Gaza : nos réponses à vos questions


Médecins Sans Frontières (MSF) a reçu de nombreuses questions sur ses opérations humanitaires et ses prises de parole dans le cadre du conflit israélo-palestinien. Vous trouverez ci-dessous nos réponses pour décrypter au mieux nos actions et nos prises de paroles publiques.


Cette page a été mise à jour pour la dernière fois en septembre 2025.

Contexte 

Les massacres perpétrés par le Hamas le samedi 7 octobre 2023 sont d’une ampleur et d’une brutalité inédite dans le conflit israélo-palestinien. Dans les jours qui ont suivi ces massacres, Médecins Sans Frontières (MSF) a offert son soutien aux hôpitaux israéliens, qui l’ont décliné.

La riposte d'Israël s’est traduite par une campagne génocidaire quasiment ininterrompue de bombardements d’une intensité encore jamais vue sur une zone densément peuplée et enclavée comme Gaza : une grande partie des zones habitées, notamment dans le nord et le centre de la bande, ont pratiquement été effacés de la carte. Un siège est également imposé aux quelque 2 millions d’habitants de la bande de Gaza, qui dépendaient déjà à 80 % de l’aide extérieure avant le 7 octobre, dans le contexte d’un blocus imposé par Israël et l’Égypte depuis 2007 sur ce territoire.

Mise à part un cessez-le-feu de deux mois entre le 19 janvier et le 18 mars 2025, les forces israéliennes ont poursuivi leur offensive par voie aérienne, terrestre et maritime, en tuant de façon indiscriminée les civils palestiniens, le personnel de santé et les travailleurs humanitaires qui leur viennent en aide. La bande de Gaza a été soumise à un siège total entre le 2 mars et le 20 mai 2025, sans entrée d’aucune aide ni approvisionnement. Depuis, l'aide autorisée à entrer dans la bande de Gaza, qui est largement insuffisante, n'est qu'un écran de fumée : MSF a réussi à faire entrer seulement neuf camions de fournitures médicales à Gaza, sous de lourdes restrictions.

Les autorités israéliennes détruisent les conditions mêmes de la vie pour les Palestiniens de Gaza, en les déplaçant de force dans le cadre d'ordres d'évacuation, en attaquant les établissements de santé et le personnel médical, et en créant des zones d’évacuation qui couvrent désormais environ 86 % de la bande de Gaza (selon le bureau de coordination des affaires humanitaires de l’ONU : OCHA, aout 2025).

Le 27 mai 2025, les autorités israéliennes ont décidé de mettre fin à l'aide humanitaire de l'ONU, en la remplaçant par un système de distribution alimentaire géré par une organisation appelée la Fondation humanitaire de Gaza (GHF). La GHF a été créée dans le cadre du plan américano-israélien, visant à instrumentaliser l'aide. Depuis, jusqu’à aout 2025, plus de 1 000 personnes ont été tuées et près de 7 200 blessées sur ces sites de distribution alimentaire alors qu'elles tentaient de recevoir de la nourriture. Conditionner cette distribution au déplacement forcé et au tri de la population, et l’assujettir aux objectifs d’occupation militaire de l’armée israélienne, sont un pas de plus dans la campagne de nettoyage ethnique des Palestiniens. 

Un rapport de MSF, intitulé « This is not aid. This is orchestrated killing », publié en aout 2025, documente les blessures et témoignages observés dans deux cliniques de MSF recevant régulièrement des afflux de victimes des violences survenues sur des sites gérés par la GHF.

Ce que nos équipes médicales ont observé sur le terrain en presque deux ans de conflit, c’est une guerre génocidaire menée par l’armée israélienne et un nettoyage ethnique, alors que les Palestiniens sont déplacés de force, pris au piège et bombardés.

C’est cette guerre totale menée depuis octobre 2023 par l’armée israélienne que MSF a documentée de façon extensive sur le site gazainsidethewar.com. Cette plateforme rassemble les informations et les témoignages recueillis par ses équipes entre le 7 octobre 2023 et le 1er février 2025, et documente plus particulièrement les attaques contre le système de santé et les humanitaires, dont les équipes de MSF ont été les témoins et les victimes.

Découvrir la plateforme

Selon les autorités locales, du 7 octobre 2023 au 20 aout 2025 plus de 62 120 personnes ont été tuées, dont près d'un tiers sont des enfants. 156 700 autres ont été blessées, et des milliers de personnes sont encore portées disparues (OCHA). MSF ne cesse de demander l’arrêt des combats pour mettre un terme au massacre des Palestiniens de Gaza et, la levée du siège imposé par Israël pour pouvoir apporter une aide immédiate aux populations vivant dans un territoire dévasté par les bombardements, les combats et les destructions massives.

+ Quelle est la situation humanitaire de la population gazaouie ? 

Depuis la rupture du cessez-le-feu le 18 mars 2025, malgré les affirmations des autorités israéliennes selon lesquelles l'aide humanitaire entrant à Gaza n'est soumise à aucune restriction, les principales ONG internationales n'ont pour la plupart pas été en mesure de livrer un seul camion de fournitures vitales depuis le 2 mars 2025.

Les routes, bâtiments et infrastructures civiles sont dans un état désastreux et le territoire a été plongé dans le chaos après le démantèlement des forces de maintien de l’ordre. L’insécurité ainsi que l’interdiction de travail faite à l’UNRWA, principal fournisseur d’aide aux Palestiniens de Gaza, représentent des obstacles de taille. Il est également nécessaire que les blocages et les entraves au déploiement des secours mis en place par les autorités israéliennes depuis le début du conflit soient levés de toute urgence, en commençant par la réouverture des principaux points de passage terrestres, comme celui de Rafah. Les habitants de Gaza restent privés de biens essentiels tels que la nourriture, l’eau, les abris, le carburant et l’électricité, ainsi que de soins de santé, en raison du siège de toute la bande de Gaza qui a été imposé par Israël. Les besoins sont extrêmement élevés, les maladies transmissibles se propagent, l’eau potable est rare, ce qui aggrave les conditions de vie des populations.  

En raison du manque d'acheminement de nourriture dans le territoire, le 22 aout 2025, l’IPC (l’initiative de classification de la phase de sécurité alimentaire) a publié un nouveau rapport constatant que « la famine est confirmée dans le nord de la bande de Gaza ». Après 22 mois de conflit, plus d'un demi-million de personnes sont confrontées à la famine (phase 5 de l'IPC), 1,07 million de personnes (54 %) sont en situation d'urgence (phase 4 de l'IPC) et 396 000 personnes (20 %) sont en situation de crise (phase 3 de l'IPC).
 
Au cours des presque deux ans de bombardements de l’armée israélienne, les civils n’ont eu nulle part où se réfugier. Il n’existe aucun « safe space » pour la population gazaouie dont 90 % a été déplacée une ou plusieurs fois depuis le début du conflit.

Le système de santé est totalement effondré, aucun hôpital de la bande de Gaza n'est actuellement pleinement opérationnel. Au 21 aout 2025, seuls 18 des 36 hôpitaux fonctionnent partiellement (selon l'OMS).

Depuis le début de la guerre, les travailleurs humanitaires et les professionnels de santé ont été victimes d'attaques répétées. Au 20 aout 2025, au moins 1 590 professionnels de santé ont été tués et plus de 530 travailleurs humanitaires, pour la plupart palestiniens, ont été tués à Gaza (selon le bureau de coordination des affaires humanitaires de l’ONU : OCHA). Treize membres du personnel de MSF ont été tués par les forces israéliennes depuis le 7 octobre 2023, certains pendant qu’ils étaient en service.

En juillet 2025, plus de 714 000 personnes, soit un tiers de la population de Gaza, avait été déplacée de force au cours des trois derniers mois (OCHA).

En aout 2025, les ordres d'évacuation et les zones militaires interdites couvraient environ 86 % de la bande de Gaza (OCHA), poussant plus de deux millions de personnes dans un espace de plus en plus petit. Aucune zone de Gaza n’est épargnée par les attaques. Le 19 mai 2025, un seul ordre de déplacement à grande échelle à Khan Younis a touché 22 % de la bande de Gaza, affectant plus de 70 membres du personnel de MSF, tandis qu'un autre, le 26 mai, a touché 40 % du centre et du sud de Gaza.

Face à cette catastrophe humanitaire, Médecins Sans Frontières (MSF) appelle à un cessez-le-feu immédiat et durable, à la levée du siège et à la protection des structures médicales et du personnel médical. 

+ Comment soutenir les actions MSF à Gaza ?

Je donne au Fonds Régional - Urgence Gaza

En faisant un don au Fonds d’Urgence Régional - Gaza, vous nous permettez d’agir à Gaza et dans les environs, où nous déployons des secours d’urgence en réponse à la catastrophe majeure qui touche des milliers de Palestiniens. MSF est financée à 99,24 % par des ressources d'origines privées (2022) : Votre présence à nos côtés est indispensable. Merci !  

+ Quelle est la situation du système de santé ?  

Aucun hôpital de la bande de Gaza n'est actuellement pleinement opérationnel. Au 21 aout 2025, seuls 18 des 36 hôpitaux fonctionnent partiellement (selon l'OMS). Et seulement 12 d’entre eux offrent encore des services complets, les autres se limitent aux soins d'urgence, d'après l'OMS. Les grands centres de santé comme Nasser et Al-Amal à Khan Younes sont complètement surchargés et risquent de s'effondrer à tout moment.

Les structures de soins et le personnel médical ont constamment été pris pour cible, provoquant la destruction ou la fermeture de 50 % des hôpitaux, tandis que ceux qui restent ouverts ne fonctionnent que partiellement. Parallèlement, le siège quasi total imposé à Gaza depuis mars 2025 a privé les établissements de soins de fournitures vitales. Le personnel de santé, à l’instar du reste de la population, est privé de nourriture en quantité suffisante. Dans le même temps, en juillet 2025, les structures hospitalières de la bande de Gaza ont enregistré le plus grand nombre d'admissions depuis octobre 2023.

