Inondations en Inde – Des populations démunies de tout

Camp de déplacés dans la région de Chuni durement touchée par les inondations survenues le mois dernier dans l'Etat du Bihar.
Camp de déplacés dans la région de Chuni, durement touchée par les inondations survenues le mois dernier dans l'Etat du Bihar. © Veronique Terasse/MSF

Le docteur Binod Kumar fait partie de la première équipe MSF à être intervenue auprès des victimes des inondations survenues dans l'Etat du Bihar le mois dernier. Il fait le point sur la situation des populations sinistrées qui ont trouvé refuge dans des camps mis en place par les autorités.

Quels sont les principaux besoins médicaux que vous avez identifiés dans les camps?
Nous concentrons nos activités médicales sur les femmes enceintes ou qui allaitent et les enfants de moins de 5 ans.

Nous voyons beaucoup de cas de patients souffrant de malnutrition sévère ou aiguë, de diarrhées, d'infections respiratoires et de dermatoses, et autres problèmes liés à l'eau contaminée, à la promiscuité et au manque d'hygiène.

Dans certaines zones, la diarrhée est désormais endémique. A Chuni ou Sarsakla, par exemple, nous avons fait des prélèvements de l'eau et les puits utilisés par les populations se sont avérés contaminés.

Nous avons distribué des containers, des comprimés de purification de l'eau et mis en place des sessions de sensibilisation afin d'expliquer à la population la manière de les utiliser pour obtenir de l'eau potable.



Quel est l'état d'esprit général de la population?
Dans cette région de l'Etat du Bihar, les populations sont rurales et très pauvres. Aujourd'hui, elles ont tout perdu dans les inondations et s'inquiètent particulièrement du manque de nourriture.

Nous traitons systématiquement les personnes à risque de malnutrition avec des aliments thérapeutiques prêts à l'emploi. Dans les camps où nous intervenons, nous avons également distribué des bâches en plastique car ces populations sinistrées sont sans abris et dorment en plein air. Elles sont désespérées, disent n'avoir pas de vêtements, ni suffisamment de nourriture et ignorent combien de temps elles devront rester dans ces camps.

Les populations de l'Etat du Bihar, rural et très pauvre, ont tout perdu dans les inondations et s'inquiètent tout particulièrement du manque de nourriture.
Binod Kumar, médecin MSF

Quelle est la situation dans les camps?
Cela varie d'un camp à l'autre. Certains camps sont gérés par le gouvernement et plutôt bien organisés. Ailleurs, les gens se sont installés dans des lieux de refuge temporaires ou le long des routes, partout où ils ont pu trouver de la terre sèche. Ces camps de fortune se trouvent parfois loin des centres de santé ou négligés en raison de leur difficulté d'accès.

A Chuni, par exemple, plusieurs milliers de personnes ont été évacuées des zones inondées à bord des bateaux de l'armée. Comme les routes ont été détruites ou rendues impraticables par les inondations, ces personnes n'avaient reçu pratiquement aucune aide à l'exception de quelques paquets d'aide alimentaire largués par avion.

Nous avons dû utiliser un tracteur pour leur distribuer des biens de première nécessité. En raison du mauvais état des routes, l'opération a été difficile et a nécessité beaucoup de temps. Mais nous sommes parvenus à couvrir les besoins du camp et chaque personne déplacée a reçu une bâche en plastique, du savon, des containers, et des comprimés de purification de l'eau. Nous continuons de mener des consultations médicales régulièrement, grâce à nos dispensaires mobiles.

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