Mozambique : « nous avons dû fuir à nouveau les attaques car ils nous avaient retrouvés »

Stade de la ville de Pemba. Des centaines de personnes sont arrivées dans la capitale de l'État de Cabo Delgado, après avoir fui les attaques menées par le groupe Al-Shabaab dans la ville de Palma. Mozambique. 2021. 
Stade de la ville de Pemba. Des centaines de personnes sont arrivées dans la capitale de l'État de Cabo Delgado, après avoir fui les attaques menées par le groupe Al-Shabaab dans la ville de Palma. Mozambique. 2021.  © MSF

Le 24 mars, le groupe armé Al-Shabaab a violemment attaqué la ville de Palma, dans l’État de Cabo Delgado au Mozambique. Magrete a fui la ville avec sa famille, laissant tout ce qu’elle possédait derrière elle pour sauver sa vie. Elle s’est réfugiée dans la ville de Pemba, où les équipes MSF interviennent et ont recueilli son témoignage.

J'ai reçu un appel de mon mari vers 15 heures le 24 mars. Il m'a prévenue que la situation était mauvaise et que je devais quitter notre maison avec nos enfants et le rejoindre sur son lieu de travail. Avant même que nous quittions la maison, j’entendais déjà le bruit des coups de feu dans la ville. Nous avons couru jusqu’au bureau de mon mari et nous nous sommes cachés dans la cour avec d’autres personnes.

Nous avons ensuite compris que nous n’étions pas en sécurité. Mon mari nous a aidés, les enfants et moi, à franchir la clôture et nous nous sommes tous enfuis. Certaines personnes n’ont pas réussi à s’échapper. Nous ne savons pas ce qui leur est arrivé, si elles sont mortes ou si elles ont été kidnappées.

Nous sommes restés deux jours à la périphérie de Palma, près de la plage. Le troisième jour, nous avons dû fuir à nouveau les attaques car ils nous avaient retrouvés. Nous avons couru le long de la plage en direction du Sud. D’autres, ont préféré se jeter à l’eau, mais nous ne les avons jamais vus ressortir. Pendant des jours, nous n’avons rien mangé. Nous avons bu l'eau des petits ruisseaux et des étangs que nous avons trouvés en cours de route.

Mon mari, mes deux fils et moi, sommes arrivés à Afungi, située à une dizaine de kilomètres de Palma. Des bateaux transportaient les personnes qui avaient fui l’attaque, mais ils ont dit que mon mari devait attendre le lendemain, car ils donnaient la priorité aux femmes et aux enfants.

Magrete a dû fuir la ville de Palma et s'est réfugiée dans la ville de Pemba. Mozambique. 2021. 
 © Amanda Furtado Bergman
Magrete a dû fuir la ville de Palma et s'est réfugiée dans la ville de Pemba. Mozambique. 2021.  © Amanda Furtado Bergman

Nous avions peur à Palma. Nous savions que d'autres villages avaient été attaqués. J'ai perdu contact avec mes parents qui vivaient à Quinina, dans le district de Nangade [qui a été attaqué à plusieurs reprises depuis 2018]. Mon neveu a été kidnappé à Palma et nous ne savons pas où il est. Et maintenant, j'ai perdu contact avec mon mari aussi. Il a un téléphone portable, mais je n’ai pas pu le joindre depuis mon arrivée à Pemba. Je ne sais pas où il se trouve ni dans quel état il est.

Je vais attendre quelques jours, mais si je ne peux pas entrer en contact avec mon mari, je devrais chercher de l'aide pour me rendre à Mueda. Je vais essayer de trouver des parents et chercher des personnes qui pourraient avoir de ses nouvelles. Je veux retrouver mon mari pour que nous puissions avancer dans nos vies. J’aimerais aussi demander de l’aide pour les personnes laissées pour compte à Afungi. Elles doivent être amenées ici.

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