Chine : MSF transfère son programme VIH/sida aux autorités

Consultation MSF dans la clinique de Nanning province du Guangxi  février 2010.
Consultation MSF dans la clinique de Nanning, province du Guangxi - février 2010. © Jon Browning

Après 7 ans d\'activités dans la ville de Nanning, dans la province du Guangxi, au sud-ouest du pays, MSF a transféré ses activités VIH/sida aux autorités locales. Le programme a permis une amélioration de la qualité des soins dans la province et a fourni un modèle de prise en charge à l'échelle du pays.

Le taux de prévalence du VIH/sida est relativement faible en Chine. Cependant, la province reculée de Guangxi, située au sud-ouest du pays, compte des taux d'infection élevés. Le programme MSF de traitement du VIH/sida, mené en collaboration avec le Centre de prévention et de contrôle des maladies (CDC) de la province, et créé en collaboration avec les autorités chinoises en 2003 dans la ville de Nanning, a ciblé les poches de populations les plus vulnérables. Au-delà de l'impact positif qu'il a engendré dans la province de Guangxi, il s'est révélé être un moteur de changement dans la prise en charge de la maladie à l'échelle nationale.

Des soins de qualité à destination des plus vulnérables

« Depuis l'ouverture du programme en 2003, la qualité des soins offerts aux patients atteints du VIH dans la province du Guangxi s'est considérablement améliorée. Ce programme témoigne qu'une collaboration entre les autorités sanitaires chinoises et une organisation médicale internationale comme Médecins Sans Frontières (MSF) peut être favorable pour la population chinoise », déclare Gilles Isard, chef de mission MSF en Chine.

Le programme de MSF/CDC cible les populations marginalisées, comme les usagers de drogues, les homosexuels, les migrants et les prostituées, particulièrement vulnérables. Il a prouvé que les populations à haut risque pouvaient être traitées avec succès. En effet, lorsque le programme a démarré, la province ne comptait que quelques centres de conseil et de dépistage volontaires (CCDV). Aujourd'hui il y en a un dans chaque comté de province, soit au total 45 centres au sein desquels le modèle développé par MSF et ses partenaires sont appliqués.

Une influence à l'échelle nationale

Peu après l'ouverture du projet, le personnel expatrié de MSF a contribué à l'élaboration de recommandations de lutte contre la maladie en Chine. Pendant sept années, MSF a aidé à développer un modèle holistique pour le traitement et les soins destinés aux personnes vivant avec le VIH/sida, et a pu enseigner un large éventail de nouvelles méthodes, notamment dans le Guangxi.

« Le programme n'a pas seulement fourni des soins aux patients, il a également servi de base pour la formation du personnel soignant. Il n'a pas bénéficié uniquement à la province du Guangxi, mais a fourni un modèle à tout le pays », affirme le Dr Chien Jie, directeur du service Sida au Bureau de la Santé publique de la province du Guangxi.

En outre, le programme a permis d'introduire en Chine l'importance du « counselling », l'accompagnement des personnes vivant avec le VIH/sida. « Dans nos pratiques médicales précédentes, nous n'accordions pas d'importance à cette méthode. Grâce au « counselling », nous pouvons désormais informer les patients correctement et leur expliquer comment soigner le VIH/sida et prévenir sa propagation », déclare le Dr Shao Biao Huang, Directeur du service VIH de l'hôpital de la province du Guangxi.

Une patiente de 28 ans ajoute : « Pour moi, la plus grande réussite de ce programme est le soutien psychologique. Au départ, je ne mesurais pas l'importance de prendre mes médicaments à heures précises, mais les médecins et les travailleurs sociaux ont vraiment insisté là-dessus. Résultat, mon taux de CD4 s'est amélioré ».

Les futurs défis des autorités locales

Malgré les nombreux progrès réalisés dans le traitement du VIH/sida depuis le début du programme, certains problèmes demeurent. « Le gouvernement fait ce qu'il peut pour empêcher les personnes vivant avec le VIH/sida d'être stigmatisées, mais cela reste un problème de fond. Il faut mettre en place toujours plus de campagnes d'information », commente Sherry Dubois, coordinatrice de terrain MSF.

De plus, et même si le traitement par antirétroviraux est désormais gratuit en Chine, les patients doivent payer pour être hospitalisés et accéder au traitement de certaines infections opportunistes.

MSF souhaite continuer à travailler en Chine et explore actuellement de nouvelles pistes pour collaborer avec les partenaires de santé chinois dans la province du Guangxi.
 

Depuis l'ouverture du programme à la fin 2003, 1 724 patients ont reçu des soins à la clinique de MSF et du CDC. Sur les patients pris en charge, environ 80 % ont entre 20 et 49 ans et environ 32 % sont des usagers de drogues injectables. Parmi la cohorte des patients, 1 134 ont commencé une thérapie antirétrovirale et environ 84,1 % d'entre eux sont toujours sous traitement aujourd'hui.

MSF travaille en Chine depuis 1988, où elle conduit diverses activités, dont les secours en cas de catastrophe et l'amélioration de l'accès aux soins primaires dans les zones rurales.

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