Faute d'un test de dépistage efficace, plus de la moitié des malades ne sont pas soignés
8 avril 2008
- mis à jour le 4 juillet 2011
Sans un test de dépistage rapide et simple d'utilisation pour la
tuberculose, le personnel soignant dans les pays en développement va
continuer de passer à côté de près de la moitié des malades. Pour
Médecins Sans Frontières, cela mine tous les efforts de prise en charge
du plus grand nombre de malades possible.
"Je n'en peux plus de voir mes patients mourir de la tuberculose,
explique le docteur Martha Bedelu, médecin MSF en Afrique du sud. J'ai
l'impression de pratiquer la médecine avec les deux mains attachées
dans le dos. Et comme je dois utiliser un test diagnostique du 19ème
siècle qui donne un résultat erroné dans plus de la moitié des cas,
c'est comme si j'avais aussi les yeux bandés".
Un test diagnostique obsolète
Le diagnostic de la tuberculose dans les pays en développement repose
sur l'examen microscopique des crachats, une méthode mise au point il y
a 123 ans. Ce test ne permet de détecter le bacille de la tuberculose
que chez 45 à 60% des malades. Et il est encore moins efficace pour les
patients co-infectés par le sida, soit 30% des 40 millions de
séropositifs. "A l'heure de la pandémie de sida, quand on sait que la
tuberculose est la première cause de mortalité chez les personnes
infectées par le VIH, c'est intenable, s'alarme Martha Bedelu. Autre
lacune de ce test, il ne marche pas chez les enfants."
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Examen au microscope
Le diagnostic de la tuberculose dans les pays en développement repose
sur l'examen microscopique des crachats, une méthode mise au point il y
a 123 ans. Ce test ne permet de détecter le bacille de la tuberculose
que chez 45 à 60% des malades.
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Près de 9 millions de personnes développent la tuberculose chaque
année. La grande majorité d'entre elles vivent dans les pays en
développement où surviennent 99% des décès et où se trouvent 90% des
personnes infectées par le virus du sida. Et pourtant, la plupart des
tentatives actuelles pour mettre au point un nouveau diagnostic se
concentrent sur les marchés plus lucratifs que représentent les pays
occidentaux.
A MSF, nous participons au développement de nouveaux outils diagnostiques en évaluant si leur utilisation est possible ou non dans nos programmes. "Il nous faut un test diagnostique comparable à celui que nos équipes utilisent aujourd'hui pour le paludisme : un test simple à utiliser, qui donne rapidement le résultat et peut être utilisé par n'importe quel technicien de laboratoire ou personnel soignant, sans avoir besoin d'un laboratoire. Mais nous craignons que les recherches actuelles ne s'orientent pas vers cela", déplore le docteur Francine Matthys, de la Campagne d'accès aux médicaments essentiels de MSF.
A MSF, nous participons au développement de nouveaux outils diagnostiques en évaluant si leur utilisation est possible ou non dans nos programmes. "Il nous faut un test diagnostique comparable à celui que nos équipes utilisent aujourd'hui pour le paludisme : un test simple à utiliser, qui donne rapidement le résultat et peut être utilisé par n'importe quel technicien de laboratoire ou personnel soignant, sans avoir besoin d'un laboratoire. Mais nous craignons que les recherches actuelles ne s'orientent pas vers cela", déplore le docteur Francine Matthys, de la Campagne d'accès aux médicaments essentiels de MSF.
Pour une recherche adaptée aux besoins des pays pauvres
"La recherche doit se pencher sur l'exploration de nouvelles méthodes
diagnostiques, ajoute le Dr Matthys. Il est nécessaire de soutenir la
recherche et le développement visant à simplifier et réduire le coût
des diagnostics existants, mais aussi de travailler sur des méthodes
plus rapides, plus simples, mieux adaptées à des contextes précaires."
Nos équipes travaillent étroitement avec des experts dans cet objectif.
MSF renforce ses équipements de laboratoire, en développant les moyens de microscopie, en introduisant une méthode diagnostique et de suivi des traitements basée sur la culture du bacille de la tuberculose, les antibiogrammes (pour détecter les éventuelles résistances) ainsi que l'utilisation de radiologie et la formation du personnel. "Mais plus longue sera la mise au point d'un outil réellement utile et simple d'utilisation, plus grand sera le nombre de malades qui mourront sans soins", conclut Francine Matthys.
MSF renforce ses équipements de laboratoire, en développant les moyens de microscopie, en introduisant une méthode diagnostique et de suivi des traitements basée sur la culture du bacille de la tuberculose, les antibiogrammes (pour détecter les éventuelles résistances) ainsi que l'utilisation de radiologie et la formation du personnel. "Mais plus longue sera la mise au point d'un outil réellement utile et simple d'utilisation, plus grand sera le nombre de malades qui mourront sans soins", conclut Francine Matthys.
Photo de Une: © Alexander Glyadelov