Ethiopie : Situation nutritionnelle extrême en région Somali

Présentes dans la zone de Doolo en région Somali les équipes de Médecins Sans Frontières ont pris en charge dix fois plus d'enfants sévèrement malnutris que l’an dernier à la même époque. Des communautés entières ont perdu leur bétail et se
© Matthias Steinbach

Présentes dans la zone de Dolo en région Somali, les équipes de Médecins Sans Frontières ont pris en charge dix fois plus d'enfants sévèrement malnutris que l’an dernier à la même époque. Des communautés entières ont perdu leur bétail et se regroupent dans des camps informels où les distributions de nourriture sont aujourd’hui insuffisantes.

Dans la zone de Dolo, en Ethiopie, les MSF en collaboration avec les autorités sanitaires éthiopiennes, ont mis en place 27 centres nutritionnels ambulatoires et quatre unités d’hospitalisation et de soins nutritionnels intensifs pour les enfants de moins de cinq ans souffrant de malnutrition aiguë sévère. À Danod, Leyel-Yucub, Wardher, Galadi et Daratole, les équipes MSF ont ainsi pris en charge 6 136 enfants depuis le mois de janvier, soit dix fois plus qu’en 2016, avec 491 enfants pris en charge pour la même période.

« En dix ans de présence dans cette zone, les  équipes MSF n’avaient jamais pris en charge un nombre d’enfants malnutris aussi important », précise Saskia van der Kam, spécialiste de la malnutrition à MSF.

Pendant les seules deux premières semaines de juin, 322 enfants sévèrement malnutris ont été hospitalisés pour des soins intensifs. Les équipes MSF présentes sur place rapportent que 67 d’entre eux sont décédés. Ce chiffre a été soumis pour vérification au Regional Health Bureau local et au Nutrition Cluster.

Après deux saisons des pluies insuffisantes dans la région, de nombreuses familles ont perdu leur bétail. Elles se sont installées dans des camps informels, où elles n’ont pas assez de nourriture et d’eau potable pour survivre.

« Nos équipes voient des communautés entières qui ont perdu tout leur bétail et n’ont plus accès au lait, explique Karline Kleijer, responsable des programmes d’urgence à MSF. En perdant leurs animaux, elles ont perdu leurs sources de revenus et leurs moyens de transport. Les gens viennent frapper à nos portes pour demander de la nourriture ».

La population affectée  est aujourd’hui entièrement dépendante de l’aide extérieure pour sa survie. Mais l’aide alimentaire fourni par le gouvernement, les autorités régionales et le Programme Alimentaire Mondial (PAM) est trop erratique et limitée pour répondre aux besoins. 

« La dernière semaine de mai, la distribution de rations cuisinées a été arrêtée et la distribution mensuelle de denrées alimentaires a été retardée, laissant ce grand nombre de personnes sans nourriture », poursuit Karline Kleijer.

MSF appelle les bailleurs de fonds et les acteurs humanitaires, et notamment le PAM, à une mobilisation accrue de l’aide alimentaire et  prévoit d’étendre sa réponse d’urgence dans d’autres zones, dont celles de Jarar et Nogob.
 

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