Pour rappel, selon les autorités locales, du 7 octobre 2023 au 20 aout 2025, plus de 62 120 personnes ont été tuées, dont près d'un tiers sont des enfants et 156 700 autres ont été blessées.

Le personnel médical qui parvient encore à délivrer des soins le fait avec une grande difficulté et un accès aux fournitures médicales extrêmement restreint. Le siège total imposé par les autorités israéliennes entre le 2 mars 2025 et début mai 2025 a contraint les équipes de MSF à rationner les médicaments tels que les analgésiques, à fournir des traitements moins efficaces ou à refuser des patients. Même si le siège est supposément levé depuis le 18 mai 2025, seule une quantité infime d’aide humanitaire a pu entrer. MSF a réussi à faire entrer seulement neuf camions de fournitures médicales à Gaza, sous de lourdes restrictions. Les équipes manquent de matériel chirurgical comme les anesthésiques, les antibiotiques pédiatriques et les médicaments pour les maladies chroniques comme l'épilepsie, l'hypertension et le diabète. En raison du rationnement, dans certains centres de soins de santé primaires, les soignants pansent les plaies des blessés sans médicaments anti-douleur.

Tous les hôpitaux sont débordés. En aout 2025, les installations de MSF fonctionnent à plus de 100 % de leur capacité, tandis que certains hôpitaux du ministère de la Santé ont atteint plus de 200 %, notamment l'hôpital Al-Shifa. Les listes d'attente pour les opérations chirurgicales sont si longues que souvent, les patients meurent avant que les équipes MSF aient pu les opérer. 

Depuis le début de la guerre, les attaques contre les hôpitaux, les ambulances et le personnel de santé sont systématiques. Entre le 7 octobre et le 20 aout 2025, au moins 1 590 professionnels de santé ont été tués et plus de 530 travailleurs humanitaires, pour la plupart palestiniens, ont été tués à Gaza, selon le bureau de coordination des affaires humanitaires de l’ONU (OCHA). Treize employés de MSF ont été tués depuis le début de la guerre, certains pendant qu’ils étaient en service.

Les établissements médicaux ne sont pas épargnés par les attaques et les ordres d'évacuation des forces israéliennes. Les équipes de MSF ont dû quitter de nombreuses structures, tandis que d'autres continuent de fonctionner avec du personnel et des patients coincés à l'intérieur, parfois pendant des heures. Le 7 avril 2025, les équipes et les patients de MSF se sont retrouvés piégés dans l'hôpital de campagne de MSF à Deir Al-Balah, au centre de Gaza. Le 25 aout 2025, les forces israéliennes ont tué au moins 20 personnes et blessé 50 autres lors de deux frappes successives sur l’hôpital de Nasser, parmi lesquelles des soignants, des secouristes et des journalistes.

Un exemple d’attaque contre les humanitaires : le meurtre par les forces israéliennes d’un groupe de secouristes qui tentait de venir en aide à des civils pris dans des bombardements le 23 mars 2025, à Rafah, dans le sud de la bande de Gaza. Les corps de 15 secouristes et leurs ambulances détruites ont été retrouvés dans une fosse commune le 30 mars. Des preuves rendues publiques ont montré que les secouristes et leurs véhicules étaient clairement identifiables, ce qui remet en question les affirmations initiales des autorités israéliennes.

Après presque deux ans de guerre à Gaza, la vie des habitants et la capacité du système de santé ont été détruites, comme l’ont constaté les équipes MSF. Les besoins médicaux et humanitaires sont immenses. Les maladies transmissibles, notamment les maladies cutanées, se propagent. Les bombardements provoquent des blessures traumatiques et des brûlures, avec plus de 156 700 blessés à Gaza. La privation de biens essentiels, comme la nourriture, l'eau et les médicaments, entraînent un grand nombre de complications médicales et de décès.  Les patients brûlés, fracturés ou gravement blessés reçoivent des repas insuffisants et pauvres en nutriments. Sans protéines ni calories en quantité suffisante, les os ne se ressoudent pas, les brûlures ne guérissent pas et les infections se propagent. Les médecins eux-mêmes, travaillent 24 heures sur 24 avec un seul repas par jour.

Dans ces conditions, on observe que le poliovirus a refait surface à Gaza après 25 ans, en juillet 2024. En réponse, l'ONU et le ministère de la Santé de Gaza ont lancé une campagne de vaccination en deux phases. MSF a soutenu cette initiative logistiquement. 

 

+ Est-ce qu'il y a une situation de famine à Gaza ? 

Le 22 aout 2025, en raison du manque d'acheminement de nourriture dans le territoire, l’IPC (l’initiative de classification de la phase de sécurité alimentaire) a publié un nouveau rapport constatant que « la famine est confirmée dans le nord de la bande de de Gaza ». Après 22 mois de conflit, plus d'un demi-million de personnes sont confrontées à la famine (phase 5 de l'IPC), 1,07 million de personnes (54 %) sont en situation d'urgence (phase 4 de l'IPC) et 396 000 personnes (20 %) sont en situation de crise (phase 3 de l'IPC). Entre mi-août et fin septembre 2025, la situation devrait encore se dégrader, avec une famine qui devrait s'étendre à Deir al-Balah et Khan Younis. Près d'un tiers de la population (641 000 personnes) devrait être confronté à des conditions de famine (phase 5 de l'IPC), tandis que le nombre de personnes en situation d'urgence (phase 4 de l'IPC) devrait passer à 1,14 million (58 %).

En septembre 2024, l’IPC estimait déjà que la quasi-totalité de la population de Gaza (environ 96 % des 2,3 millions d’habitants) était affectée par une insécurité alimentaire critique.

Compte tenu de l'extension annoncée des opérations militaires dans toute la bande de Gaza, de l'incapacité persistante des agences humanitaires à accéder aux populations dans le besoin, de l'escalade prévue des hostilités et des déplacements massifs de population, le risque que la famine s’étende à tout le territoire est plus que probable.

Les équipes de MSF tentent désespérément de traiter un nombre croissant de patients souffrant de malnutrition dans leurs cliniques, tout en luttant elles-mêmes pour se nourrir. A titre d’exemple, la première semaine de juillet 2025, 25 % des enfants âgés de six mois à cinq ans et des femmes enceintes et allaitantes examinés dans les installations de MSF à Gaza souffraient de malnutrition.

Début juillet 2025, à la clinique MSF de la ville de Gaza, le nombre de personnes souffrant de malnutrition a quadruplé depuis le 18 mai et le taux de malnutrition sévère chez les enfants de moins de cinq ans a triplé en seulement deux semaines. 

Il s’agit d’une famine délibérée, provoquée par les autorités israéliennes dans le cadre de la campagne génocidaire en cours. Affamer, tuer et blesser des personnes qui cherchent désespérément de l'aide est inacceptable. Les autorités israéliennes doivent immédiatement lever le siège, autoriser l'acheminement d'aide à Gaza à grande échelle, démilitariser les sites de distribution d'aide et cesser de priver la population d’eau et de nourriture. 

MSF a rappelé à plusieurs reprises qu’empêcher un approvisionnement suffisant en nourriture revient à consciemment infliger une punition collective à la population de Gaza, assimilée à une cible légitime. 

 

+ Quelle est la position de MSF concernant la Gaza Humanitarian Foundation (GHF) ?

Lancé fin mai 2025, le dispositif de distribution alimentaire à Gaza, élaboré et financé par Israël et les Etats-Unis, semble conçu pour humilier les Palestiniens en les forçant à choisir entre mourir de faim et risquer leur vie pour obtenir une quantité dérisoire de nourriture. Les méthodes de distribution de vivres obligent des milliers de Palestiniens, affamés par plus de 100 jours de siège israélien, à parcourir de longues distances pour atteindre quatre sites de distribution et à se battre pour obtenir des quantités ridicules de nourriture. Ce chaos empêche les femmes, les enfants, les personnes âgées ou handicapées d’accéder à l’aide humanitaire et résulte en des centaines de morts et de blessés. De mai à aout 2025, plus de 1 000 personnes ont tuées et près de 11 000 blessées alors qu’elles se rendaient à ces distributions en quête de nourriture. Ce dispositif est un simulacre de distribution alimentaire qui a produit des massacres à la chaîne et doit être immédiatement arrêté.

Un rapport de MSF, intitulé « This is not aid. This is orchestrated killing », publié en aout 2025, documente les observations médicales dans deux de ses cliniques à Gaza, ainsi que des témoignages de patients. Les observations illustrent la nature à la fois ciblée et indiscriminée des tueries perpétrées par les forces israéliennes et les sous-traitants américains contre des Palestiniens affamés sur des sites de distribution alimentaire gérés par la GHF.

« Ce dispositif militarisé de distribution alimentaire a transformé la famine en arme et aggravé la souffrance. Les distributions sur les sites GHF ont entraîné des violences extrêmes et des meurtres, principalement de jeunes Palestiniens, mais aussi de femmes et d'enfants, qui s'y sont rendus dans l'espoir de recevoir de la nourriture », selon Aitor Zabalgogeazkoa, coordinateur d'urgence de MSF à Gaza.

MSF appelle au démantèlement immédiat du système de distribution de la GHF, au rétablissement du mécanisme d'aide coordonné par l'ONU, et appelle les gouvernements, en particulier les États-Unis, ainsi que les bailleurs privés à suspendre tout soutien financier et politique à la GHF, dont les sites de distribution alimentaire ne sont rien d’autre que des pièges mortels. 

 

+ Les humanitaires, personnels de santé et journalistes sont-ils pris pour cible à Gaza ?

Depuis le début de la guerre, les infrastructures civiles de Gaza, notamment les hôpitaux et les établissements de santé, ont été systématiquement attaquées. Les travailleurs humanitaires et les professionnels de santé sont victimes d'attaques répétées. Au 20 aout 2025, au moins 1 590 professionnels de santé ont été tués et plus de 530 travailleurs humanitaires, pour la plupart palestiniens, ont été tués à Gaza (selon le bureau de coordination des affaires humanitaires de l’ONU : OCHA).

