Colombie - La confusion entre opérations militaires et humanitaires entrave la poursuite des activités MSF

Ces dernières semaines, Médecins Sans Frontières a dû réduire pour des raisons de sécurité le volume de l'aide médicale aux victimes du conflit en Colombie.

Ces dernières semaines, Médecins Sans Frontières a dû réduire pour des raisons de sécurité le volume de l'aide médicale aux victimes du conflit en Colombie.

Depuis les événements de juillet dernier, lorsque l'armée colombienne a utilisé le logo du CICR pour libérer les otages des FARC, les équipes MSF ont dû arrêter ou reporter à plus tard une partie de leurs activités médicales, menées via des consultations mobiles dans plusieurs zones rurales. Cela a bien sûr des conséquences directes sur les populations vivant dans les zones de conflit, notamment dans les départements de Nariño, Tolima, Guaviare et Cauca.

MSF n'a plus accès à un tiers du territoire sur lequel elle avait l'habitude de travailler.


MSF s'inquiète vivement de l'usurpation de l'identité d'organisations humanitaires dans les opérations militaires. Ce genre d'usurpation peut accroître la confusion des rôles entre acteurs humanitaires et militaires. Elle peut conduire à une perte de confiance de la part des civils, mais aussi des groupes armés, qui viennent à douter de l'action indépendante, impartiale et neutre des ONG. Cette confusion des genres expose les travailleurs humanitaires à de plus grands risques et les oblige alors à limiter l'accès aux zones difficiles.

« Nous sommes très inquiets des conséquences que peut avoir ce genre de confusion sur la sécurité de nos équipes sur le terrain et sur notre capacité à accéder aux populations isolées à cause du conflit », déclare Grant Leaity, chef de mission de MSF en Colombie. « Dans ces circonstances, il est important pour nous de rappeler que notre action est totalement indépendante des intérêts et activités de tout gouvernement, corps militaire ou groupe armé. MSF demande de pouvoir accéder aux populations civiles qui ont besoin d'une aide médicale. MSF n'avait pas connaissance de l'opération de libération des otages du 2 juillet dernier, et n'y a aucunement pris part ».

Les habitants des zones rurales de Colombie sont particulièrement vulnérables et subissent les conséquences du conflit armé. Ils n'ont aucun accès aux soins de santé primaire, sont confrontés à une pénurie de nourriture et vivent isolés. Pour tenter de répondre à cette crise humanitaire, les équipes MSF travaillent dans quatorze départements du pays où elles fournissent une aide médicale à ces populations. En 2007, MSF a donné 101 000 consultations médicales, 17 000 consultations psychologiques et mené d'autres activités médicales pour la santé sexuelle et reproductive (victimes de violences sexuelles, fin de grossesse, planning familial...).

Pour pouvoir continuer à venir en aide à cette population, MSF exige que l'indépendance des ONG soit respectée et que leur identité soient uniquement utilisée dans un but humanitaire.

Médecins Sans Frontières travaille en Colombie depuis 1985. Elle dispense des soins médicaux et psychologiques et apporte une aide sociale à des milliers de victimes du conflit. L'organisation porte également secours à la population en cas d'épidémie et de catastrophe naturelle. Actuellement, plus de 280 personnes travaillent dans les programmes MSF dans quatorze départements en Colombie.

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