Haïti : MSF appelle tous les acteurs armés de Port-au-Prince à respecter la sécurité des civils et à permettre l’accès immédiat aux soins médicaux d’urgence

Face à l'intensification et la propagation de la violence à Port-au-Prince, la capitale d'Haïti, Médecins Sans Frontières (MSF) appelle aujourd'hui tous les acteurs armés de la ville à respecter la sécurité des populations civiles et à permettre un accès immédiat aux soins médicaux d'urgence aux personnes blessées lors de combats.

Depuis l'ouverture du centre de traumatologie fin décembre 2004, les équipes médicales et chirurgicales de MSF ont traité plus que 3 100 patients dont 1 112 – ­soit plus d'un tiers – suite à des blessures de guerre, dont 861 plaies par balles, 126 blessures par armes blanches ou machettes, 67 bastonnades et 40 cas de viols. La moitié de ces patients sont des femmes, des enfants ou des personnes âgées.

"La population civile continue d'être la principale victime de l'augmentation de la violence à Port-au-Prince au cours des dernières semaines", affirme Ali Besnaci, chef de mission de MSF en Haïti. "Nous soignons pour des plaies par balles des enfants qui ont à peine 4 ans et des femmes de plus de soixante ans. Récemment, nous avons reçu, en une seule journée, près de 30 victimes de plaies par balle. Et nous savons que de nombreux blessés ont peur de se déplacer ou sont empêchés d'avoir accès aux soins. Certains d'entre eux arrivent plusieurs jours après avoir été blessés. Cela est tout simplement inacceptable."

Les populations sont blessées ou tuées par balles, de manière délibérée ou non, par tous les acteurs armés qui s'affrontent dans les "quartiers populaires", les bidonvilles de Port-au-Prince proches du bord de mer. Certains disent avoir été blessés pendant des opérations conduites par la police nationale haïtienne et la Minustha, la Mission des Nations unies pour la stabilisation en Haïti.

"Le nombre de blessés par balles que nous soignons est en train d'augmenter très rapidement, explique Ali Besnaci. De plus en plus de patients souffrent de plaies multiples causées par des balles explosives. Dans de nombreux endroits de Port-au-Prince, les civils ont beaucoup de mal à survivre. Ils ont peur de quitter leur maison parce que cela peut leur coûter la vie. Tous les jours, les habitants de la ville nous disent qu'ils n'ont jamais connu un tel niveau de violence".

En décembre 2004, MSF a ouvert un centre de traumatologie d'une capacité de 56 lits dans l'hôpital St Joseph de Port-au-Prince afin de fournir gratuitement des services médicaux et chirurgicaux d'urgence au nombre sans cesse grandissant de personnes victimes de la violence et n'ayant pas ou peu accès aux soins. MSF offre aussi de la physiothérapie post-chirurgicale dans un centre de réhabilitation proche.

MSF est présent en Haïti depuis 1991, principalement dans les villes de province ou en réponse à des catastrophes naturelles. MSF propose aujourd'hui des services de santé primaires à Petite Rivière, dans le département d'Artibonite, et dans la zone de Decayette à Port-au-Prince.

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