Accord Inde - Union Européenne: "On ne négocie pas avec nos vies"

Manifestation de personnes vivant avec le VIH / Sida  New Dehli 12 mars 2010
Manifestation de personnes vivant avec le VIH / Sida - New Dehli, 12 mars 2010

La dernière phase de discussion concernant l'accord de libre échange entre l'Inde et l'Union Européenne débute le 26 avril à Bruxelles.
 

Une nouvelle phase de négociation s'ouvre le 26 avril prochain entre l'Inde et l'Union Européenne concernant un accord commercial de libre-échange. Certaines dispositions de cet accord pourraient avoir un impact dramatique sur l'accès à des médicaments abordables pour des millions de personnes.

L'Inde, souvent présentée comme la pharmacie des pays en voie de développement, produit en effet 80% des médicaments utilisés dans les programmes de lutte contre le VIH/sida de MSF. C'est justement cet accès à des médicaments essentiels que l'accord de libre-échange menace aujourd'hui.

L'Union Européenne tente d'imposer à l'Inde une plus grande protection des lois de propriété intellectuelle sur les médicaments : retarder l'enregistrement et la commercialisation de génériques, étendre la durée des brevets, et empêcher la libre concurrence pour maintenir des prix relativement élevés. Ces mesures pourraient ainsi avoir un impact dramatique pour les personnes vivant avec le VIH/sida ou d'autres maladies dans les pays en voie de développement.

« Messieurs Anand Sharma, ministre indien du commerce, et Karel De Gucht, Commissaire européen au commerce, ont tous les deux affirmé que l'accord ne remettrait pas en cause l'accès à des médicaments génériques », commente Michelle Childs, directrice du plaidoyer à la Campagne d'Accès aux Médicaments Essentiels (CAME) de MSF. « Mais ils omettent de préciser publiquement si oui ou non les dispositions allant à l'encontre de la libre concurrence vont être retirées de l'accord final. Nous allons donc continuer à nous battre pour qu'elles soient officiellement supprimées. »

 

 

Début mars, des personnes vivant avec le VIH/sida avaient protesté à New Dehli, devant le ministère indien du Commerce. « Le gouvernement indien doit se souvenir qu'on ne négocie pas avec nos vies », rappelle Loon Gangte, Président du Dehli Network of Positive People, une organisation de personnes séropositives. « La survie des personnes vivant avec le VIH/sida dépend d'un accès sans interruption à de nouveaux médicaments contre la maladie. Les médicaments les plus récents contre le VIH/Sida sont brevetés, commercialisés à des prix exorbitants, parce que l'Inde a déjà adhéré par le passé à certaines règles du commerce international. Si ce n'est pas dans l'intérêt de la population indienne, au nom de qui notre gouvernement négocie-t-il ? »

Les inquiétudes que suscite l'accord aujourd'hui négocié dépassent largement les frontières de l'Inde. En Afrique, où la survie de milliers de personnes dépend d'un accès à des médicaments génériques abordables, les conséquences de cet accord pourraient être catastrophiques. Les patients des programmes MSF sont eux-aussi en premier lieu concernés.

La dernière phase de discussion avant l'accord final débute ce 28 avril à Bruxelles. L'Union Européenne a déjà affirmé qu'elle voulait voir cet accord de libre-échange se finaliser avant le mois d'octobre. Les négociations qui débutent la semaine prochaine représentent ainsi la dernière opportunité de voir les dispositions, qui tendent à restreindre la production et l'exportation de médicaments génériques, être officiellement retirées de l'accord final.


>> Regarder la vidéo "médicaments génériques menacés" : des témoignages de patients à Mathare, au Kenya

 



>> En savoir plus sur le site de la Campagne pour l'Accès aux Médicaments Essentiels (CAME)

 

article Lire l'article du Monde : Nuages sur l'avenir de l'Inde "pharmacie du monde"

 

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