Gaza : nos réponses à vos questions


Médecins Sans Frontières a reçu de nombreuses questions sur ses opérations humanitaires dans le cadre du conflit israélo-palestinien. Vous trouverez ci-dessous nos réponses pour décrypter au mieux nos actions et nos prises de paroles publiques. 
Cette page a été mise à jour pour la dernière fois le 28 novembre.

Vue des bureaux de MSF à Gaza
 © Yuna Cho/MSF
Vue des bureaux de MSF à Gaza © Yuna Cho/MSF

La situation humanitaire est désormais dramatique

Les massacres perpétrés par le Hamas depuis le samedi 7 octobre sont d’une ampleur et d’une brutalité inédite dans le conflit israélo-palestinien. Médecins Sans Frontières a offert son soutien aux hôpitaux israéliens, qui l’ont décliné.

La riposte d'Israël se traduit par une campagne ininterrompue de bombardements d’une intensité encore jamais vue sur une zone densément peuplée et enclavée comme Gaza : le nord de la bande est en train d’être effacé de la carte. Un siège complet est également imposé aux quelque 2 millions d’habitants de la bande de Gaza, qui dépendaient déjà à 80% de l’aide extérieur avant le 7 octobre, dans le contexte d’un blocus imposé par Israël et l’Egypte depuis 2007 sur ce territoire. Moins de 500 camions ont été autorisés à entrer dans Gaza au cours du premier mois de guerre, alors que cela correspondait au nombre de camions quotidiens auparavant. L’entrée de carburant nécessaire pour les générateurs et les infrastructures nécessaires à produire de l’eau potable n’est désormais autorisée qu’au compte-goutte par Israël après avoir été totalement interdite. Cela revient à consciemment infliger une punition collective à la population de Gaza, assimilée à une cible légitime.

De nombreux hôpitaux sont hors service et ceux qui parviennent encore à délivrer des soins le font avec une grande difficulté et un accès aux fournitures médicales extrêmement restreint. Les amputations et les opérations chirurgicales sont effectuées sans anesthésie appropriée. Le système de santé est confronté à un effondrement total alors que les autorités locales font état de plus 14 000 morts et de 33 000 blessés

Depuis quelques semaines, les attaques contre les hôpitaux, les ambulances et le personnel de santé sont devenues systématiques. Selon l’OMS, à la date du 22 novembre, plus de 178 attaques ont été commises sur des structures de santé conduisant au décès de plusieurs centaines de personnes, dont 22 travailleurs de santé alors en fonction. A l’hôpital al-Awda, le 21 novembre, trois médecins ont été tués lors d’une frappe qui a touché les 3e et 4e étage de l'établissement. Deux d'entre eux travaillaient pour MSF, le Dr Mahmoud Abu Nujaila et Dr Ahmad Al Sahar. Il y a eu aussi de nombreux blessés graves parmi les soignants dont du personnel MSF. Quant au complexe hospitalier d’Al-Shifa, qui était le plus important et le mieux équipé de Gaza, c’est désormais devenue une “zone morte” selon les Nations unies qui ont organisé l’évacuation des derniers blessés et malades vers l’hôpital indonésien, lui-même débordé et à peine fonctionnel. Après avoir subi d’intenses bombardements, Al-Shifa a été le lieu de violents combats avec l’entrée des forces israéliennes le 15 novembre. Du personnel MSF y a travaillé jusqu’au 18 novembre. 

Désormais, dans le nord de la bande de Gaza, seuls deux petits hôpitaux sont encore partiellement fonctionnels et reçoivent des patients, tandis que les 22 autres structures de santé sont hors de service.

Face à cette catastrophe humanitaire sans précédent, et au constat qu’aucun lieu sûr n’est proposé à la population Gazaouie - y compris dans le sud de la bande de Gaza, où elle a été appelée à se déplacer - Médecins Sans Frontières appelle à un cessez-le-feu immédiat, à la levée du siège et à la protection des structures médicales et du personnel médical.

Les activités de MSF

Cela fait 20 ans que des équipes MSF, composées d’expatriés internationaux et de salariés palestiniens, travaillent à Gaza, fournissant des soins médicaux et un soutien au système de santé qui manque cruellement de personnel et de fournitures médicales. Avant que la crise actuelle n’éclate, nos équipes intervenaient dans trois hôpitaux (Al-Shifa, Al-Awda et Al Nasser) et plusieurs cliniques ambulatoires, offrant une prise en charge globale aux personnes souffrant de brûlures et de traumatismes. À partir de 2018 et la répression brutale de l’armée israélienne sur les manifestants de la Marche du retour, nous avons lancé un programme de chirurgie reconstructive dans le nord de Gaza. En Cisjordanie, notre travail comprend le développement de services psychologiques et psychiatriques pour les personnes touchées par la violence, un soutien aux centres de santé communautaires et aux plans d'intervention d'urgence, ainsi que des soins de santé primaire dispensés par nos cliniques, en plus du soutien à l'hôpital de Jénine.

