Soudan : MSF contrainte de suspendre ses activités dans le seul hôpital fonctionnel de Wad Madani en raison d'obstructions et de blocages

Faces and Voices from Wad Madani 19
Camp Fadasi, à Wad Madani  dans l'État d'Al Jazirah  © Fais Abubakr

Médecins Sans Frontières (MSF) a été contrainte de suspendre ses activités au sein de l'hôpital universitaire de Madani, le seul hôpital fonctionnel dans la capitale de l'État d'Al Jazirah, au Soudan, laissant des centaines de milliers de personnes sans assistance. Cette décision extrêmement difficile intervient après plus de trois mois de difficultés incessantes, parmi lesquelles l'incapacité d’acheminer des fournitures médicales et de faire venir du personnel dans la région ; et des incidents à répétition affectant notre capacité à fournir des soins médicaux. 

MSF appelle les parties belligérantes à garantir l’intégrité des établissements de santé, la sécurité du personnel médical. MSF appelle également les autorités militaires et civiles dirigées par le gouvernement soudanais à accorder les autorisations de circulation nécessaires à son personnel, ainsi que les autorisations d’acheminement de fournitures médicales. 

« Le système de santé et les services de base dans l'État d'Al Jazirah se sont effondrés à cause des combats et du blocage systématique des fournitures et du personnel entrant dans la zone », explique Mari Carmen Viñoles, responsable des opérations de MSF au Soudan. « MSF était la seule ONG internationale à apporter du soutien à Wad Madani »

Mi-décembre 2023, les combats ont atteint Wad Madani, la capitale de l'État d'Al Jazirah située à 136 kilomètres au sud-est de Khartoum. Selon l'Organisation internationale pour les migrations (OIM), au moins 630 000 personnes ont été forcées de fuir la zone vers d'autres régions du Soudan. Parmi elles, beaucoup avaient déjà été déplacées. Fin décembre, MSF a évacué tout son personnel de Wad Madani à la suite de l'offensive du groupe paramilitaire des Forces de soutien rapide (RSF) dans la ville, jusqu'alors contrôlée par les Forces armées soudanaises (SAF) dirigées par le gouvernement. 

Le 13 janvier, MSF a pu renvoyer une équipe à Wad Madani, qui était autrefois l'une des villes les plus peuplées du Soudan. 

Entre mi-janvier et fin avril, MSF a assuré près de 10 000 consultations ambulatoires, 2 142 consultations prénatales et soigné des victimes de violences sexuelles. Durant cette période, l’afflux de patients était constant aux urgences, avec 2 981 admissions. Ces patients ont été admis principalement pour des blessures liées au conflit en cours. 

MSF a désormais suspendu tout soutien à l'établissement et a transféré son personnel vers des zones plus sûres du Soudan. Au cours des trois derniers mois, notre équipe et le personnel soutenu par le ministère de la Santé ont été confrontés à des agressions répétées qui ont été commises, ou tolérées, par les RSF, notamment le pillage de l'hôpital, le vol de véhicules et le maintien en détention du personnel, parmi de nombreux autres incidents et blocages administratifs. Depuis janvier, les autorités soudanaises refusent constamment les autorisations de voyager vers la ville, pour le personnel et pour le matériel médical et logistique. 

« Les besoins humanitaires et médicaux à Wad Madani et Al Jazirah sont immenses, mais nous n'avons pas d'autre choix que de quitter la zone. L’insécurité croissante rend notre travail impossible », déclare Carmen Viñoles.  

MSF est prête à revenir à l'hôpital universitaire de Madani pour soutenir la population d'Al Jazirah si les parties belligérantes s'engagent à respecter son travail médical et à garantir un accès sûr et ininterrompu à la zone.  

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