République centrafricaine : des besoins critiques dans l’Est du pays

Dépistage de la malnutrition  Hôpital de Paoua  Janvier 2013
Dépistage de la malnutrition - Hôpital de Paoua - Janvier 2013 © Corentin Fohlen /Divergence

Depuis début mai, une évaluation de la situation sanitaire et des besoins médicaux est en cours dans l’Est de la République centrafricaine (RCA), une zone particulièrement touchée, fin 2012-début 2013, par l’offensive de la Séléka. Alors que l’effondrement des structures de santé a été aggravé par les violences, des risques sanitaires émergent. Le point avec Brigitte Doppler, infirmière, en charge de cette évaluation.

« 200 000 personnes auraient été déplacées lors de l’offensive de la Séléka, selon OCHA*, essentiellement dans les zones centrales du pays. Nous avons décidé d’évaluer les besoins dans la « région sanitaire 4 », (à Bambari et Grimari) et dans la « région sanitaire 5 », (à Bria, Ouadda, Yalinga, Ouandja –Djalle et Birao). Cette évaluation a pour but de définir une zone où notre intervention serait pertinente et pourrait être déployée rapidement, idéalement avant que les routes ne soient plus praticables avec l’arrivée de la saison des pluies en juin.

La situation sanitaire est critique. Du fait de l’insécurité et de la fuite des populations, les champs ont été moins cultivés et la prochaine récolte (prévue en septembre) s’annonce déficitaire. Le risque de crise nutritionnelle est réel. Par ailleurs, une recrudescence du nombre de cas de paludisme a été signalée par les autorités sanitaires des zones que nous avons visitées. Avec l’arrivée de pluies, les mouvements de population et le manque de médicaments, des épidémies de paludisme et de maladies à transmission féco-orale (pathologies diarrhéiques comme le choléra par exemple) sont à craindre. Sur Bambari, on note aussi une augmentation des cas de typhoïde.

L’effondrement des structures sanitaires et le manque d’accès aux soins ont été amplifiés par les violences, pillages et exactions qui ont eu lieu lors de l’offensive de la Séléka. La plupart du personnel a déserté les centres de santé pour se réfugier en brousse ou rejoindre Bangui, la capitale. Presque toutes les structures ont été pillées. Le programme de vaccination de routine a été interrompu faute de moyens pour assurer la chaîne du froid, ou parce que le matériel et les véhicules ont été volés ou détruits. Hormis les donations faites par MSF, l’approvisionnement en médicaments et matériel médical a été interrompu. Ainsi, il y a une totale pénurie de poches à sang. Lors de notre visite à l’hôpital de Bria, trois enfants ont succombé à une anémie sévère parce qu’ils n’ont pas pu être transfusés…

Bambari a bénéficié de donations. Le personnel médical est revenu, l’hôpital n’a pas été pillé et est fonctionnel. Le 30 mai, MSF a fait une donation au centre de santé de Grimari et à l’hôpital de Bambari (poches à sang, petit matériel de bloc opératoire, tests de dépistage et traitements pour le paludisme, antibiotiques).

En revanche, Bria est totalement à l’abandon. Dans la « région sanitaire 5 », les distances séparant les structures de santé sont importantes et les routes impraticables de juin à août, à cause des pluies. Depuis la donation faite par MSF en décembre 2012, aucun médicament n’est parvenu sur place. Presque toutes les structures de santé ont été pillées et fermées, le matériel a été volé. Il n’y a plus aucune ambulance. Le personnel de santé a fui. Le paludisme représenterait  82% des causes de consultations à l’hôpital. Les prix des produits de première nécessité ont doublé, voire triplé. MSF va effectuer des donations (kits d’urgence pour 10 000 personnes et pour 3 mois, médicaments, tests de dépistage et traitements pour le paludisme, antibiotiques, poches à sang…) afin de réapprovisionner les centres de santé et l’hôpital avant que la zone ne soit plus carrossable. Deux véhicules MSF seront utilisés pour assurer les distributions de Bria vers les structures périphériques accessibles ; les autres seront approvisionnées par des motos ou à dos d’homme. Nous fournirons également du carburant aux équipes sanitaires locales afin qu’elles puissent relayer ces distributions dans les localités où, du fait de l’insécurité, nos équipes ne peuvent pas se rendre.

Enfin, nous allons suivre de près la situation épidémiologique et nous tenir prêts à réagir en cas de flambée de paludisme, choléra, malnutrition, méningite, poliomyélite etc. D’autres missions exploratoires sur d’autres zones et d’autres possibilités d’intervention sont en cours ou à l’étude. »


Depuis 1996, MSF travaille en RCA. L’organisation est présente sur l’ensemble du pays - quelle que soit la partie au conflit contrôlant la région - et mène 8 projets dans 5 des 7 districts sanitaires du pays. MSF soutient 7 hôpitaux et environ 38 centres de santé : soins de santé primaire, traitement du VIH et de la tuberculose ainsi que de la malnutrition, maladies négligées, vaccination, chirurgie etc.

* Office for the Coordination of Humanitarian Affairs

Prise en charge du palu : la priorité de MSF en RCA

A Paoua, de janvier à mai 2013, plus de 15 600 cas ont déjà été diagnostiqués et pris en charge dans nos consultations. 468 patients ont du être hospitalisés dont 425 en pédiatrie ; parmi ces enfants, 6.1% sont décédés. Enfin, 1 236 femmes enceintes souffrant du paludisme et suivies en consultation anténatales ont été soignées.

 

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