L’accès humanitaire au nord-ouest de la Syrie doit rester ouvert

Un patient atteint de choléra dans le gouvernorat d'Idlib
Un patient atteint de choléra dans le gouvernorat d'Idlib © MSF

Médecins Sans Frontières (MSF) demande au Conseil de sécurité des Nations unies de renouveler et de prolonger la résolution sur la frontière syrienne (Résolution 2642) pour au moins 12 mois, afin de permettre l'approvisionnement continu du nord-ouest de la Syrie en aide humanitaire. 

Equipements vitaux

« Si le Conseil de Sécurité ne renouvelle pas la résolution transfrontalière, ou s’il la renouvelle pour moins de 12 mois, des millions de personnes verront leur accès à l’eau, à la nourriture et aux soins médicaux diminuer » dit Francisco Otero y Villar, chef de la mission MSF en Syrie.

Aujourd'hui, Bab Al-Hawa est le seul point de passage humanitaire ouvert au nord-ouest de la Syrie à la frontière avec la Turquie. Pour les 4,4 millions de personnes qui vivent dans cette région surpeuplée du pays, l’aide transfrontalière reste cruciale, car il n’existe pas d’alternative équivalente pour faire entrer les denrées et équipements vitaux dans cette zone, où 2,4 millions de personnes en bénéficient directement chaque mois.

En juillet 2022, le Conseil de Sécurité a renouvelé la résolution transfrontalière pour seulement six mois, après de multiples discussions et un véto de la Russie contre un renouvellement d’un an. Malheureusement, ce vote crucial pour la Syrie est devenu l’outil d’une négociation politique cynique. La résolution sera à nouveau soumise à un vote le 10 janvier 2023 avec le risque d’aboutir à la fermeture de ce dernier point d’entrée humanitaire au nord-ouest de la Syrie.

En 2022, la très grande majorité de l’approvisionnement humanitaire de MSF pour le nord-ouest de la Syrie est passée par Bab Al-Hawa. « Changer notre manière d’acheminer l’aide dans la région a un prix, et cela touchera les opérations des autres organisations », explique Francisco Otero y Villar. « Cela veut que des hôpitaux fermeraient parce qu’il ne peuvent pas payer les gens qui y travaillent, que les cliniques et les centres de soins fonctionneront sans médicaments de base comme l’insuline. »

1,8 millions de déplacés

Pour l’heure, le passage de Bab Al-Hawa est le moyen le plus rapide, efficace, transparent, et le moins coûteux de faire entrer de l’aide humanitaire au nord-ouest de la Syrie. C’est cet influx continu et indispensable de l’aide qui est mis en péril avec la remise en jeu de la résolution 2642. « Nous n’avons pas le choix. Bab Al-Hawa doit demeurer ouvert », affirme le chef de mission MSF.

Sur le terrain, le risque d’un non-renouvellement de la résolution crée déjà des césures dans les projets financés par les organisations humanitaires. Malgré la détérioration de la situation médicale, malgré 1,84 million de personnes déplacées dont 80% de femmes et d’enfants, les organisations non-gouvernementales peinent encore à trouver les fonds nécessaires à leurs opérations.

« L'approvisionnement impartial en soins médicaux doit être garanti où qu’il soit nécessaire ». L’option de faire passer l’aide humanitaire par Damas et par le gouvernement syrien n’offre pas de garanties et ne constitue pas une alternative satisfaisante à la route de Bab Al-Hawa. 

Après 12 années de guerre, les besoins en assistance humanitaire et en soins de santé dans le nord-ouest de la Syrie dépassent ce que peuvent fournir les organisations humanitaires, même avec le mécanisme transfrontalier en place. Leur réponse aux besoins des personnes, particulièrement en alimentation et en soins, est diminuée par la crise économique prolongée, les combats sporadiques, et une réduction des financements humanitaires sur le long terme.

Une épidémie de choléra déclarée en Syrie depuis le mois de septembre, mettant en danger des milliers de personnes, est le plus récent exemple de cette crise au long cours. Si les combats au nord de la Syrie devaient à nouveau augmenter en intensité, un nouveau flux de déplacés sur le nord-ouest du pays alourdirait encore le fardeau humanitaire dans la région.

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