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Déclaration sur l'épidémie d'Ebola du Dr Joanne Liu, Présidente internationale de MSF, devant les Nations Unies

Briefing spécial sur Ebola auprès des Nations Unies. Déclaration du Dr Joanne Liu, Présidente internationale de Médecins Sans Frontières.

M. le Vice-Secrétaire général, M. le Secrétaire général adjoint, Madame la Directrice générale, M. le Coordinateur spécial, Mesdames et messieurs les Délégués, Mesdames et Messieurs 

Je vous remercie de m’avoir donné la possibilité d’informer les Etats membres sur l’épidémie d’Ebola en Afrique de l’Ouest.

Six mois après le début de la pire épidémie d’Ebola de l’histoire, le monde est en train de perdre la bataille pour la contenir. Les dirigeants n’arrivent pas à venir à bout de cette menace transnationale.

En Afrique de l’Ouest, le nombre de cas et de décès continue d’augmenter en flèche. Des émeutes éclatent. Les centres d’isolement sont débordés. Les membres du personnel de santé qui sont en première ligne sont infectés et trop nombreux à mourir. D’autres ont fui par peur, laissant la population sans accès aux soins, même pour les maladies les plus courantes. Des systèmes de santé entiers se sont effondrés.

Les centres de traitement d’Ebola sont devenus des mouroirs qui n’offrent guère plus que des soins palliatifs. Il est impossible de faire face au nombre de personnes infectées affluant dans les centres. En Sierra Leone, des cadavres contagieux pourrissent dans les rues.

Plutôt que de construire de nouveaux centres de traitement Ebola au Libéria, nous sommes contraints de construire des crématoriums.

La semaine dernière, l’Organisation mondiale de la santé (OMS) a estimé que pas moins de 20 000 personnes pourraient être infectées en trois mois au Libéria, en Sierra Leone et en Guinée.

Nous ne savons pas où nous allons. Les taux de transmission sont à des niveaux qui atteignent des sommets et le virus se propage rapidement dans Monrovia, la capitale du Libéria.

Je suis devant vous aujourd’hui, en tant que présidente d’une organisation humanitaire médicale en première ligne depuis qu’a éclaté cette épidémie. Mes collègues ont pris en charge plus des deux tiers des patients officiellement déclarés infectés. Bien que nous ayons multiplié par deux notre personnel sur le terrain au cours du dernier mois, je peux vous dire qu’ils sont totalement dépassés.

Médecins Sans Frontières sonne l’alarme depuis plusieurs mois, mais la réponse est trop restreinte et trop tardive. L’épidémie a commencé il y six mois, mais n’a été déclarée « urgence de santé publique de portée internationale » que le 8 août dernier.

Si les promesses de financements, les feuilles de route et la recherche de vaccins et de traitements sont bienvenues, elles n’arrêteront pas l’épidémie aujourd’hui.

Nous avons échoué au cours des six derniers mois. Nous devons gagner dans les trois prochains mois.

Et nous le pouvons.

De nombreux Etats membres représentés ici aujourd’hui ont fait de gros investissements dans la réponse aux menaces biologiques. Vous avez la responsabilité politique et humanitaire d’employer immédiatement ces capacités dans les pays touchés par Ebola.

Pour endiguer l’épidémie, il est impératif que les Etats déploient sans attendre les ressources civiles et militaires ayant des compétences en matière de confinement des risques biologiques. Je vous lance un appel pour que vous déployez vos équipes de prise en charge des catastrophes, avec tout l’appui de vos moyens logistiques. Ceci doit se faire en étroite collaboration avec les pays touchés.

Sans ce déploiement, nous ne parviendrons jamais à mettre l’épidémie sous contrôle.

Il faut en priorité :

· Développer les centres d’isolement ;

· Déployer des laboratoires mobiles pour améliorer les capacités de diagnostic ;

· Etablir des ponts aériens réservés au transport du personnel et de l’équipement vers l’Afrique de l’Ouest et dans la sous-région;

· Etablir un réseau régional d’hôpitaux de campagne pour traiter le personnel médical infecté ou suspecté de l’être.

Alors que ces équipes de bio-défense aideront à renforcer la réponse sur le terrain, l’OMS et les autres organismes de santé publique doivent mettre en œuvre la feuille de route sur l’Ebola.

Nous devons également faire face à l’écroulement des infrastructures publiques. Le système de santé au Libéria s’est effondré. Les femmes présentant des grossesses à risque ont nulle part où aller. Le paludisme et les diarrhées, des maladies faciles à prévenir et à traiter, tuent des gens. Les hôpitaux doivent être rouverts, et des hôpitaux doivent être créés.

Enfin, nous devons changer l’état d’esprit collectif qui anime la réponse à l’épidémie.

Les mesures de coercition, telles que les lois pénalisant la non-déclaration des cas suspects et les mises en quarantaine, poussent les gens dans la clandestinité. Ceci conduit à la dissimulation de cas et éloigne les malades des systèmes de santé. Ces mesures n’ont servi qu’à alimenter la peur et les troubles sociaux, au lieu de contenir le virus.

Les États membres de l’ONU ne peuvent se concentrer uniquement sur les mesures visant à protéger leurs propres frontières. Ce n’est qu’en combattant l’épidémie à sa source que nous pourrons l’endiguer.

Ceci est une crise transnationale qui a des conséquences sociales, économiques et sécuritaires pour le continent africain.

Il en va de votre responsabilité historique d’agir.

Nous ne pouvons isoler les pays touchés et espérer que l’épidémie s’éteindra d’elle-même. Pour éteindre ce feu, nous devons nous précipiter dans l’immeuble en flammes.

Merci.

 


Ebola : Allocution du Dr Joanne Liu à l'ONU
 


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