraste fortement avec son corps frêle : un signe de son esprit lutteur. Pour Pamela, son franc-parler est un élément crucial pour faire face à sa maladie et provoquer une réaction kenyane face à ce qu'elle appelle un "désastre". "Il faut parler, il faut dire la vérité, pour que les Kenyans puissent reconnaître ce désastre, pour qu'ils aient peur du sida."

Pamela a découvert qu'elle était atteinte par le VIH en 1995, à l'occasion d'un test réalisé suite à une succession de maladies. Par peur d'être rejetée par ses proches, elle a gardé sa séropositivité secrète pendant sept ans. Lorsqu'elle l'a finalement annoncé à sa famille, son mari, père de ses deux enfants, s'est aussitôt enfui. Et toute la famille de cet homme a tourné le dos à Pamela. Heureusement, la mère et la soeur de Pamela ont répondu d'une manière plus positive. Aujourd'hui, sa mère vend du maïs pour soutenir financièrement Pamela et ses enfants. Et pendant les phases difficiles de la maladie, quand Pamela redevient, selon ses propres termes, "juste comme un bébé", c'est encore sa mère qui la prend en charge.

La blessure du départ de son mari ne s'est toujours pas refermée. "Les femmes sidéennes au Kenya ont été jetées", dénonce Pamela avec colère. Une expérience amère qui a poussé Pamela à s'engager dans des associations de personnes contraintes de vivre avec le virus du sida. Elle milite au sein du WOFAK (Femmes contre le sida au Kenya), un groupe dont elle reçoit beaucoup de soutien.

L'urgence, pour Pamela, est d'accéder aux traitements qui peuvent renforcer son système immunitaire. "Des médicaments, je ne demande que des médicaments... Si on me donne des ARV (antirétroviraux), je suis sûre que ma vie continuera. Mes enfants ont besoin de moi", insiste Pamela. Une de ses amies, qui a réussi à obtenir un traitement par ARV, est aujourd'hui "très grasse". Pamela aussi a demandé à suivre un traitement par ARV. Mais elle n'avait pas les 3000 shillings kenyans par mois (environ 40 euros) que lui réclamait l'hôpital public. En attendant de pouvoir bénéficier d'un traitement, Pamela a donc suivi à la lettre les instructions des conseillers, respecté du mieux qu'elle le pouvait un régime alimentaire équilibré et pris soigneusement ses médicaments contre les infections opportunistes qui l'assaillaient. Mais seuls des antirétroviraux pourraient réellement faire reculer sa maladie.

"Comment peut-on se procurer ces médicaments ?", s'interroge Pamela. "Ceux qui possèdent ces médicaments doivent nous les apporter. Le gouvernement doit intervenir et faire quelque chose !"

Le 28 avril 2003, Pamela a commencé un traitement par ARV à la Blue House, dans Matharé. Elle fait partie des tout premiers patients pris en charge par ce programme de MSF.

LE SIDA AU KENYA

Déclarée catastrophe nationale en 1999, l'épidémie toucherait aujourd'hui 2,2 millions de personnes - soit 13 % de la population. Environ 10 000 personnes bénéficient de traitements par ARV au Kenya, essentiellement dans des structures privées, où les médicaments sont payants.

ENJEUX

Au mois d'avril dernier, MSF a organisé un colloque sur le Sida à Nairobi. Cette manifestation a réuni des membres du gouvernement kenyan, des chercheurs, des médecins, l'Organisation Mondiale de la Santé (OMS), diverses ONG médicales, des acteurs privés et des représentants des personnes vivant avec le sida. Différents programmes de prise en charge médicale spécialisée y ont été présentés : une opportunité pour tous les acteurs concernés d'échanger leur expertise et d'élaborer des réponses concrètes à l'urgence de soigner.

Lors de ce colloque, le gouvernement kenyan a annoncé qu'il s'engageait à traiter par antirétroviraux 20% des malades du sida nécessitant ce type de traitement, soit 40 000 personnes, d'ici 2005.

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