Gaza : des blessures par balle inhabituelles et dévastatrices

À l'hôpital Al-Aqsa de Gaza, les équipes de Médecins Sans Frontières (chirurgiens, anesthésistes et infirmiers) soutiennent les équipes locales pour répondre à l'afflux massif de blessés par balle. Palestine. 2017.
À l'hôpital Al-Aqsa de Gaza, les équipes de Médecins Sans Frontières (chirurgiens, anesthésistes et infirmiers) soutiennent les équipes locales pour répondre à l'afflux massif de blessés par balle.   © Laurie Bonnaud/MSF

Depuis le 1er avril, les équipes de Médecins Sans Frontières à Gaza ont accueilli en soins postopératoires près de 500 personnes blessées par balles lors de la « Marche du retour ». En trois semaines, l’association a traité plus de patients que lors de toute l’année 2014, qui avait pourtant connu l’offensive israélienne « Bordure protectrice ».

Le personnel médical de MSF fait état de blessures dévastatrices d’une sévérité inhabituelle, extrêmement complexes à soigner et qui laisseront de lourdes séquelles à la majorité des patients.

Un chirurgien vasculaire de MSF et un infirmer de bloc opératoire procèdent au lavage chirurgical des mains avant d’entrée en salle d’opération.
 © Laurie Bonnaud/MSF
Un chirurgien vasculaire de MSF et un infirmer de bloc opératoire procèdent au lavage chirurgical des mains avant d’entrée en salle d’opération. © Laurie Bonnaud/MSF

Alors que les équipes médicales des hôpitaux de Gaza se préparent à faire face à un possible nouvel afflux de blessés ce vendredi, les chirurgiens MSF présents sur place font état de blessures par balle réelle dévastatrices parmi les centaines de personnes atteintes lors des manifestations des dernières semaines. Dans les cliniques prodiguant des soins postopératoires spécialisés, l’énorme majorité des patients - des hommes pour la plupart, mais aussi quelques femmes et des enfants - présente des blessures d’une sévérité inhabituelle aux membres inférieurs.

Les équipes médicales MSF constatent notamment un niveau extrême de destruction des tissus et des os, et des orifices de sortie de balles démesurés, qui peuvent avoir la taille d’un poing. « Chez la moitié des 500 victimes de tirs que nous avons prises en charge, la balle a littéralement détruit les tissus après avoir pulvérisé l’os, explique Marie-Elisabeth Ingres, Cheffe de mission MSF en Palestine, les patients doivent subir des opérations chirurgicales extrêmement complexes, et nombre d’entre eux auront des séquelles à vie. »

La prise en charge de ces blessures est en effet très lourde. Au-delà des soins infirmiers réguliers, les patients auront souvent besoin d’opérations chirurgicales supplémentaires, et de très longues périodes de kinésithérapie et de rééducation. De nombreux patients garderont des déficits fonctionnels à vie et certains risquent encore l’amputation, faute de soins suffisants à Gaza, s’ils ne parviennent pas à obtenir les autorisations nécessaires pour se faire soigner en dehors de Gaza.

Pour faire face à cet afflux massif de patients, MSF a renforcé son dispositif sur place, augmenté le nombre de lits de ses trois cliniques et recruté et formé du personnel médical supplémentaire. Une quatrième clinique ouvrira bientôt ses portes dans le centre de la bande de Gaza afin d’accueillir les patients originaires de cette zone.

Dans l’urgence, MSF a également déployé une équipe de chirurgiens (vasculaire, orthopédique et de chirurgie reconstructrice) et d’anesthésistes, pour opérer ou réopérer les cas les plus sévères. Ces équipes travaillent actuellement aux côtés des équipes des hôpitaux publics d’Al-Shifa et Al-Aqsa.

Notes

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