Kenya - Récits de réfugiés somaliens, un an plus tard

En mars 2010, MSF vous présentait les récits de quatre Somaliens réfugiés dans le camp de Dadaab, de l\'autre côté de la frontière kenyanne. Un an après, écoutez Mohamed, Omar, Hindya et Hawa raconter leur histoire et leurs conditions de vie, qui n\'ont que peu évolué.

Des réfugiés somaliens fuyant les combats dans leur pays continuent à affluer à Dadaab, de l'autre côté de la frontière avec le Kenya. Les trois grands camps de réfugiés qui s'y trouvent débordant déjà, ils ne peuvent les accueillir. Les nouveaux arrivants n'ont donc pas d'autre choix que de construire des abris de fortune dans le désert à l'extérieur des camps. MSF les aide en leur fournissant des matériaux pour construire ces abris et en leur offrant des soins médicaux essentiels alors qu'ils attendent un endroit mieux adapté pour s'installer.

Dadaab, Kenya, un an plus tard

Cliquez pour écouter les récits de quatre réfugiés somaliens vivant dans le camp de Daghaley, au Kenya

 

Jahara Ahmed Abdi, 35 ans, a traversé il y a peu la frontière kenyanne avec son mari et trois de ses enfants, cherchant désespérément un endroit sûr, loin de la violence qui déchire son pays. La famille vivait dans la capitale somalienne, Mogadiscio, mais lorsque le fils de Jahara âgé de huit ans a été tué dans un bombardement, elle a compris qu'il était trop dangereux de rester. Ils ont payé 150 dollars - environ la moitié du revenu annuel moyen d'une famille somalienne - pour être transportés de l'autre côté de la frontière. Ils se retrouvent maintenant dans le désert près du camp de réfugiés de Dagahaley.

Dagahaley est l'un des trois camps de réfugiés se trouvant à Dadaab, dans le nord-est du Kenya. Ces camps ont été établis en 1992 pour accueillir des réfugiés somaliens un an après que le pays se soit enfoncé dans la guerre civile. Prévu à l'origine pour 90 000 personnes, Dagahaley en compte aujourd'hui près de 300 000.

« Chaque semaine nous recevons de 1 400 à 1 500 nouveaux arrivants de Somalie, submergeant le camp, ce qui entraine un manque d'espace et beaucoup de difficultés supplémentaires pour ceux vivant déjà ici », déclare Mohammad Daoud, coordinateur terrain de MSF à Dagahaley. MSF travaille dans ce camp depuis 2009, gérant un hôpital de 110 lits et quatre postes de santé.

En l'absence de toute perspective de fin des combats en Somalie, Daoud prédit que bien plus de réfugiés vont encore arriver. Après avoir parcouru de longues distances, souvent à pied, les réfugiés sont épuisés et souffrent de nombreux problèmes de santé. Les besoins médicaux sont considérables à Dagahaley. alors que l'hôpital et les postes de santé de MSF sont déjà submergés. A l'heure actuelle 600 patients sont admis chaque mois à l'hôpital, l'équipe procédant également à quelques 10 000 consultations ambulatoires en moyenne.

Les nouveaux arrivants doivent trouver un endroit pour s'installer hors des limites du camp de Dagahaley, lequel déborde. Lorsque Jahara et sa famille sont arrivés à la fin du mois d'octobre 2010, d'autres réfugiés les ont aidés à construire une hutte pour y vivre. MSF leur a donné des bâches en plastique pour qu'ils soient quelque peu protégés lors des pluies à venir. Il n'y a pas de latrines et rien d'autre que la brousse sans fin derrière leur hutte. Ils n'ont pas encore reçu de rations alimentaires des autorités et comptent sur leurs voisins pour partager le peu de nourriture qu'ils ont.

Quelques 5 000 personnes vivent dans des campements provisoires à l'extérieur de Dagahaley. Environ 700 familles sont arrivées entre août et novembre 2010, toutes vivant actuellement dans des conditions précaires. La région étant fréquemment inondée, lorsque les premières pluies sont arrivées début novembre, le campement provisoire a été submergé. De nombreuses familles ont perdu toutes leurs réserves alimentaires et le peu de biens qu'elles possédaient.

La saison des pluies devrait durer jusqu'en janvier. La santé des personnes vivant dans ces conditions difficiles et sans abri convenable, ne peut que se détériorer. L'eau stagnante entraine des risques d'infections et de diarrhée, et les enfants risquent de souffrir d'infections des voies respiratoires. L'équipe MSF est disponible 24 heures sur 24 pour s'occuper des problèmes de santé des nouveaux arrivants comme Jahara.

« Nous procédons généralement à un examen médical, nous les vaccinons et les amenons à l'hôpital si nécessaire », indique Mohammad Daoud.

Depuis les inondations de novembre, lorsque les pluies ont commencé, la situation des familles vivant à l'extérieur du camp de Dagahaley s'est légèrement améliorée. Chaque famille a un abri et de l'eau propre a été mise à leur disposition dans quelques endroits du campement. Cependant, il n'y a toujours pas de latrines. Les gens attendent d'être relocalisés dans un nouveau camp, mais il est peu probable que cela ne se fasse avant janvier au plus tôt. En novembre, MSF a demandé publiquement aux autorités kenyanes et aux organisations d'aide de déplacer immédiatement les réfugiés vers des abris appropriés. Jusqu'à ce que cela se produise, les familles attendent et les réfugiés continuent à affluer.

 

>> Accéder au mini-site racontant la situation de ces réfugiés somaliens

 

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