Côte d'Ivoire : Derrière les barreaux, des soins...

La Maca : d'une capacité théorique de 1500 détenus, cette prison
d'Abidjan connaît une surpopulation constante, avec des effectifs qui
tournent à une moyenne de plus de 5400 personnes, et toutes les
conditions réunies pour les flambées épidémiques. C'est d'ailleurs le
choléra qui a amené Médecins Sans Frontières à la Maca pour la première
fois, en 1993.

Aujourd'hui, l'équipe médicale et logistique s'implique plus avant dans le traitement de la tuberculose, la première cause de mortalité hors épidémie.Dans la cour de la Maca, on oublierait presque les bruits sourds des portes qui cognent, l'obscurité, les hommes entassés dans les cellules. Chaque jour, les détenus des bâtiments A et B peuvent passer la journée dehors, sauf les punis, consignés au "blindé", les cachots du bâtiment C, où vivent les longues peines. Sous les arbres, au coin des bâtiments, les hommes palabrent, attendent, s'ennuient... D'abord entrée pour enrayer une épidémie de choléra, MSF travaille ici depuis1997. En 2003, 19 000 consultations ont été effectuées dans l'infirmerie de la prison, qui compte aussi six salles d'hospitalisation et un espace d'isolement, en cas d'épidémie.

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Prison de la Maca, Côte d'Ivoire
"Un environnement d'une extrême fragilité où quelques jours sans eau et sans accès aux soins peuvent conduire au pire."

Le choléra, toujours un risque important
Dans l'environnement insalubre et surpeuplé de la prison, le choléra peut se développer à une vitesse effroyable. Un gros chantier logistique a donc été lancé dès 1997 pour rénover tout le réseau d'évacuation et améliorer l'hygiène générale des cellules et des bâtiments. Malgré ce travail de titan, le choléra s'est remis à flamber au lendemain de la tentative de coup d'Etat, en septembre 2002, avec plus de 600 cas enregistrés. Dernière épidémie de choléra en date, elle souligne l'extrême fragilité de cet environnement, où quelques jours sans eau et sans accès aux soins peuvent conduire au pire.

Malnutrition et carences alimentaires
Pour les plus vulnérables, les plus démunis, ceux qui n'ont pas de proches à Abidjan, ou que leur famille a renié, les conditions de survie peuvent vite devenir très difficiles, et la malnutrition peut rapidement s'installer. Actuellement, près de 220 détenus bénéficient du programme nutritionnel supplémentaire mis en place par Médecins Sans Frontières.

Due à une carence en vitamine B1, une épidémie de béribéri à l'hiver 2002 a touché plus de 700 personnes. Depuis, MSF fournit un adjuvant à haute teneur en vitamines et micro-nutriments, ajouté deux fois par semaine à la ration alimentaire de base, et qui vise à compenser les carences de l'alimentation.
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Prison de la Maca, Côte d'Ivoire
"Ici, comme ailleurs, le paludisme ou les infections respiratoires demandent à être traitées rapidement."

La violence, au quotidien
La violence fait partie du quotidien de la prison. Sous toutes ses formes. Pourtant, les équipes médicales et logistiques travaillent sans souci majeur de sécurité, dans cet environnement qui, a priori, ne ressemble à aucun autre programme de Médecins Sans Frontières. Pourtant, ici, comme ailleurs, le paludisme ou les infections respiratoires demandent à être traitées rapidement. Et ici aussi, le sida circule et fait des victimes. Comme la tuberculose, la principale cause de mortalité hors épidémie. MSF, en collaboration avec le programme national, vient d'ailleurs de décider de s'impliquer plus avant dans ce volet d'activités.

Les autres activités de MSF en Côte d'Ivoire

- à Bouaké, au nord du pays : plus de 3.200 interventions chirurgicales et près de 32.000 consultations en pédiatrie ont été pratiquées en 2003 à l'hôpital universitaire de la ville. L'année dernière, 51.000 consultations ont aussi été effectuées dans deux dispensaires de cette grande ville encore coupée de nombreux services administratifs. MSF y travaille depuis octobre 2002, au lendemain de la tentative de coup d'Etat du 19 septembre 2002, qui a pratiquement coupé le pays en deux.

- à l'ouest du pays : une campagne de vaccination contre la rougeole se poursuit dans cette région marquée par des exactions et de très nombreux déplacements de population. MSF travaille également à l'hôpital de Toulepleu, qui compte un important service pédiatrique, et dans un dispensaire à Guiglo.

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