RDC : Les déplacés de Mugunga prisonniers des affrontements à l’ouest de Goma

Personnes déplacées par les vagues de violence de novembre 2012 trouvant refuge dans le camp de Mugunga. Sven Torfin
Personnes déplacées par les vagues de violence de novembre 2012, trouvant refuge dans le camp de Mugunga. © Sven Torfin © Sven Torfinn

En République démocratique du Congo, les affrontements à l’arme lourde ont repris, mardi 21 mai, entre les forces armées de la République démocratique du Congo (FARDC) et les rebelles du M23, à l’ouest de la ville de Goma. Les nombreux déplacés, vivant dans les camps depuis les dernières vagues de violence, sont pris entre les tirs et les obus. MSF est contrainte de suspendre ses activités dans les camps de Mugunga III et de Bulengo.

« Le camp de Mugunga, ainsi que les camps de Lac Vert et Buhimba, situés sur la route entre Goma et Sake, sont pris en étau entre les échanges de tirs d’obus, depuis deux jours », explique Thierry Goffeau, chef de mission au Nord-Kivu. Et de renchérir : « La route entre Goma et Sake est un axe stratégique mais ces combats à proximité d’habitations si précaires mettent en péril la vie de milliers de personnes, déjà très vulnérables. » 

Six obus sont tombés dans la zone des camps de Mugunga, faisant quatre blessés dans la journée de mardi. L’équipe MSF a pu transférer ces personnes dans une structure hospitalière proche, où travaille le CICR. Les localités de la zone sont elles aussi victimes des tirs d’artillerie lourde, qui font des blessés parmi la population. Le quartier de Ndosho, aux portes de Goma, a notamment fait les frais de tirs d’obus, faisant trois morts et plus d’une dizaine de blessés.

Depuis le début des tirs, les résidents de Mugunga III fuient pour se mettre à l’abri dans d’autres camps alentours ou vers la ville de Goma. « Un quart du camp est déjà vide et les personnes continuent de partir, de peur d’être prises au piège. Ceux qui restent sont désemparés, ne sachant comment réagir, ni où aller. Les gens sont paniqués », raconte Thierry Goffeau. 

A cause des affrontements, et compte tenu du positionnement de chaque belligérant à proximité du camp, MSF est contrainte de suspendre ses activités dans les camps de Mugunga et de Bulengo. L’équipe évalue néanmoins l’évolution des mouvements de population et se tient prête à intervenir.

En novembre dernier, le M23 lançait une première offensive sur les villes de Goma et Sake, forçant de nombreuses personnes à se déplacer pour trouver refuge dans les camps à l’ouest de la ville de Goma. La prise de Goma se terminait une dizaine de jours plus tard pour ouvrir les négociations avec le gouvernement de Joseph Kabila.

La reprise des combats entre les FARDC et le M23 survient la veille de la visite du Secrétaire des Nations Unies, Ban-Ki-Moon, en amont de la mise en place d’une force spéciale de la MONUSCO (mission de l’Organisation des Nations Unies pour la stabilisation de la RDC) qui pour la première fois dispose d’un mandat offensif visant à lutter contre les groupes rebelles à l’est de la RDC.

Dans ce contexte, MSF rappelle à l'ensemble des parties impliquées l'obligation de s'abstenir d'utiliser la force autour des camps de déplacés et des zones d'habitations.


En RDC, MSF procure des soins de santé primaire et secondaire dans la province du Nord Kivu. L’organisation travaille à la fois au sein de centres de santé et dans des cliniques mobiles. Elle supporte les hôpitaux de référence à Mweso, Pinga, Masisi, Rutshuru, Walikale et Kitchanga.

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