Congo : traiter le pian chez les Pygmées Akas

Campagne de traitement du pian chez les pygmées au Congo Brazzaville. 2012
Campagne de traitement du pian chez les pygmées au Congo-Brazzaville. 2012 © Lam Duc Hien

Au nord du Congo, les populations pygmées akas, ostracisées dans leur pays depuis de nombreuses années, ont un accès aux soins quasi nul et souffrent encore d’une maladie oubliée : le pian. MSF a mis en place une campagne de traitement de cette maladie négligée : à la fois un défi logistique et une première médicale mondiale.

Lors de consultations médicales menées dans le district de Bétou, au nord-est du pays, les équipes MSF découvrent la présence d’une maladie oubliée : le pian. « Le pian est une maladie infectieuse due à une bactérie qui se présente sous forme de lésions cutanées très contagieuses », explique Matthew Coldiron, médecin MSF. Le pian a ravagé l'Afrique dans les années 1950, mais les traitements de masse n’ont pas suffi à l’éradiquer définitivement. « La maladie perdure dans certaines zones inter-tropicales. Sans traitement, elle peut attaquer les os, les cartilages et les articulations et provoquer ainsi des déformations irréversibles. »

Médecins Sans Frontières décide d’aller soigner ces communautés minoritaires là où elles vivent, c’est-à-dire au cœur de la forêt. La campagne est à la fois une première médicale et un véritable défi logistique. « C’est la première fois qu’est utilisé le nouveau traitement recommandé par l’Organisation Mondiale de la Santé (OMS), explique Matthew Coldiron. Une seule dose orale d’un antibiotique, l’azithromycine, suffit à guérir du pian. L’homme étant la seule source infectieuse, on peut éradiquer la maladie en traitant tous les malades ». La campagne MSF consiste ainsi en un traitement universel, c’est-à-dire en traitant l’ensemble de la population concernée.

Traiter toutes les populations touchées représente un véritable défi logistique. Les équipes MSF se sont déplacées à pied, en pirogues et en 4x4 pour traiter 20 000 personnes éparpillées dans des centaines de villages. Réalisée en deux temps, en septembre et en octobre, la campagne a permis de traiter 17 400 personnes contre le pian en deux mois.

Les équipes MSF ont également administré les soins de base (traitement du paludisme, déparasitages intestinaux, nettoyage des plaies) et vacciné les enfants contre la rougeole. Et une enquête épidémiologique a été menée en parallèle pour déterminer la prévalence de la maladie chez les enfants.

« Nous sommes les premiers à mettre en œuvre cette nouvelle stratégie. L’idée est de témoigner de cette expérience sur cette maladie, ce nouveau traitement, les moyens qu’il a fallu mettre en œuvre pour atteindre ces populations isolées dans la forêt, conclut Matthew Coldiron. Nous espérons que cette expérience pourra être reprise par d’autres acteurs, car le pian est toujours  présent dans d’autres pays ».

Les résultats de cette campagne et de l’enquête épidémiologique seront partagés avec les autorités locales du Congo, l’OMS et tous les acteurs qui pourraient s’engager dans la lutte contre cette maladie.

Le Dr. Matthew Coldiron, médecin épidémiologiste à MSF, revient de mission au Congo-Brazzaville et livre son témoignage sur la campagne de traitement du pian, une maladie négligée qui touche les populations autochtones du nord Congo.

Il parle de la possibilité d'éradiquer cette maladie :

Matthew explique la stratégie de MSF pour venir à bout du pian en quelques années :

Dossier spécial "pian"

Consultez notre dossier spécial pour en savoir plus sur notre campagne de traitement de masse du pian chez les populations pygmées akas au Congo-Brazzaville.

À lire aussi