Treize membres des équipes de MSF ont été tués par les forces israéliennes depuis octobre 2023. Nous avons appris, le 16 septembre 2025, la mort brutale d'un treizième collègue Hussein Alnajjar, mort des suites de ses blessures, causées par une frappe israélienne près de sa tente cinq jours plus tôt. Hussein Alnajjar travaillait pour MSF en tant qu’infirmier dans nos cliniques de Deir al-Balah et Khan Younes depuis janvier 2024.

Nous avons appris, le 3 juillet 2025, la mort brutale d’un douzième collègue, Abdullah Hammad, tué par les forces israéliennes alors qu’il tentait désespérément, avec d’autres personnes, de récupérer des sacs de farine sur un camion d'aide humanitaire à Khan Younès, dans le sud de la bande de Gaza.

Israël interdit l’accès à la bande de Gaza aux journalistes internationaux. En 22 mois de conflit, 220 journalistes ont été tués (RSF). Les seuls témoins de sa campagne génocidaire sont délibérément pris pour cible.

Le 25 aout 2025, les forces israéliennes ont tué au moins 20 personnes et blessé 50 autres lors de deux frappes successives sur l’hôpital de Nasser, parmi lesquelles des soignants, des secouristes et des journalistes. Parmi les victimes figurait Mariam Abu Dagga, une photographe indépendante qui collaborait régulièrement avec MSF. Un membre du personnel de MSF a été blessé lors des attaques, souffrant de blessures au côté de la poitrine.

 

+ Que demande MSF ?  

Un cessez-le-feu et l’arrêt des bombardements massifs et indiscriminés sur la population gazaouie sont nécessaires de toute urgence pour arrêter le massacre des Palestiniens de Gaza, mais aussi en tant que condition préalable au déploiement d’une aide humanitaire à la hauteur des besoins.

Les établissements et le personnel de santé doivent être impérativement protégés. Les hôpitaux, les soignants, les ambulances et les patients ne peuvent pas être pris pour cible.  

Le siège de Gaza doit être levé. L'acheminement de l’aide humanitaire destinée à la population de Gaza doit être autorisé de façon inconditionnelle. Le matériel humanitaire, la nourriture, le carburant et les médicaments doivent parvenir sans délai à la population de Gaza, qui en dépend pour survivre.

Nous appelons également de toute urgence au rétablissement d’un accès à l’eau potable suffisant et immédiat pour la population de la bande de Gaza.  

Nous appelons à ce que les personnes qui souhaitent fuir Gaza, pour se sauver ou pour aller se faire soigner en dehors du territoire, puissent le faire, et cela sans perdre leur droit au retour sur leur terre si et quand elles le souhaiteront. Médecins Sans Frontières demande que ses collaborateurs palestiniens qui souhaitent partir puissent être évacués, avec la possibilité de revenir à Gaza ultérieurement.

 MSF appelle au démantèlement immédiat du système de distribution de la Gaza Humanitarian Foundation (GHF), au rétablissement du mécanisme d'aide coordonné par l'ONU, et appelle les gouvernements, en particulier les États-Unis, ainsi que les bailleurs privés à suspendre tout soutien financier et politique à la GHF, dont les sites de distribution alimentaire ne sont rien d’autre que des pièges mortels. 

+ Quelles activités MSF menait-elle à Gaza avant le 7 octobre 2023 ? 

Cela fait 20 ans que des équipes MSF, composées de personnel international et palestinien, travaillent à Gaza, fournissant des soins médicaux et un soutien au système de santé qui manque cruellement de personnel et de matériel. Avant la guerre, nos équipes intervenaient dans trois hôpitaux (Al-Shifa, Al-Awda et Al Nasser) et plusieurs cliniques ambulatoires, offrant une prise en charge globale aux personnes souffrant de brûlures et de traumatismes. Depuis 2018 et la répression brutale de l’armée israélienne sur les manifestants de la « Marche du retour », nous avons lancé un programme de chirurgie reconstructive dans le nord de Gaza. La capacité de MSF à intervenir à Gaza est cependant aujourd’hui largement réduite.   

 

+ Quelles sont les activités médicales de MSF dans la bande de Gaza aujourd’hui ? 

Grâce à la présence de ses équipes sur place, MSF est intervenue immédiatement après le début de l’offensive israélienne le 7 octobre 2023, en faisant don de matériel médical, en essayant de poursuivre ses activités existantes (prise en charge des brûlures et de traumatismes, chirurgie reconstructive) et en proposant son aide aux hôpitaux gazaouis débordés par le nombre de patients. Cependant, l’intensité des bombardements israéliens a rapidement limité la capacité des équipes à se déplacer, et donc à évaluer les besoins et à apporter leur aide. Au fil des mois, MSF a continué d’adapter ses interventions en fonction de l’évolution des combats, des attaques sur les structures de santé et des besoins de la population. 

Plus de 1 000 collègues palestiniens travaillent toujours dans les projets MSF. Dans le cadre de rotations programmées, nous avons en moyenne une quarantaine de personnels internationaux qui mènent des activités médicales sur place.  

En septembre 2025, les équipes de MSF opèrent dans quatre hôpitaux (Al-Helou, Nasser, Al-Aqsa et Al Shifa), deux hôpitaux de campagne à Deir Al-Balah, quatre centres de soins de santé primaires et deux cliniques.

  • Dans le nord

CLINIQUE À GAZA CITY

Avant le 7 octobre 2023, MSF gérait une clinique à Gaza city, à proximité de l’hôpital Al-Shifa. Depuis le début des hostilités, elle a été fortement endommagée à plusieurs reprises, rendant difficile le déroulement des activités médicales. Actuellement, les équipes se concentrent sur le traitement des maladies non transmissibles, les consultations générales, les soins de santé reproductive, les soins des blessures, la physiothérapie, le dépistage de la malnutrition et les soins nutritionnels thérapeutiques pour les enfants de moins de cinq ans et les femmes enceintes et allaitantes. Le ministère de la Santé fournit des services de vaccination deux jours par semaine à la clinique.

Dès février 2025, les équipes de MSF constatent une augmentation du nombre de patients provenant des gouvernorats du nord de la bande de Gaza. Le personnel médical est débordé par le nombre élevé de patients, près de 400 par jour. Les stocks s'épuisent et la capacité de réponse aux besoins urgents est dépassée.

Au cours de la deuxième semaine de juin 2025, MSF, en collaboration avec le ministère de la Santé, a ouvert 13 lits supplémentaires afin de désengorger l'hôpital Al-Shifa en admettant des patients stabilisés qui doivent être hospitalisés 2 à 3 jours supplémentaires.

CENTRE DE SANTÉ SHEIKH RADWAN

MSF soutient le ministère de la Santé au centre de santé primaire de Sheikh Radwan, dans le service des urgences et le centre de stabilisation des traumatismes, en fournissant des soins médicaux et de traitement des blessures. Les équipes MSF assurent également la supervision technique et la formation du personnel.

MATERNITÉ AL HELOU

Depuis avril 2025, MSF soutient le ministère de la Santé à l'hôpital Al Helou, dans lequel le service de maternité de l'hôpital Al Shifa a été transféré. Dans le service de maternité, les équipes de MSF apportent leur soutien à la salle d'urgence obstétricale, au service de maternité, aux salles d'hospitalisation (31 lits), d'accouchement et aux blocs opératoires, ainsi qu'à l'unité de soins intensifs néonatals (12 lits), aux soins de santé mentale et à la promotion de la santé.

HÔPITAL AL-SHIFA

MSF travaillait à l’hôpital Al-Shifa avant la guerre et y a repris ses activités en octobre 2023.

L’hôpital a été mis à l’arrêt après que l’armée israélienne a massivement bombardé la zone autour de l'établissement. L'hôpital a été touché à plusieurs reprises, puis encerclé avant d'être évacué. En janvier 2024, le plus grand hôpital de la bande de Gaza s’était transformé en camp de déplacés, abritant quelque 50 000 personnes. 

Le 28 aout 2025, une partie de l’hôpital Al Shifa a réouvert. Il reste le principal établissement de soins secondaires du ministère de la Santé, desservant plus de la moitié de la population déplacée de Gaza. Sa capacité a été considérablement réduite, passant de 700 lits et 25 salles d'opération avant la guerre, à 150 lits et 5 salles d'opération en aout 2025, avec un taux d'occupation des lits de 250 %.

Pour répondre aux besoins urgents, MSF a ouvert une unité de soins hospitaliers de 40 lits, avec une salle d'opération intermédiaire pour les soins postopératoires traumatologiques et la prise en charge avancée des plaies.

  • Dans le centre

HÔPITAL AL-AQSA

MSF a commencé à travailler à l'hôpital Al-Aqsa, à Deir Al Balah, le 26 novembre 2023.
Le 6 janvier 2024, les équipes de MSF ont dû évacuer l'hôpital en raison des combats qui se déroulaient aux alentours.
Le 6 février 2024, les activités médicales ont repris.

Le samedi 24 août 2024, la ligne de front s’est rapidement approchée de l’hôpital Al-Aqsa. Le lendemain, un ordre d’évacuation émis par les forces israéliennes et une explosion à environ 250 mètres de l’hôpital ont poussé la grande majorité des 650 patients et des centaines de personnes qui s’y étaient réfugiées à fuir l’hôpital.

Le 14 octobre 2024, l’hôpital d’Al-Aqsa a de nouveau été atteint par une frappe aérienne israélienne, provoquant des scènes d’horreur puisque les tentes des gens qui se réfugiaient dans l’enceinte de l’hôpital ont pris feu. L’attaque a fait 65 blessés et 5 morts.

Début aout 2025, les équipes MSF ont repris en charge la salle d’urgence, un médecin urgentiste et un superviseur de l'équipe infirmière sont désormais présents tous les jours.

Après 15 mois de présence dans le service de traitement des plaies d’Al-Aqsa, MSF a déménagé la clinique de soins des plaies au centre de santé primaire du ministère de la Santé à Deir Al-Balah. L'équipe de soins des plaies effectue désormais des dépistages de malnutrition chez les enfants de moins de cinq ans.