La capacité de MSF à intervenir à Gaza est cependant aujourd’hui largement réduite (voir plus bas)

Notre témoignage public

Au-delà d’apporter une assistance humanitaire à celles et ceux qui en ont urgemment besoin, témoigner et alerter est l’une des missions que MSF s’assigne.

Notre communication sur le conflit israélo-palestinien est basée - comme partout ailleurs sur nos terrains d’intervention - sur le témoignage direct issu de notre personnel sur place, des personnes à qui nous apportons des secours, et de leur entourage. 

Nous témoignons de ce que nous observons et constatons là où nous intervenons, et nous exprimons publiquement nos appels et nos demandes aux belligérants, aux acteurs politiques, et aux autres acteurs de l’aide.

Le personnel de MSF prépare une donation de médicaments pour le ministère de la santé à Gaza suite aux frappes aériennes israéliennes. 8 octobre 2023
 © MSF
Le personnel de MSF prépare une donation de médicaments pour le ministère de la santé à Gaza suite aux frappes aériennes israéliennes. 8 octobre 2023 © MSF

Questions fréquemment posées

+ MSF fournit-elle des soins médicaux en Israël ?

MSF ne gère actuellement aucun programme médical en Israël. Dans tout contexte, nous nous efforçons de répondre aux besoins de santé qui ne sont pas couverts par le système sanitaire du pays. Or, Israël dispose d’un système de santé solide capable de répondre aux plus graves urgences. 

MSF a toutefois proposé son soutien aux hôpitaux israéliens qui ont été amenés à traiter un grand nombre de blessés suite aux massacres commis par le Hamas le 7 octobre. Les autorités israéliennes nous ont répondu, en la déclinant.

+ Avez-vous évacué vos équipes ?

Après le jeudi 12 octobre et les appels de l’armée israélienne à la population à quitter le nord de la bande de Gaza, l’équipe internationale de MSF s’est déplacée dans le sud. 

Ces 22 membres du personnel international de MSF, qui n'avaient pas pu quitter Gaza depuis le 7 octobre, ont rejoint l’Égypte via le poste-frontière de Rafah le 1ᵉʳ novembre. Une nouvelle équipe MSF de 15 personnes, comprenant une équipe médicale spécialisée, est entrée le 14 novembre dans la bande Gaza et reprend des activités à l’hôpital Al Nasser à Khan Younis, dans le sud du territoire. 

 Nous avons encore quelque 300 collègues palestiniens dans la bande de Gaza. Nous tentons comme nous pouvons de les soutenir et de nous assurer de leur état de santé et de sécurité. Toutefois, les difficultés de communication dues aux coupures d’électricité et de réseau ne nous permettent pas de rester en contact avec tous. Nous savons que certains d’entre eux se sont déplacés vers le sud. D’autres sont restés sur place pour continuer à soigner là où ils le peuvent. D’autres encore sont piégés chez eux avec leur famille à cause de l’insécurité permanente. 

MSF tente depuis plusieurs jours de procéder à l’évacuation d’une partie de son personnel du nord de la bande de Gaza, sans toutefois y parvenir. Le 18 novembre 2023, deux membres de familles d’employés de MSF sont décédés suite à une attaque contre un convoi de MSF comprenant 137 personnes – des membres palestiniens du personnel MSF et leurs familles, bloqués depuis une semaine sans eau ni nourriture dans les locaux de MSF situés près de l'hôpital Al-Shifa.

Depuis le 7 octobre, nous déplorons le décès de trois collègues. Mohamed Al Ahel, qui était technicien de laboratoire pour MSF depuis deux ans, a été tué avec plusieurs membres de sa famille le 6 novembre, alors qu'il se trouvait chez lui dans le camp de réfugiés d'Al Shate au moment où la zone a été bombardée. Le 21 novembre, deux médecins MSF ont été tués lors d’une frappe sur l’hôpital al-Awda, Dr Mahmoud Abu Nujaila et Dr Ahmad Al Sahar.

