« La plupart des patients que nous recevons ont reçu des balles dans l'abdomen et les jambes, explique le Dr Pedro Serrano, médecin de l'unité de soins intensifs MSF à l'hôpital de Jénine. Certains ont eu le foie et la rate éclatés tandis que d’autres ont de graves lésions vasculaires. Nous avons également appris qu’une personne avait reçu une balle dans la tête alors qu’elle se trouvait juste devant l’hôpital. »
Depuis le 7 octobre et le début de l’offensive israélienne sur la bande de Gaza en réponse au déferlement de violence du Hamas en Israël, la violence envers les Palestiniens a sensiblement augmenté en Cisjordanie. À Jénine, les médecins urgentistes de MSF sont appelés en renfort à l'hôpital public presque toutes les nuits en raison des incursions de l’armée israélienne, composée de chars et des troupes terrestres.
Marquée par des bombardements généralisés, la journée du 9 novembre a été particulièrement violente. Le matin même, des tracts avaient été largués sur le camp de réfugiés de Jénine, ordonnant aux habitants d'évacuer. Mais beaucoup n'ont aucun endroit sûr où aller.
Ce même jour, nos équipes ont vu les forces israéliennes tirer à l’entrée de l’hôpital, les balles touchant le mur juste au-dessus de la porte. Elles ont aussi soigné un secouriste qui avait pris une balle alors qu'il était à l'intérieur d'une ambulance. Et la nuit d'avant, un soldat, sous les yeux de nos collègues qui se tenaient à l'extérieur, avait tiré sur l'unité d'urgence de l'hôpital, touchant là-aussi le mur.