HÔPITAL DE CAMPAGNE AL-ZAWAIDA, DEIR AL BALAH

Fin aout 2024, en réponse à la destruction du système de santé à Gaza, MSF a ouvert un hôpital de campagne à Deir Al Balah, en collaboration avec le ministère de la Santé. Le service des urgences, le service ambulatoire, le service hospitalier et les blocs opératoires, notamment ceux dédiés à la chirurgie orthopédique, vasculaire, générale et plastique, sont ouverts et opérationnels.

Le 7 avril 2025, des roquettes ont été lancées par le Hamas à proximité, mettant en danger les équipes MSF et les patients et conduisant à un ordre d'évacuation de la zone par les forces israéliennes, qui ont également mené des frappes près des hôpitaux Al Aqsa et Nasser.

Depuis fin juin 2025, à date de début septembre 2025, les besoins sont tels que l'hôpital de campagne a dû être agrandi pour accueillir 110 lits et ouvrir un troisième bloc opératoire. Malgré cela, le taux d'occupation des lits est constamment supérieur à 100 %.

HÔPITAL DE CAMPAGNE MFH - DEIR AL BALAH

Début juin 2025, après avoir dû évacuer des services de l'hôpital Nasser, les équipes MSF ont transféré certains services vers un hôpital de campagne à Deir Al-Balah afin d'y gérer les services de brûlés et d'orthopédie. Il dispose de 63 lits d'hospitalisation. MSF y propose également des services ambulatoires à la place de l'hôpital Nasser.

  • Dans le sud

HÔPITAL NASSER

L'hôpital Nasser est le plus grand centre chirurgical de Gaza encore partiellement opérationnel, ainsi que l’un des rares services de maternité et unités de soins intensifs pour enfants et nouveau-nés encore fonctionnels dans le sud. Son équipement spécialisé, comme les incubateurs, ne peut être déplacé.

À la mi-février 2024, le personnel de MSF de l’hôpital Nasser a été contraint de fuir et de laisser les patients derrière lui après qu'un obus a frappé l'hôpital et que les forces israéliennes ont ordonné l'évacuation de l'établissement avant de le prendre d'assaut. Mi-mai 2024, en collaboration avec le ministère de la Santé, MSF a relancé son intervention à Nasser, en se concentrant sur la chirurgie orthopédique et l'unité des grands brûlés. Les services de maternité, de soins intensifs néonatals et de pédiatrie ont démarré le 25 mai 2024.

Actuellement, en septembre 2025, le service de traumatologie traite 126 patients, tandis que le service des brûlés prend en charge 20 patients. Les équipes de MSF gèrent les quatre principaux services pédiatriques, qui comptent au total 108 lits, dont une unité de soins intensifs pédiatriques de neuf lits et une unité de soins intensifs néonatals de 23 lits. Le service ambulatoire pour les services spécialisés et les services de maternité, d'une capacité de 42 lits, comprennent des consultations spécialisées pour l'accouchement, les soins pré et post-partum, ainsi que des services de gynécologie et d'obstétrique. MSF gère également le service d'urgence pour la pédiatrie et la maternité, la prévention et le contrôle des infections, les soins de santé mentale et les activités de promotion de la santé.

MSF soutient le centre d'alimentation thérapeutique de 10 lits pour les enfants souffrant de malnutrition. Le 23 mars 2025, les forces israéliennes ont pris pour cible le service de chirurgie de l'hôpital, tuant deux personnes, selon le ministère de la Santé. Les équipes de MSF ont confirmé que plusieurs personnes ont été blessées lors de l’attaque, dont l'un a été admis dans notre unité de traumatologie, et que le bâtiment a été gravement endommagé.

Le 13 mai 2025, une frappe aérienne israélienne a visé l'un des bâtiments de l'hôpital de Nasser, tuant deux personnes et en blessant douze autres, selon le ministère de la Santé. L'équipe de MSF a pris en charge deux des blessés.

Le 25 aout 2025, les forces israéliennes ont tué au moins 20 personnes et blessé 50 autres lors de deux frappes successives sur l’hôpital, parmi lesquelles des soignants, des secouristes et des journalistes. Parmi les victimes figurait Mariam Abu Dagga, une photographe indépendante qui collaborait régulièrement avec MSF. Un membre du personnel de MSF a été blessé lors des attaques, souffrant de blessures au côté de la poitrine.

CENTRES DE SANTÉ KHAN YOUNÈS ET AL ATTAR

Entre mai et juin 2024, MSF a ouvert deux centres de santé primaire à Khan Younès. MSF propose des consultations médicales, des vaccinations, des soins de santé mentale, une prise en charge ambulatoire de la malnutrition (chez les enfants de moins de cinq ans et les femmes enceintes et allaitantes, ainsi qu'un centre de nutrition thérapeutique ambulatoire), des services de santé sexuelle et reproductive, la prise en charge des plaies, de la physiothérapie et de la promotion de la santé.

Depuis novembre 2024, MSF a élargi ses activités pour inclure un service d’urgence pour stabiliser les patients, qui fonctionne 24 heures sur 24.

CLINIQUE AL ATTAR

Depuis le 18 mars 2025, les équipes de MSF ont dû réduire leur capacité d'accueil à la clinique Al Attar de Khan Younès, à l'exception des urgences, en raison de la situation sécuritaire. Les équipes MSF fournissent des consultations générales, des vaccinations, des soins d'urgence et des soins des blessures, des soins prénatals et postnatals, des soins de santé mentale, des activités de promotion de la santé, des dépistage et soins de la malnutrition (soins ambulatoires pour les cas de malnutrition sévère et modérée, les nourrissons, les femmes enceintes et allaitantes et les filles, ainsi qu'un programme de lutte contre la malnutrition pour les enfants de moins de six mois). Un service d'urgence est également disponible 24 heures sur 24 pour stabiliser et orienter les patients.

CENTRE DE SANTÉ AL-MAWASI 

Ouvert en janvier 2024, les équipes de MSF y fournissent des services ambulatoires, notamment des consultations générales et pédiatriques, des vaccinations, des soins de santé sexuelle et reproductive, des soins des blessures, des services de santé mentale et de promotion de la santé ainsi que le dépistage et la prise en charge en ambulatoire de la malnutrition. Le centre de santé comprend un service d’urgence ouvert 24 heures sur 24 et 7 jours sur 7 pour stabiliser et référer les patients souffrant de traumatismes. Il propose également un dépistage de la malnutrition et un centre de traitement nutritionnel ambulatoire pour les enfants souffrant de malnutrition sévère et modérée, les nourrissons, les femmes enceintes et allaitantes et les jeunes filles, ainsi qu'un programme de lutte contre la malnutrition pour les enfants de moins de six mois.

Depuis l'avancée des troupes israéliennes dans la zone de Mawasi, en mars 2025, les équipes de MSF ont été contraintes d'évacuer le centre de soins de santé primaire et de suspendre leurs activités, en raison des tirs et des bombardements à proximité. Depuis avril 2025, elles ont pu reprendre une partie des activités.

 

+ Quelle est la situation de l’accès à l’eau potable et l’assainissement dans la bande de Gaza ? Quelles y sont les activités de MSF ?  

Depuis octobre 2023 Israël a endommagé deux des trois conduites d’eau alimentant Gaza. En aout 2025, on estime que 70 % de l'eau qui circule dans ces canalisations est perdue en raison de fuites causées par les bombardements. En conséquence, l’eau doit être distribuée par camions-citernes, provenant d’usines de dessalement. Sur les 196 usines de dessalement gérées par des organismes publics et des ONG, plus de 60 % sont hors service en raison de leur emplacement ou des dommages subis. Fin aout 2025, 86 % de la bande de Gaza était sous ordre de déplacement forcé par l’armée israélienne (OCHA), il est donc dangereux pour les camions-citernes de tenter d’atteindre les populations dans ces zones.  

Après 22 mois de destructions des infrastructures hydrauliques essentielles et de restrictions imposées par Israël à l’entrée d’eau dans la bande de Gaza, la quantité d'eau disponible dans l'enclave est dramatiquement insuffisante. MSF et d’autres organisations humanitaires seraient en mesure d'augmenter la quantité d'eau potable disponible dans la bande de Gaza, mais Israël bloque systématiquement les importations d'équipements essentiels au traitement de l'eau. Depuis juin 2024 et jusqu’à aout 2025, sur dix demandes d’importation de matériel pour la désalinisation de l’eau formulées par MSF, une seule a été approuvée.

En effet, les efforts humanitaires pour restaurer le système d'approvisionnement en eau sont fortement retardés par le système de pré-autorisation des articles dits ‘à double usage’ de la part des autorités israéliennes. La plupart du matériel dans le domaine de l'eau et de l'assainissement nécessitent une autorisation préalable ; c’est le cas du chlore, des pièces de rechange essentielles pour les unités de dessalement de l'eau, des générateurs, des pompes de forage et des réservoirs d'eau. De janvier 2024 à début mars 2025, sur les 1 700 articles d'eau et d'assainissement demandés par MSF dans le cadre du système ‘à double usage’, seuls 28 % ont été approuvés par les autorités israéliennes.

MSF mène des activités pour approvisionner la population en eau, grâce à l'acheminement de l'eau par camion et au soutien apporté aux usines de dessalement, elle fournit plus de 1 400 000 litres d'eau potable par jour. Les usines de dessalement que nous soutenons ont produit plus de 3,6 millions de litres par semaine au cours de la première quinzaine d'août 2025, ce qui couvre les besoins minimaux de plus de 87 000 personnes (à raison de 6 litres par personne et par jour).