Dans le contexte actuel de bombardements continus d’Israël, les civils n’ont plus aucun endroit où se réfugier. Il n’existe pas de “safe space” aujourd’hui à  pour la population gazaouie. Gaza étant sous siège total, les habitants, y compris le personnel MSF, n’ont nulle part où aller pour échapper aux bombardements. Mener des campagnes de bombardements intensifs dans un environnement enclavé et densément peuplé revient à assumer un niveau très élevé de victimes parmi les civils. Les autorités sanitaires locales font état de plus 14 000 morts et de 33 000 blessés

Les bombardements israéliens se poursuivent activement dans le sud, alors même qu’Israël a demandé à la population de s’y déplacer pour être à l’abri.

 

+ De quelle manière MSF intervient-elle à Gaza aujourd’hui?

Grâce à la présence de ses équipes sur place, MSF est intervenue immédiatement après le début de l’offensive israélienne le 7 octobre, en faisant don de matériel médical, en essayant de poursuivre ses activités existantes (prise en charge des brûlures et de traumatismes, chirurgie reconstructive) et en proposant son aide aux hôpitaux gazaouis débordés par le nombre de patients. Cependant, l’intensité des bombardements israéliens a rapidement limité la capacité des équipes à se déplacer, et donc à évaluer les besoins et à apporter leur aide. 

Plusieurs de nos 300 collègues palestiniens travaillent toujours dans les hôpitaux de Gaza, malgré les attaques qu’ils subissent, notamment à l'hôpital Al-Awda et à l'hôpital Al Nasser. Une nouvelle équipe internationale MSF de 15 personnes, comprenant une équipe médicale spécialisée, est entrée le 14 novembre dans la bande Gaza et reprend des activités à l’hôpital Al Nasser à Khan Younis, dans le sud du territoire.

Par ailleurs, le 29 octobre, MSF a envoyé 26 tonnes de fournitures médicales à bord d'un avion de l'Organisation mondiale de la Santé en Égypte, sous la coordination du Croissant-Rouge égyptien, pour soutenir la réponse médicale d'urgence à Gaza. Une partie de ces fournitures ont passé le poste-frontière de Rafah le 6 novembre.

Nous sommes prêts à augmenter ultérieurement notre capacité d’aide à Gaza, c’est pourquoi nous continuons à travailler à la préparation de davantage de fournitures médicales et humanitaires à envoyer dès que la situation le permettra.

+ Pouvez-vous renouveler vos stocks ou avez-vous des pénuries ?

Nous faisons face à des contraintes significatives pour nos stocks puisque la bande de Gaza est en état de siège. 

Les hôpitaux du ministère de la Santé rapportent des ruptures de nombreux médicaments et matériels médicaux. À l’hôpital Al-Shifa depuis mi-octobre, les collègues rapportent des pénuries d’anti-douleur, ils  nous parlent de blessés et patients qui hurlent de douleur, d’interventions chirurgicales réalisées avec des demi-doses d’anesthésiants.  

Le 29 octobre, MSF a envoyé 26 tonnes de fournitures médicales à bord d'un avion de l'Organisation mondiale de la Santé (OMS) en Égypte, sous la coordination du Croissant-Rouge égyptien (CRE), pour soutenir la réponse médicale d'urgence à Gaza. Ces fournitures médicales comprennent des médicaments d’urgence, des kits de traumatologie, des médicaments contre les maladies non transmissibles et d’autres médicaments vitaux. Compte tenu du nombre élevé de blessés arrivant dans les hôpitaux de Gaza et des graves lacunes, cette quantité de fournitures ne peut couvrir que quelques jours.

Bien qu’une partie de ces fournitures soit arrivée à Gaza le 6 novembre, le défi majeur est de pouvoir les acheminer là où elles sont le plus nécessaires, ce qui implique de traverser des zones extrêmement dangereuses. 

Nous travaillons en collaboration avec l’OMS et le CRE pour faciliter l’entrée d’un maximum de fournitures à Gaza le plus vite possible. Cependant, la situation reste difficile et l'organisation de ces livraisons dépend également de négociations plus larges concernant l'accès aux fournitures humanitaires, ainsi que de la coordination avec les autorités sanitaires de Gaza. 

Le siège complet de la bande de Gaza imposé par le gouvernement israélien provoque des effets catastrophiques, car la situation était déjà très précaire en termes humanitaires et en termes d'accès aux biens essentiels et aux médicaments. Selon l’OMS, à la date du 22 novembre, plus de 178 attaques ont été commises sur des structures de santé, qui ont conduit au décès de plusieurs centaines de personnes, dont 22 travailleurs de santé alors en fonction. Dans le nord de la bande de Gaza, seuls deux petits hôpitaux sont encore partiellement fonctionnels et reçoivent des patients, tandis que les 22 autres structures de santé sont hors de service. 

