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Des progrès contre la malnutrition aiguë au Niger ?

Niger août 2007. Une mère et sa fille emportant chez elles des boîtes d'aliments thérapeutiques prêts à l'emploi.
Niger, août 2007. Une mère et sa fille emportant chez elles des boîtes d'aliments thérapeutiques prêts à l'emploi. © Michael Goldfarb/MSF

En 2006, en prenant en charge tous les enfants souffrant de
malnutrition aiguë, sévère comme modérée, avec du Plumpy'nut, MSF a
obtenu de bons résultats. Mais au Niger, même si la mobilisation autour
de la malnutrition à progressé, la réponse reste insatisfaisante. En
2007, nous allons tester une nouvelle stratégie en distribuant, pendant
la période de soudure, un produit nutritionnel adapté pour tous les
enfants de moins de 3 ans. Les explications d'Isabelle Defourny,
responsable de programme adjointe.

Comment la situation nutritionnelle évolue-t-elle au Niger ?
En 2006, plus de 400 000 enfants souffrant de malnutrition aiguë ont été admis dans différents centres nutritionnels au Niger, selon les chiffres de l'UNICEF. Dans les 2 districts où nous travaillons, nous estimons que 50% des enfants de moins de 3 ans sont tombés à un moment ou un autre de l'année dans la malnutrition aiguë.
Je ne pense donc pas qu'on puisse parler de "nette amélioration", contrairement à ce qu'affirment les résultats préliminaires d'une enquête nationale menée par le gouvernement du Niger, l'UNICEF et le Programme Alimentaire Mondial (PAM).

En revanche, c'est vrai que la mobilisation des différents acteurs autour de la malnutrition a progressé. Pour la première fois depuis de nombreuses années, les enfants souffrant de malnutrition aiguë ont eu accès à des centres de traitement. Cependant, nous pouvons encore sérieusement nous poser la question de l'impact de ces interventions, au niveau national.

La prise en charge des enfants souffrant de malnutrition aiguë est-elle satisfaisante ?

Aujourd'hui, les enfants atteints de malnutrition aiguë sévère sont traités avec des aliments thérapeutiques prêts à l'emploi (ready-to-use therapeutic food, RUTF) comme le Plumpy'nut. Mais, hors du programme de MSF, ceux souffrant de malnutrition aiguë modérée sont pris en charge avec des farines enrichies, nettement moins efficaces. Or c'est dans ce groupe que survient le nombre le plus important de décès.

En 2006, MSF a pris en charge les cas de malnutrition aiguë modérée et de malnutrition aiguë sévère de la même manière, avec des RUTF. Les enfants sans complication médicale étaient admis dans notre programme ambulatoire, avec un rendez-vous de suivi hebdomadaire, seuls les cas les plus graves étaient hospitalisés dans nos centres nutritionnels.
Cette expérience montre qu'utiliser les produits thérapeutiques prêts à l'emploi permet de soigner efficacement la malnutrition aiguë modérée et de réduire le nombre de cas sévères. Dans le district où nous travaillons, pour la première fois depuis 6 ans, nous n'avons pas assisté à un pic de malnutrition sévère pendant la période de soudure. Au contraire, tout au long de l'année, la malnutrition sévère a baissé. Jusqu'à présent, aucun autre acteur n'a pu mettre en évidence de tels résultats.


Quelle est la stratégie opérationnelle de MSF au Niger en 2007 ?

Notre objectif reste d'améliorer notre réponse à la malnutrition aiguë globale, mais nous changeons de méthode pour tenter de renforcer l'impact de notre intervention. Dans le district de Guidam Roumdji, la grande majorité des enfants perd du poids et une proportion élevée atteint le stade de malnutrition modérée pendant la période de soudure. Une fois par mois pendant cette période, nous allons donc distribuer pour tous les enfants de moins de 3 ans (soit 50.000 enfants) des pots de Plumpy'doz, une pâte de lait et d'arachide enrichie en vitamines et minéraux. Ce produit ressemble beaucoup au Plumpy'nut mais la composition en vitamines et micronutriments a été adaptée.
Par la distribution, nous donnons à la maman la capacité de nourrir son enfant avec une alimentation correcte, adaptée à leurs besoins nutritionnels spécifiques. Nous avons déjà vu, en 2005 et en 2006, que confier aux mères la responsabilité du traitement de la malnutrition aiguë non compliquée donne de bons résultats. Et ce n'est que lorsque l'enfant est malade ou malnutris sévère que nous l'hospitalisons.


Parallèlement aux distributions, en collaboration avec le ministère de la Santé, nous effectuons des consultations dans 5 centres de santé du district pour tous les enfants malades et menons un programme ambulatoire de prise en charge de la malnutrition sévère. A travers ces consultations, nous pourrons donc suivre l'évolution de la situation nutritionnelle et repérer les enfants ayant besoin d'être hospitalisés, dans les hôpitaux gouvernementaux ou dans la structure de MSF pour les enfants malnutris ayant une complication médicale sévère.


Quelles perspectives pour ce type de programme ?
En 2007, nous espérons obtenir d'aussi bons résultats qu'en 2006 (peu de malnutrition sévère) tout en développant un programme plus facile à gérer. C'est un pari ! Une distribution pour 50 000 enfants n'est pas évidente ! Nous misons sur l'efficacité du produit nous autorisant à distribuer des quantités moins importantes. De plus, nous comptons beaucoup sur l'expertise des autorités nigériennes en matière de distributions.

Dans une seconde étape, nous espérons que cette distribution sera reprise par le PAM et le gouvernement. Et là, le problème est double. D'une part, il faut que ces acteurs de la lutte contre la malnutrition manifestent leur volonté politique. D'autre part, le coût du produit nutritionnel prêt à l'emploi reste élevé, entre deux et trois euros le kilo. Nous explorons différentes pistes pour en faire baisser le prix, notamment en le faisant produire localement...

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