Face à l’ampleur des besoins, cette aide est largement insuffisante. Le manque de savon et d'eau propre signifie une augmentation du nombre de personnes souffrant d'affections cutanées et de maladies hydriques. De janvier 2025 à mai 2025, les équipes de MSF ont fait plus de 959 100 consultations externes, dont presque un cinquième pour des problèmes liés au manque d'eau et d'hygiène, comme des infections du cuir chevelu, des maladies de peau comme la gale et des diarrhées aiguës. Au cours du seul mois de juillet 2025, les équipes médicales de MSF ont effectué plus de 1 000 consultations par semaine pour des cas de diarrhée aqueuse aiguë.

 

+ Comment se passe l'entrée de l'aide et des biens de première nécessité dans Gaza ? 

Entre le 2 mars et mai 2025, aucun camion commercial ou d'aide n'est entré à Gaza, ce qui constitue la plus longue période sans acheminement de biens et denrées dans le territoire depuis le début de la guerre. Après avoir imposé un siège complet à Gaza, les autorités israéliennes ont coupé, le 9 mars 2025, l'électricité nécessaire pour alimenter les usines de dessalement de l'eau. Ce blocus total de l'aide et de l'électricité prive la population de la plupart des services de base, ce qui équivaut à une punition collective. Ce siège total a épuisé les stocks de nourriture, de carburant et de médicaments. Début avril 2025, MSF était confrontée à des pénuries de médicaments pour le traitement de la douleur et des maladies chroniques, d'antibiotiques et de matériel chirurgical essentiel. Les hôpitaux dépendent des générateurs pour fonctionner, notamment pour les opérations et pour maintenir en vie les patients critiques.

Même si le blocus total est supposément levé depuis le 18 mai 2025, seule une quantité infime d’aide humanitaire a pu entrer dans la bande de Gaza. MSF a réussi à faire entrer seulement neuf camions de fournitures médicales, sous de lourdes restrictions. Aucun carburant n'est entré et la distribution de nourriture, que ce soit par le biais du programme américano-israélien (GHF) ou par les personnes qui attendent les rares camions humanitaires autorisés à entrer, et qui mène à des massacres mortels.

La Fondation Humanitaire de Gaza (GHF) a été créée le 27 mai 2025, dans le cadre du plan américano-israélien visant à instrumentaliser l'aide. Depuis, plus de 1 000 personnes ont été tuées et près de 7 200 blessées sur ces sites de distribution alimentaire alors qu'elles tentaient de recevoir de la nourriture. « Les quatre sites de distribution, tous situés dans des zones entièrement contrôlées par les forces israéliennes après que les habitants en ont été déplacés de force, ont la taille d'un terrain de football et sont entourés de postes d'observation, de talus de terre et de barbelés. Leur entrée clôturée ne permet qu'un seul point d'accès », expliquait Aitor Zabalgogeazkoa, coordinateur des urgences de MSF à Gaza, le 27 juin 2025. Conditionner cette distribution au déplacement forcé et au tri de la population, et l’assujettir aux objectifs d’occupation militaire de l’armée israélienne, sont un pas de plus dans la campagne de nettoyage ethnique des Palestiniens.

L'entrée de l’aide humanitaire ne doit en aucun cas être instrumentalisée pour servir des objectifs militaires. Les autorités israéliennes ont délibérément utilisé la privation alimentaire comme tactique contre les Palestiniens de Gaza. Elles ont transformé l’aide humanitaire en arme de guerre en refusant son accès à la population avant d’en acheminer une quantité ridiculement insuffisante, en violation flagrante du droit international humanitaire. Les principes humanitaires exigent que l’on apporte de l’aide à ceux qui en ont besoin dans le respect de leur dignité. L'aide doit être acheminée massivement, conformément à ces principes. La survie de la population de Gaza dépend du rétablissement immédiat d'un véritable système d'aide et d'un arrêt durable des attaques dont elle est victime.

Le déploiement de l’assistance humanitaire à destination de deux millions de personnes ne dépend pas seulement de l’arrêt des combats. Les routes, bâtiments et infrastructures civiles sont dans un état désastreux et le territoire a été plongé dans le chaos après le démantèlement des forces de maintien de l’ordre. L’insécurité ainsi que l’interdiction de travail faite à l’UNRWA, principal fournisseur d’aide aux Palestiniens de Gaza, représentent des obstacles de taille.

+ Où sont envoyés les patients gazaouis qui doivent être évacués ? Par quel biais se font les évacuations ?  

Depuis le 7 octobre 2023, plus de 156 700 personnes ont été blessées à Gaza par des attaques israéliennes ; parmi elles, à la date d'aout 2025, l’OMS considère que plus de 15 800 ont besoin d'une évacuation médicale urgente, pour pouvoir recevoir des soins à la hauteur de la gravité de leur situation ; cela inclut des blessés de guerre ainsi que des personnes atteintes par des maladies comme le cancer. Les forces Israéliennes n’autorisent pas ces transferts en nombre suffisant, et ne le font qu’en appliquant des critères opaques et arbitraires. Ces personnes doivent être évacuées de Gaza en urgence et leur accès à des structures médicales adéquates à l’étranger doit être facilité. 

Depuis le 7 octobre 2023, seulement 40 patients de Gaza ont pu rejoindre notre hôpital MSF, à Amman, en Jordanie. Là-bas, nos équipes prennent en charge les blessés grâce à des opérations de chirurgie reconstructrice, des activités de physiothérapie et des soins de santé mentale. Cela représente une goutte d’eau dans l’océan des besoins médicaux des Gazaouis.  

MSF appelle les autorités israéliennes à cesser les attaques sur le système de santé à Gaza, mais aussi à faciliter les évacuations médicales pour ceux dont la vie en dépend, y compris leurs accompagnants, et à ce que d'autres États reçoivent et facilitent les traitements en dehors de Gaza, tout en veillant à ce que toutes les références médicales, les patients et leurs accompagnants bénéficient d'un retour sûr, volontaire et digne à Gaza.

 

+ Quelle est la différence entre la situation à Gaza et celles observées par MSF dans de nombreux autres conflits ? 

Gaza était déjà un territoire occupé et sous blocus depuis 2007 et sa population dépendait déjà de l’aide extérieure à hauteur de 80 % de ses besoins. Depuis le 23 octobre 2023, la bande de Gaza a été soumise à un siège total et la guerre menée par Israël s’est traduite par une campagne ininterrompue de bombardements et de combats d’une intensité encore jamais vue sur une zone densément peuplée et enclavée.

Ce qui rend unique ce contexte humanitaire, c'est l'impossibilité pour la population de se mettre à l'abri, de fuir les bombardements de l'armée israélienne et les combats. Une grande partie des zones habitées, notamment dans le nord et le centre de la bande, ont pratiquement été effacées de la carte. Nos équipes, qui ont souvent une grande expérience des situations de conflit, nous rapportent n'avoir jamais vu un tel niveau de destruction et de violence. Ce qu’elles ont observé sur le terrain tout au long des presque deux ans de guerre génocidaire menée par l’armée israélienne sont des signes évidents de nettoyage ethnique alors que les Palestiniens ont été déplacés de force, pris au piège, affamés et bombardés.

 

+ Pourquoi témoigner publiquement ?  

Au-delà d’apporter une assistance humanitaire à celles et ceux qui en ont urgemment besoin, témoigner et alerter est l’une des missions que MSF s’assigne.   

Notre communication sur le conflit israélo-palestinien est basée - comme partout ailleurs sur nos terrains d’intervention - sur le témoignage direct issu de notre personnel sur place, des personnes à qui nous apportons des secours, et de leur entourage.   

Nous témoignons de ce que nous observons et constatons là où nous intervenons, et nous exprimons publiquement nos appels et nos demandes aux belligérants, aux acteurs politiques, et aux autres acteurs de l’aide. Nous nous adressons régulièrement aux pays alliés d'Israël comme les États-Unis et l’Allemagne. A ce titre, les bureaux MSF dans ces pays participent à cet effort, comme ce fut le cas pour cette initiative de plaidoyer menée aux États-Unis, avec des médecins MSF qui ont témoigné aux Nations unies et auprès de décideurs américains.     

MSF a adressé une lettre ouverte à Emmanuel Macron en décembre 2023 afin de demander un cessez-le-feu immédiat et durable à Gaza, ainsi que la fin des attaques indiscriminées et continues, la fin des déplacements forcés, la fin des attaques contre les hôpitaux et le personnel médical, et la fin du siège de Gaza.  

En février 2024, Christopher Lockyear, secrétaire général de Médecins Sans Frontières, est intervenu au Conseil de sécurité des Nations unies lors de sa réunion mensuelle sur Gaza. À cette occasion, il a, à nouveau, appelé à un cessez-le-feu immédiat et durable à Gaza. Il a également appelé à protéger les installations médicales, le personnel de santé et les patients (en savoir plus). 

En décembre 2024, MSF a publié son rapport « Gaza : survivre dans un piège mortel », qui récapitule les 12 mois de guerre et dénonce la campagne de destruction totale menée par Israël. Ce rapport est basé sur des données quantitatives et qualitatives collectées entre octobre 2023 et début octobre 2024, notamment des données médicales et logistiques de MSF ainsi que des entretiens menés avec le personnel médical et non médical de MSF et avec des patients.

En avril 2025, MSF a diffusé la plateforme gazainsidethewar.com qui rassemble les informations et les témoignages recueillis par ses équipes entre le 7 octobre 2023 et le 1er février 2025, et documente plus particulièrement les attaques contre le système de santé et les humanitaires, dont les équipes de MSF ont été les témoins et les victimes.

En aout 2025, un rapport de MSF, intitulé « This is not aid. This is orchestrated killing », documente les blessures et témoignages observés dans deux cliniques de MSF recevant régulièrement des afflux de victimes des violences survenues sur des sites de distribution de nourritures gérés par la Fondation humanitaire de Gaza (GHF).