La réponse du gouvernement israélien aux attaques du Hamas ne peut pas être de priver d’aide et d’accès aux biens de première nécessité toute la population de Gaza, ce qui reviendrait à considérer tous ses habitants comme des combattants.

En particulier, l’accès à l’eau est particulièrement compromis aujourd'hui à Gaza, à cause notamment des pénuries en carburant. Mais l’accès à la nourriture et aux médicaments est également très précaire.

Les coupures d'électricité mettent à dure épreuve la capacité des hôpitaux à prendre en charge les blessés et les patients. Et faute de carburant, ils ne pourront pas assurer le fonctionnement des générateurs.

MSF demande que l’aide humanitaire dont la population a urgemment besoin puisse être acheminée de toute urgence à Gaza.

+ Est-il vrai que les Israéliens préviennent la population de Gaza avant de frapper ?

Israël a annoncé, lors de cette offensive comme lors des précédentes, prévenir systématiquement par sms, Facebook, téléphone ou d’autres moyens les personnes d’un quartier qui va être bombardé. Nous ne sommes pas en mesure d’évaluer si c’est toujours le cas. Et même si des alertes continuent à être diffusées par les autorités israéliennes, elles sont difficilement accessibles aux habitants de Gaza : en raison des fréquentes coupures d’électricité et de réseau, l’usage des téléphones portables et de tout autre moyen de communication reste extrêmement limité. 

De façon générale, ce genre de messages - qu’ils arrivent de jour ou de nuit - laissent très peu de temps aux gens pour fuir, et mener des campagnes de bombardements intensifs dans un environnement enclavé et densément peuplé revient à assumer un niveau très élevé de victimes parmi les civils. Ce sont, de fait, des bombardements indiscriminés.

Depuis jeudi 12 octobre, l’armée israélienne a appelé la population à quitter le nord de la bande de Gaza et à se déplacer dans le sud, pour sa sécurité. Cependant, même le sud, présenté par Israël comme un lieu sûr, est bombardé. 

MSF demande la mise en place de toute urgence de cessez-le-feu et la définition de lieux sécurisés et épargnés par les bombardements dans la bande de Gaza.

+ Clarification au sujet du tweet de MSF du 17 octobre

Bien que nous ayons immédiatement attribué à Israël la responsabilité du bombardement sur l’hôpital de Ahly Arab qui s’est produit le 17 octobre en fin de journée à Gaza, entraînant la mort de plusieurs centaines de personnes, il est impossible pour MSF de dire avec certitude qui en est responsable. Seule une enquête indépendante permettra de l’établir. 

Entre le 12 et le 17 octobre, les autorités israéliennes ont appelé à plusieurs reprises à l'évacuation des hôpitaux du nord de Gaza, en prévision de possibles bombardements. À cette date, l'OMS avait fait état de 52 attaques contre des structures de santé, et de 26 hôpitaux endommagés à Gaza. L’hôpital Ahli Arab avait déjà été touché par une attaque le samedi 14 octobre. 

Nous appelons au respect des civils et de la mission médicale. Les hôpitaux, les soignants, les ambulances et les patients ne peuvent pas être pris pour cible.

+ Que se passe-t-il en Cisjordanie ?

Des affrontements ont éclaté dans presque toutes les villes de Cisjordanie, notamment à Hébron, Ramallah et Naplouse. Au 22 novembre, le nombre de morts dans cette région s’élevait à 201, tandis qu’on recensait plus de 2 800 blessés, selon le bureau des affaires humanitaires de l’ONU. 271 attaques de colons contre des Palestiniens, qui ont fait des victimes ou des dégâts matériels, dont près de la moitié ont impliqué les forces israéliennes, ont été recensées. Au 21 novembre, l’OMS a recensé 171 attaques sur des structures de santé en Cisjordanie, notamment des obstructions à la fourniture de soins de santé, des violences physiques à l'encontre d'équipes de santé, la détention de personnel de santé et d'ambulances.

Dans le camp de réfugiés de Jénine, MSF est intervenue deux fois après une attaque aérienne le 25 octobre et une incursion israélienne le 27 octobre. Dans les deux cas, de nombreux blessés dans un état grave ont été prise en charge à l'hôpital. Le 27 octobre, une ambulance a également été la cible de tirs alors qu'elle tentait de secourir des blessés.

L'équipe MSF à Hébron est en contact avec le ministère de la Santé et les hôpitaux de Cisjordanie pour évaluer quotidiennement leurs besoins. En attendant, nous préparons quelques dons à livrer aux établissements de santé. De plus, nous fournissons à distance à la population un support psychologique. MSF est présente dans les territoires palestiniens occupés depuis 1989. 

+ Que demande MSF ?