Après presque deux ans de conflit, nous constatons que la guerre génocidaire menée contre la population de Gaza a été marquée par l’utilisation de la violence disproportionnée comme doctrine, et un mépris total pour la dignité humaine et la vie des Palestiniens, avec des violations constantes du droit international humanitaire. Les forces israéliennes ont mené des attaques aveugles qui ne font aucune distinction entre les cibles militaires et les vies civiles, accompagnées d’un discours public déshumanisant les Palestiniens et assimilant toute la population de Gaza au Hamas. La guerre menée par Israël prend la forme d’une punition collective de la population de Gaza, y compris par la privation de nourriture, d’eau, et d’autres biens de première nécessité, par le démantèlement systématique du système de santé par les forces israéliennes et par les déplacements forcés massifs et répétés de la presque totalité de la population, qui ont entraîné une explosion des besoins médicaux et humanitaires Les mesures demandées en janvier 2024 par la Cour internationale de justice visant à prévenir le risque d’un génocide dans la bande de Gaza n’ont jamais été adoptées par les Israéliens.  

Depuis la reprise des attaques israéliennes et l’imposition d’un blocus total de l’aide humanitaire le 2 mars 2025, la population Gazaouie est privée d’accès à la nourriture, à l’eau, aux soins médicaux et aux abris. La Fondation humanitaire de Gaza (GHF) créée le 27 mai 2025, dans le cadre du plan américano-israélien, vise à instrumentaliser l'aide. Conditionner la distribution au déplacement forcé et au tri de la population, et l’assujettir aux objectifs d’occupation militaire de l’armée israélienne, sont un pas de plus dans la campagne de nettoyage ethnique des Palestiniens. Israël poursuit sa campagne génocidaire en détruisant délibérément les conditions nécessaires à la vie. Nous assistons, en temps réel, à la création des conditions de l’éradication des Palestiniens à Gaza.

 

+ MSF fournit-elle des soins médicaux en Israël ? 

MSF ne gère actuellement aucun programme médical en Israël. Dans tout contexte, nous nous efforçons de répondre aux besoins de santé qui ne sont pas couverts par le système sanitaire du pays. Or, Israël dispose d’un système de santé solide capable de répondre aux plus graves urgences. 

MSF a toutefois proposé son soutien aux hôpitaux israéliens qui ont été amenés à traiter un grand nombre de blessés à la suite des massacres commis par le Hamas le 7 octobre. Les autorités israéliennes nous ont répondu, en la déclinant. 

Plus tard, nous avons réitéré aux autorités israéliennes notre proposition de venir en aide aux populations déplacées en Israël, dans le nord du pays, mais celle-ci n’a pas été retenue.

+ Quelle est la réaction de MSF suite à la publication d’un article dans le Journal Du Dimanche (3 novembre 2024) ?

Les éléments que le Journal du Dimanche présente comme des faits et comme point de départ de son "enquête" publiée dans son édition du 3 novembre 2024 sont un montage d’opinions, d’insinuations non étayées par des faits et d’allégations fausses que nous contestons. Nous avions d’ailleurs réagi en ce sens au moment de la publication d’une interview d’une personne se présentant comme un médecin ayant travaillé pour MSF dans votre journal le 9 juin, à la suite de laquelle nous avions adressé un courrier au Directeur de la rédaction. A ce jour, il n’a pas jugé opportun de nous répondre.

La démarche du JDD s'inscrit dans une campagne de décrédibilisation de la parole et du travail de Médecins Sans Frontières, ainsi que des autres ONG et organisations humanitaires présentes à Gaza, qui tentent de porter secours à la population et de rendre compte de l’horreur de cette guerre. Cette démarche n’est pas seulement nuisible à la réputation de MSF, elle est également dangereuse et irresponsable dans la mesure où elle soutient la rhétorique des autorités israéliennes justifiant les attaques contre les civils et les organisations humanitaires à Gaza.
 

+ Est-ce que MSF a pu constater la présence de combattants du Hamas au sein des hôpitaux de la bande de Gaza ?   

MSF ne dispose d’aucune information directe indiquant que les combattants du Hamas utilisent les hôpitaux de la bande de Gaza à des fins militaires. Si la présence de bases militaires et de combattants du Hamas dans les hôpitaux où nous travaillons avait été portée à notre connaissance, nous n’aurions pas maintenu d’activités sur place, pour des raisons évidentes de responsabilité et de sécurité de nos équipes. Nous avons déclaré publiquement et à l'intention des deux parties que ni les hôpitaux ni les espaces environnants ne doivent être utilisés à des fins militaires, car cela constituerait une menace directe pour les centaines de patients, le personnel médical et les milliers de civils qui se réfugient dans les hôpitaux. Il est également important de comprendre que les équipes MSF ne travaillent ou ont travaillé que dans une partie des grands complexes hospitaliers comme Al-Shifa et Nasser.

 MSF et les autres organisations humanitaires sont sommées de démontrer que des combattants du Hamas n'utilisent pas les hôpitaux à des fins militaires ; or, la charge d'apporter des preuves solides de cela revient à l'armée israélienne, qui justifie avec cet argument ses attaques contre les hôpitaux et les civils qui tentent d'y trouver refuge.

D’autre part, MSF travaille depuis de nombreuses années dans la bande de Gaza, en coordination avec le ministère de la Santé, qui fait partie de l’administration civile du Hamas. À Gaza comme dans tous nos autres contextes d’intervention, la coordination avec les autorités sanitaires locales est essentielle à la bonne conduite des interventions de l’association.  

 

+ Est-il possible que MSF emploie des personnes qui soutiennent le Hamas, le Jihad islamique ou tout autre groupe armé ?  

MSF n’employerait sciemment jamais une personne engagée dans des activités militaires. Tout employé qui serait lié à un groupe armé représente un danger pour notre personnel et nos patients. Partout où nous travaillons, nous demandons aux membres de notre personnel de s'engager à respecter la Charte de MSF, qui inclut le respect des principes humanitaires et de l'éthique médicale.

La manière dont les autorités israéliennes communiquent sur cette situation risque de mettre davantage en danger notre personnel et discrédite les travailleurs médicaux et humanitaires à Gaza et en Cisjordanie. Onze membres du personnel de MSF ont été tués à Gaza par l’armée israélienne depuis le 7 octobre 2023. Nous demandons que des enquêtes indépendantes soient menées afin de déterminer les responsabilités de ces attaques.

 

Que répondez-vous face aux accusations directes d’Israël à l’encontre de Fadi Al-Wadiya, l’un de vos employés tués en juin 2024 et suspecté d’être impliqué dans des activités militaires à Gaza ?   

Le 26 juin 2024, les autorités israéliennes ont diffusé sur les réseaux sociaux des éléments concernant l’employé de MSF Fadi Al-Wadiya, tué par les forces israéliennes le 25 juin, l'accusant d'être impliqué dans des activités militaires à Gaza. MSF est profondément préoccupée par ces allégations qu’elle prend très au sérieux. Nous n'avions aucune indication d’une éventuelle implication de Fadi Al-Wadiya dans des activités militaires. Nous n'emploierions jamais sciemment des personnes impliquées dans des activités militaires. Tout employé qui s'engage dans des activités militaires mettrait en danger notre personnel et nos patients en compromettant notre neutralité.

Bien que nous ayons demandé des éclaircissements aux autorités israéliennes, nous n'avons jusqu'à présent reçu aucune réponse formelle. À ce jour, les seules informations dont nous disposons sont celles qu'elles ont partagées via des publications sur les réseaux sociaux. MSF souhaite que toute la lumière soit faite sur cet assassinat et considère que seule une enquête indépendante permettra d’établir les faits. La frappe qui a tué Fadi Al-Wadiya a également tué quatre autres personnes, dont deux enfants.

La façon dont les autorités israéliennes choisissent de communiquer autour de cet événement met davantage en danger notre personnel et contribue à discréditer les travailleurs médicaux et humanitaires à Gaza et en Cisjordanie. Treize membres du personnel de MSF ont été tués à Gaza depuis le 7 octobre 2023 sans qu’aucune réponse formelle ne soit apportée à nos demandes d’explications.

 

+ Est-ce que MSF communique directement avec les autorités israéliennes et avec les autorités palestiniennes ? 

MSF est en communication régulière avec Israël via l’organisme de Coordination des activités gouvernementales dans les territoires (COGAT). Cette unité du ministère israélien de la Défense est chargée de superviser la politique civile en Cisjordanie, ainsi que de faciliter la coordination logistique entre Israël et la bande de Gaza.  

Pour ce qui est de Gaza, comme dans tous nos contextes d’intervention, MSF dialogue et coordonne ses activités avec les autorités en place. Nous travaillions donc déjà en collaboration avec le ministère de la santé palestinien avant cette guerre, nous continuons de communiquer avec les autorités locales pour coordonner nos activités sur le territoire.

 

+  Est-ce que MSF parvient à avoir des conditions d'hygiène suffisantes pour réaliser les opérations chirurgicales ?  

Avant la guerre et malgré le blocus, le système de santé gazaoui était relativement performant, avec du personnel bien formé et des standards de soins élevés, y compris en matière d'hygiène. Depuis le début du conflit, nos équipes médicales font face à des conditions de travail extrêmement difficiles. Les rares hôpitaux et établissements médicaux encore opérationnels ne peuvent pas faire face aux vastes besoins médicaux, laissant souvent les patients sans soins vitaux et mettant le personnel médical dans une situation de stress continu.

Les équipes médicales de MSF voient des patients mourir dans les hôpitaux, car les structures ne sont pas en mesure de faire face au nombre écrasant de patients ou n’ont pas les fournitures nécessaires pour prodiguer des soins. A de nombreuses reprises, le manque de matériel médical a poussé nos équipes à intervenir sans pouvoir assurer une qualité de soins suffisante pour les patients, en découpant les compresses en morceaux pour faire davantage de pansements ou en opérant des enfants sans anesthésie. Cependant, aujourd'hui et malgré les terribles conditions de travail, le personnel médical des hôpitaux gazaouis fait de son mieux pour préserver des standards de qualité. 

Au cours des presque deux ans de conflit, les forces israéliennes ont régulièrement encerclé des établissements médicaux, donné des ordres d’évacuation dans des conditions extrêmement dangereuses pour les patients et le personnel soignant, tiré sur des structures de santé, des patients et du personnel médical (dont beaucoup ont été tués), effectué des raids sur des hôpitaux et procédé à des arrestations arbitraires de personnel médical. Les attaques systématiques contre les établissements et le personnel de santé doivent cesser immédiatement. Les hôpitaux, les soignants, les ambulances et les patients ne doivent pas être pris pour cible. 