Nous appelons à la mise en place d’un cessez-le-feu immédiat à Gaza pour épargner la population et permettre l’acheminement de secours humanitaires. Nous appelons aussi au respect de la mission médicale. Les hôpitaux, les soignants, les ambulances et les patients ne peuvent pas être pris pour cible.

Nous appelons ce que les personnes qui souhaitent fuir puissent le faire par le point de passage de Rafah. Médecins Sans Frontières demande que ses collaborateurs palestiniens qui souhaitent partir puissent être évacués.

Nous constatons des pénuries de fournitures médicales essentielles dans les hôpitaux. Il est urgent de faciliter l’entrée massive de matériel médical et de médicaments dans la bande de Gaza. Avant le 7 octobre, entre 300 et 500 camions d'approvisionnement entraient chaque jour à Gaza, où la majeure partie de la population dépendait déjà de l’aide humanitaire. Seuls 450 camions sont entrés depuis le début des bombardements – une réponse largement insuffisante face à des besoins qui augmentent à Gaza.

Nous appelons également de toute urgence au rétablissement d’un accès à l’eau potable suffisant et immédiat pour la population de la bande de Gaza.

+ Quelle est la position de MSF au sujet des otages retenus par le Hamas?

MSF n’est pas impliquée dans les négociations pour la libération d’otages, ni à Gaza ni ailleurs dans le monde. Cette activité fait partie notamment du mandat du Comité International de la Croix Rouge et du Croissant Rouge. Nous appelons toutes les parties au conflit à épargner la population civile où qu'elle se trouve. Le 18 octobre, MSF a par ailleurs signé cette pétition, appelant à un cessez-le-feu immédiat dans la bande de Gaza, et également à une libération des otages.

Nous comprenons l’émotion et l’angoisse des familles des otages. Notre communication sur le conflit israélo-palestinien est basée - comme partout ailleurs sur nos terrains d’intervention - sur le témoignage direct issu de notre personnel sur place, des personnes à qui nous apportons des secours, et de leur entourage. Nous témoignons de ce que nous observons et constatons là où nous intervenons, et nous exprimons publiquement nos appels et nos demandes aux belligérants, aux acteurs politiques, et aux autres acteurs de l’aide.

+ Que signifie être une organisation médicale humanitaire indépendante et impartiale ?

MSF fournit des soins médicaux à toute personne qui en a besoin, sans distinction de race, de religion ou d'affiliation politique. Nous appelons toutes les parties au conflit à assurer la sécurité des civils, des installations médicales et du personnel. Les hôpitaux doivent rester un sanctuaire pour les personnes en quête de soins.

+ Quelles informations avez-vous sur la présence du Hamas et des otages à l’hôpital Al-Shifa ?

Nous sommes conscients des allégations d'Israël concernant la présence d'un centre de commandement du Hamas sous l'hôpital Al-Shifa et dans les établissements de santé en général. MSF ne dispose pas d'informations sur cette présence : nos équipes ont travaillé pour fournir des soins de santé et ont en revanche vu l'hôpital déborder de patients et de civils déplacés cherchant à s'abriter des bombes. Nous avons été profondément alarmés par ces allégations, car nous savions que les opérations militaires menées à l'intérieur ou aux alentours de l'hôpital constitueraient une menace directe pour les centaines de patients, le personnel médical et les milliers de civils hébergés à Al-Shifa. Les hôpitaux, le personnel médical et les patients doivent être respectés en toutes circonstances.

Depuis que nous travaillons à Al Shifa, nous n'avons jamais eu connaissance de la présence d'armes à l'intérieur de l'hôpital. Nous savons que lorsque les forces israéliennes sont entrées dans le bâtiment, des centaines de patients, de membres du personnel médical et de personnes déplacées se trouvaient encore à l'intérieur. 

Concernant la vidéo diffusée par l’armée israélienne montrant que des otages du Hamas ont été emmenés à l’hôpital Al-Shifa, nous n'avions pas connaissance de la détention ou du passage d'otages à Al-Shifa pour recevoir des soins. Il est également important de considérer que le nombre de personnels MSF travaillant à l’hôpital Al-Shifa - qui est constitué de plusieurs bâtiments séparés, et abrite des centaines de lits - a été extrêmement réduit à partir du 7 octobre, en raison notamment de l’insécurité et de la difficulté à se déplacer. Notre travail en tant que médecins est de fournir des soins de santé à toutes les personnes qui en ont besoin. C'est un principe fondamental de l'éthique médicale et, conformément à ces principes, MSF fournit des soins médicaux dans le meilleur intérêt des patients et sans agir sous la contrainte.