 

+ Votre personnel a-t-il été attaqué ?

Depuis le 7 octobre 2023, nous déplorons le décès de treize collègues. 

Le 6 novembre 2023, Mohamed Al Ahel, qui était technicien de laboratoire pour MSF depuis deux ans, a été tué avec plusieurs membres de sa famille, alors qu'il se trouvait chez lui dans le camp de réfugiés d'Al Shate au moment où la zone a été bombardée.  

Le 18 novembre 2023, Alaa Al Shawa, un infirmier volontaire travaillant à côté des équipes MSF à l’hôpital Al-Shifa, ainsi qu’un autre membre de la famille d’un employé de MSF sont décédés après une attaque contre un convoi de MSF des membres du personnel de MSF et leur famille. 137 personnes étaientbloquées depuis une semaine sans eau ni nourriture dans les locaux de MSF, situés près de l'hôpital Al-Shifa. Ils tentaient de rejoindre le sud de la bande de Gaza.  

Le 21 novembre 2023, le Dr Mahmoud Abu Nujaila et le Dr Ahmad Al Sahar, deux médecins MSF, ont été tués lors d’une frappe sur l’hôpital Al-Awda.

En décembre 2023, Reem Abu Lebdeh, membre du conseil d'administration de MSF Royaume-Uni et ancienne employée de MSF à Gaza, aurait vraisemblablement été tuée avec des membres de sa famille, lors de l'offensive israélienne à Khan Younis.  
Le 25 juin 2024, Fadi Al Wadiya, médecin, kinésithérapeute et père de trois enfants a été tué alors qu’il se déplaçait à vélo pour aller travailler à la clinique MSF. 

Le 10 octobre 2024, Nasser Hamdi Abdelatif Al Shalfouh, chauffeur MSF, est décédé le 10 octobre 2024, deux jours après avoir été blessé lors d’une explosion à Jabalia, localité située dans le nord de la bande de Gaza, lourdement attaquée par l’armée israélienne. Transféré à l'hôpital Kamal Adwan, il n'a pu recevoir les soins nécessaires faute de personnel et de capacité médicale. Il avait 31 ans et était père de deux enfants. 

Le 24 octobre 2024, Hasan Suboh est décédé lors d’une opération militaire de l’armée israélienne à Khan Younis, dans le sud de la bande de Gaza. Selon le ministère de la Santé, cette attaque a fait au moins 33 morts, dont 14 enfants. Agé de 41 ans, Hasan Suboh travaillait pour MSF depuis 2019. Il était marié et père de sept enfants. 

En décembre 2024, nous apprenions le décès de Bilal Okal, tué par les forces israéliennes à Jabaliya, dans le nord de Gaza, avec dix membres de sa famille. Ils s'étaient réfugiés dans leur immeuble après avoir été pris au piège dans une zone assiégée et pilonnée par les forces israéliennes. MSF avait perdu tout contact avec Bilal le 1er décembre 2024.

Le 18 mars 2025, Alaa Abd-Elsalam Ali Okal a été tué par une frappe aérienne israélienne sur l'immeuble dans lequel il vivait à Deir Al Balah, dans le centre de Gaza. Il avait rejoint MSF en tant que blanchisseur en septembre 2024 et jouait un rôle important dans le soutien aux patients de l'hôpital de campagne MSF de Deir Al Balah.

Le 1er avril 2025, MSF a appris la mort brutale de Hussam Al Loulou, tué lors d'une frappe aérienne israélienne, au sud-ouest de Deir Al Balah, à Gaza. Sa femme et sa fille de 28 ans qui se trouvaient avec lui ont également été tuées dans cette attaque. Hussam avait 58 ans, il avait rejoint MSF en décembre 2024 en tant que gardien à l'unité de soins d'urgence de MSF à Khan Younes. Il laisse derrière lui deux fils.

Le 3 juillet 2025, les forces israéliennes ont délibérément pris pour cible un groupe de personnes, dont Abdullah Hammad, hygiéniste pour MSF, sans avertissement, alors qu’il tentait désespérément de récupérer des sacs de farine sur un camion d'aide humanitaire à Khan Younès, dans le sud de la bande de Gaza. Au moins 16 personnes ont été tuées au total dans cette attaque, selon les équipes médicales de l'hôpital Nasser. Abdullah avait travaillé avec MSF à la clinique d’Al Mawasi pendant un an et demi, jusqu'au 30 juin 2025.

Le 16 septembre 2025, Hussein Alnajjar est mort des suites de ses blessures, causées par une frappe israélienne près de sa tente cinq jours plus tôt. Hussein Alnajjar travaillait pour MSF en tant qu’infirmier dans nos cliniques de Deir al-Balah et Khan Younes depuis janvier 2024. Auparavant, il avait travaillé aux côtés des équipes de MSF en tant que technicien en stérilisation dans le cadre d'un projet de soins de réhabilitation à l'hôpital Al-Awda. Il était marié et père de trois jeunes enfants.

Depuis le début de l’offensive israélienne le 7 octobre 2023, ni MSF, ni aucune organisation humanitaire n’avait la garantie d’être respectée ou protégée à Gaza. Par exemple, un convoi MSF a été la cible d’une attaque en novembre 2023 alors qu’il était clairement identifié et un abri MSF a été attaqué à Al-Mawasi en février 2024, alors même qu’il était aussi clairement identifié avec le logo de l’ONG, provoquant la mort de deux personnes et en blessant six autres.

Les zones soumises à un mécanisme dit de « déconfliction » ont fait l’objet de violations constantes et ne sont manifestement pas fiables. Des attaques des forces israéliennes contre des travailleurs humanitaires et des installations médicales ont été menées en toute impunité. 530 travailleurs humanitaires, pour la plupart palestiniens, ont été tués à Gaza, selon le bureau de coordination des affaires humanitaires de l’ONU (OCHA). Gaza étant sous siège total, les habitants, y compris le personnel MSF, n’ont, depuis presque deux ans, nulle part où aller pour échapper aux bombardements. Mener des campagnes de bombardements intensifs dans un environnement enclavé et densément peuplé revient à assumer un niveau très élevé de victimes parmi les civils. Les autorités sanitaires locales font état de plus de 62 120 morts, dont près d'un tiers sont des enfants et 156 700 blessés, au 20 aout 2025.

 

+ MSF compte-t-elle maintenir sa présence à Gaza ?  

MSF prévoit de maintenir son intervention humanitaire à Gaza, où quelque 1 000 de ses collaborateurs palestiniens sont présents

Les zones soumises à un mécanisme dit de « déconfliction » ont fait l’objet de violations constantes. Des attaques des forces israéliennes contre des travailleurs humanitaires et des installations médicales ont été menées en toute impunité.   

Le meurtre tragique de sept travailleurs humanitaires de World Central Kitchen (WCK) par l’armée israélienne le 1ᵉʳ avril 2024 à Gaza, dans un convoi clairement identifié, n'est malheureusement pas un incident isolé. Dernier exemple en date : le meurtre par les forces israéliennes d’un groupe de secouristes qui tentait de venir en aide à des civils pris dans des bombardements le 23 mars 2025, à Rafah, dans le sud de la bande de Gaza. Les corps de 15 secouristes et leurs ambulances détruites ont été retrouvés dans une fosse commune le 30 mars. Des preuves rendues publiques ont montré que les secouristes et leurs véhicules étaient clairement identifiables. Israël fait preuve d’un mépris délibéré et répété envers les missions médicales et humanitaires.

Du 7 octobre 2023 à aout 2025, 530 autres travailleurs humanitaires avaient été tués à Gaza, dont treize membres des équipes MSF. Les besoins médicaux et humanitaires à Gaza sont pourtant écrasants et les tentatives concertées visant à paralyser les principaux fournisseurs d’aide humanitaire, tels que l’UNWRA, ont reçu le soutien tacite de plusieurs États à l’échelle internationale.  

 

+ Pouvez-vous renouveler vos stocks ou avez-vous des pénuries ? 

Depuis la reprise des attaques israéliennes après le cessez-le-feu et l’imposition d’un blocus total de l’aide humanitaire entre le 2 mars et fin mai 2025, la population Gazaouie est privée de tout accès à la nourriture, à l’eau, aux soins médicaux et aux abris. Depuis fin mai, l'aide autorisée dans la bande de Gaza, largement insuffisante, n'est qu'un écran de fumée alors que le siège se poursuit. MSF a réussi à faire entrer seulement neuf camions de fournitures médicales, sous de lourdes restrictions. La diminution des stocks de carburant limite gravement la capacité de dessalement et de distribution de l'eau. Les centres de santé encore opérationnels – déjà largement insuffisants en nombre et en capacité pour répondre aux besoins de la population – continuent d’être attaqués et voient leurs stocks de médicaments et de fournitures essentielles s’épuiser.

La fermeture du poste frontière de Rafah, à la suite de l'offensive israélienne dans le sud de Gaza au début du mois de mai 2024, associée aux contrôles extrêmement stricts et basés sur des critères opaques, a considérablement congestionné le flux d'aide humanitaire passant par le point d'entrée de Kerem Shalom.

+ MSF s’appuie-t-elle sur les données de morbidité et de mortalité du ministère de la Santé palestinien ?  

Épicentre, la branche épidémiologique de MSF, a mené une enquête rétrospective de mortalité sur 2 523 membres du personnel MSF et leurs familles à Gaza, sur la période allant d'octobre 2023 à mars 2025. Elle révèle l'effroyable taux de mortalité résultant de la guerre totale menée par Israël, en particulier chez les enfants, et corrobore les chiffres fournis par le ministère de la Santé de Gaza. Par rapport aux estimations de ce dernier datant d'avant le 7 octobre 2023, le taux de mortalité est cinq fois plus élevé au sein de l’échantillon étudié. Pour les enfants de moins de cinq ans, la mortalité a été multipliée par dix. Pour les bébés de moins d'un mois, le taux de mortalité est six fois plus élevé. 

Les plus de 62 100 morts comptabilisés depuis le début de la guerre sont les décès directement liés au conflit. Ils ne prennent donc pas en compte tous les nombreux patients décédés par manque d’accès aux soins, dont l’importance est très difficile à estimer et pour lesquels nous n'avons pas d'éléments de première main. De plus, des milliers de personnes sont officiellement portées disparues. C’est pourquoi, de nombreux observateurs avancent que le nombre de victimes pourrait être largement sous-estimé.

MSF fournit une assistance médicale à Gaza depuis plus de deux décennies. De manière générale, lors des précédentes guerres dans la bande de Gaza, les données fournies par le ministère de la Santé local ont fourni des ordres de grandeur fidèles à la réalité. 

 

+ Quelle est la position de MSF sur la situation de l'UNRWA ?  

L'interdiction des opérations de l'UNRWA, votée le 28 octobre 2024 par la Knesset (le parlement Israélien), a un impact dévastateur sur la vie des Palestiniens : elle compromet les perspectives de survie des habitants de Gaza et a des conséquences désastreuses en Cisjordanie.

MSF dénonce cette loi, qui se traduit par l’interdiction d’une grande partie de l’aide vitale pour les Palestiniens et aggrave une situation humanitaire déjà catastrophique. L’UNRWA était le plus grand pourvoyeur de soins à Gaza, où plus de la moitié des habitants dépendaient de ses services, notamment pour le traitement des maladies chroniques, la santé maternelle et infantile ou la vaccination. Chaque jour, les équipes médicales de l'UNWRA assuraient plus de 15 000 consultations dans la bande de Gaza.

Ce vote vient s'ajouter aux innombrables obstacles physiques et bureaucratiques imposés par Israël pour limiter l'entrée de l’aide à Gaza. Il contredit les affirmations du gouvernement israélien selon lesquelles il facilite le déploiement de l'aide humanitaire dans la bande de Gaza. Cette loi va également à l’encontre des demandes formulées par la Cour internationale de justice le 26 janvier 2025. Depuis la reprise des attaques israéliennes le 18 mars 2025, et l’imposition d’un blocus total de l’aide humanitaire entre le 2 mars et fin mai 2025, la population Gazaouie était privée de tout accès à la nourriture, à l’eau, aux soins médicaux et aux abris. Depuis fin mai, l'aide autorisée à entrer dans la bande de Gaza, largement insuffisante, n'est qu'un écran de fumée alors que le siège se poursuit. La Fondation humanitaire de Gaza (GHF) créée le 27 mai 2025, dans le cadre du plan américano-israélien, vise à instrumentaliser l'aide. Conditionner cette distribution au déplacement forcé et au tri de la population, et l’assujettir aux objectifs d’occupation militaire de l’armée israélienne, sont un pas de plus dans la campagne de nettoyage ethnique des Palestiniens.

La communauté internationale, et en particulier les alliés d’Israël, doivent faire pression sur le gouvernement israélien afin d’obtenir un déploiement de l’aide humanitaire sans entraves et à la hauteur des besoins.

 

+ Clarification au sujet du tweet sur le bombardement de l’hôpital Al-Ahli Arab du 17 octobre 2023 

Bien que nous ayons immédiatement attribué à Israël la responsabilité du bombardement sur l’hôpital de Al-Ahli Arab qui s’est produit le 17 octobre 2023 en fin de journée à Gaza, entraînant la mort de plusieurs centaines de personnes, il est impossible pour MSF de dire avec certitude qui en est responsable. Seule une enquête indépendante permettra de l’établir.  

Entre le 12 et le 17 octobre 2023, les autorités israéliennes ont appelé à plusieurs reprises à l'évacuation des hôpitaux du nord de Gaza, en prévision de possibles bombardements. À cette date, l'OMS avait fait état de 52 attaques contre des structures de santé, et de 26 hôpitaux endommagés à Gaza.  

L’hôpital Ahli Arab avait déjà été touché par une attaque le samedi 14 octobre.  

Nous appelons au respect des civils et de la mission médicale. Les hôpitaux, les soignants, les ambulances et les patients ne peuvent pas être pris pour cible.  

 

+ Quelle est la position de MSF au sujet des otages retenus par le Hamas ?  

MSF n’est pas impliquée dans les négociations pour la libération d’otages, ni à Gaza ni ailleurs dans le monde. Cette activité fait partie notamment du mandat du Comité International de la Croix Rouge et du Croissant Rouge.  

Nous comprenons l’émotion et l’angoisse des familles des otages. Nous appelons toutes les parties au conflit à épargner la population civile où qu'elle se trouve. Le 18 octobre 2023, MSF a par ailleurs signé cette pétition, appelant à un cessez-le-feu immédiat dans la bande de Gaza, et également à une libération des otages.  

Notre communication sur le conflit israélo-palestinien est basée - comme partout ailleurs sur nos terrains d’intervention - sur le témoignage direct issu de notre personnel sur place, des personnes à qui nous apportons des secours, et de leur entourage. Nous témoignons de ce que nous observons et constatons là où nous intervenons, et nous exprimons publiquement nos appels et nos demandes aux belligérants, aux acteurs politiques, et aux autres acteurs de l’aide.  

 

+ Comment pouvez-vous affirmer que les hôpitaux ont été ciblés par l’armée israélienne ?   

Les témoignages que nous avons recueillis auprès de notre personnel médical dessinent ce qui relève d’une stratégie militaire assumée ciblant les structures de soin, basée sur l’argument qu’elles seraient utilisées en tant que structure militaire par le Hamas – ce dont les équipes MSF n’ont pas été témoins.  

Au cours des premiers mois de la guerre, dans le nord de la bande de Gaza, dans les hôpitaux d’Al-Shifa, Al-Quds et Al-Nasser, où intervenait du personnel MSF, la méthode appliquée par l’armée israélienne a consisté à bombarder lourdement les alentours des structures de santé, rendant impossibles les transferts de patients et l’accès pour les blessés et les civils en quête de soin et de protection. Elle a ensuite encerclé avec ses moyens terrestres les lieux de soins et demandé leur évacuation, alors même que des tirs et des combats actifs continuaient aux alentours. Des patients, des civils et du personnel médical ont été délibérément visés alors qu’ils tentaient parfois de s’en extraire comme il leur avait été demandé.

Les hôpitaux eux-mêmes ont aussi été touchés par des tirs. Le personnel médical s’est bien souvent retrouvé face à un choix impossible : sauver leur vie ou celle de leurs patients. Nous ne pouvons pas établir l’origine de chaque tir ou attaque sur ces hôpitaux. Mais nous savons que certaines attaques sont clairement attribuées à des chars, que seule l’armée israélienne possède. De plus, nous constatons que la stratégie militaire appliquée est similaire d’un hôpital à l’autre.

 

+ Demandez-vous une enquête sur ces attaques ?   

Les attaques sur les centres de santé, les patients et le personnel médical sont inacceptables. Nous estimons qu’il est crucial que les faits et les responsabilités soient établies sur ces événements, et nous pensons qu’il est nécessaire pour cela que des enquêtes indépendantes puissent être menées. 

 

+ Le 18 novembre 2023, un convoi tentant d'évacuer du personnel MSF et des membres de leur familles a été attaqué. De quels éléments MSF disposez-vous à ce sujet ?   

MSF avait informé le Hamas et les forces israéliennes de ce mouvement. Les voitures ont emprunté l'itinéraire indiqué par l'armée israélienne. Le convoi a atteint le dernier checkpoint près de Wadi Gaza où une foule attendait de pouvoir passer à ce moment-là, en raison des contrôles de sécurité longs et contraignants effectués par les soldats israéliens. Malgré les informations échangées avec l'armée israélienne, les membres du personnel MSF et leurs familles n'ont pas été autorisés à franchir le checkpoint. Après quelques heures d’attente, ils ont entendu des coups de feu, ce qui les a poussés à faire demi-tour et à retourner dans les locaux de MSF, situés à environ 7 kilomètres du checkpoint. Notre bureau à Jérusalem a informé les autorités israéliennes de la décision du retour de notre équipe dans la ville de Gaza. Sur le chemin du retour, le convoi, composé de cinq voitures, toutes clairement identifiées par des logos de l’organisation, y compris sur leur toit, a été délibérément ciblé par des tirs tuants deux personnes : un infirmier, membre de la famille d’un collègue, qui s’était porté volontaire et qui travaillait aux côtés de nos équipes à l’hôpital Al-Shifa, et qui est décédé immédiatement ; ainsi qu’un membre de la famille d’un autre de nos collègues, qui a succombé à sa blessure le 22 novembre 2023.  

 

+ Pourquoi affirmez-vous que les éléments dont vous disposez au sujet de l'attaque contre votre convoi le 18 novembre 2023 pointent vers la responsabilité de l’armée israélienne ?   

Nos collègues présents dans le convoi, dont nous avons recueilli les témoignages, ont vu des véhicules militaires et des soldats israéliens leur tirer dessus alors qu'ils traversaient la ville de Gaza à la suite d'une tentative d'évacuation vers le sud. Les forces israéliennes et le Hamas avaient tous deux autorisé le mouvement d'évacuation. Nous avions également prévenu les forces israéliennes du retour de notre équipe dans la ville de Gaza, car la tentative d’évacuation avait dû être abandonnée, l’armée israélienne n’ayant pas autorisé le passage du convoi au poste de contrôle séparant le nord et le sud de Gaza.   

Par ailleurs, l’armée israélienne a affirmé dans un communiqué, partagé avec le Washington Post le 23 novembre 2023, que des militaires étaient présents au moment de l’attaque et qu’ils avaient effectué des tirs de sommation à l’encontre des véhicules MSF. Nous considérons que tous les éléments dont nous disposons pointent vers une responsabilité de l'armée israélienne dans cette attaque meurtrière.   

Notes