Témoignages de réfugiés syriens pris en charge à Amman, en Jordanie

Manal a été gravement blessée en Syrie en mars 2013. A seulement 10 ans elle a déjà été amputée d'une jambe et a subi de nombreuses opérations chirurgicales.
Manal a été gravement blessée en Syrie, en mars 2013. A seulement 10 ans, elle a déjà été amputée d'une jambe et a subi de nombreuses opérations chirurgicales. © Kai Wiederhofen

Quatre ans de guerre en Syrie, quatre patients MSF, quatre histoires de réfugiés ayant fuit un conflit commencé en 2011. Aujourd'hui pris en charge dans le programme chirugical de MSF à Amman, en Jordanie, ils racontent ce qu'ils ont vécu.

Manal est une jeune fille de 10 ans originaire de Tseel, un petit village près du gouvernorat de Deraa, dans le Sud de la Syrie. Elle a été gravement blessée en mars 2013. Au centre de réhabilitation MSF d'Amman, alors qu’elle revient d’une séance intense de kinésithérapie, Manal raconte avec une mine souriante ce qui lui est arrivé :

«  C’était une chaude après-midi de printemps, tous les champs autour de notre maison étaient verdoyants. Ma famille avait décidé de se retrouver dans le champ de mon oncle pour un repas. Nous étions en train de ramasser des légumes pour faire une salade, tout était paisible et agréable.
D’un seul coup, nous avons entendu le bruit d’un avion mais nous ne voyions rien. Nous avons paniqué et quelques minutes plus tard, un missile a frappé la zone où nous étions, blessant plusieurs membres de ma famille. Ma mère, ma tante et deux de mes cousins ont été touchés, mais j’ai été la moins chanceuse et j’ai été blessée sur tout le corps : la tête, les bras, les mains et la jambe.
J’ai été tout de suite transportée vers l’hôpital le plus proche du village et j’y suis restée 15 jours. Les médecins ont pris la décision d’amputer ma jambe gauche parce que la blessure était très grave. J’ai aussi été opérée plusieurs fois de la main.

Avoir être sortie de l’hôpital, ma famille a décidé de partir en Jordanie. Mon père disait qu’on n’était plus en sécurité au village. J’ai donc traversé la frontière 16 jours après avoir été blessée, avec ma mère, mon oncle et ma tante. Mon père a préféré rester à la maison pour surveiller nos biens. Deux de mes frères sont restés avec lui : l’un a 13 ans et l’autre 6 ans. Je ne les ai pas vus depuis un an, ils me manquent beaucoup.

Mon oncle et ma tante sont allés directement au camp de réfugiés de Zaatari. Ma mère et moi sommes allées à l’hôpital de Ramtha où j’ai été opérée plusieurs fois avant de rejoindre le programme chirurgical de MSF à Amman, quelques mois plus tard.

Jusqu’à aujourd’hui, j’ai été opérée deux fois par MSF et en ce moment, je suis un programme de kinésithérapie pour me préparer à la prochaine opération de ma main, qui me permettra de mieux utiliser mes doigts et d’être à nouveau capable d’écrire de dessiner. 

J’ai beaucoup d’amis ici, dans le centre MSF. Ils viennent de pays différents et nous jouons ensemble. »

Les chirurgiens prévoient le retour de Manal à l’hôpital d’Amman en mai de cette année, afin qu’ils puissent opérer le système nerveux de sa main et améliorer ses capacités motrices.

 

L'histoire de Sharif

Sharif, réfugié de Syrie et patient de MSF à Amman en Jordanie

Sharif est un réfugié syrien de 14 ans, originaire du Gouvernorat de Deraa. Il a été blessé en mai 2013, quand un baril d’explosif a touché sa maison. Ses grands-parents sont décédés, sa mère a perdu la partie inférieure de sa jambe, deux de ses sœurs et son frère ont été blessés.
Sharif a été immédiatement transféré à l’hôpital à Ramtha, en Jordanie, où il a été opéré sept fois en quatre mois. Il a ensuite été admis dans le projet chirurgical de MSF à Amman, où il a subi deux autres opérations du système nerveux. Sharif aura besoin d’autres opérations chirurgicales pour les éclats d’obus qu’il a reçu à la tête, ainsi que pour ses bras et ses jambes.
Sharif ne va plus à l’école depuis qu’il a été blessé. Auparavant, son père travaillait aux Emirats Arabes Unis et il prévoit d’y retourner pour pouvoir gagner de l’argent : la famille n’a plus aucune économie.

L'histoire de Rayya

Rayya, réfugiée de Syrie et patient de MSF à Amman en Jordanie

Rayya est une réfugiée syrienne âgée de 64 ans, originaire de Deraa. En janvier 2012, elle a été blessée par une grenade. Elle a reçu des éclats d'obus au visage et aux jambes, et son bras a été cassé.
Elle a été transportée dans une clinique locale, puis dans le camp de Zaatari, en Jordanie, où elle a été opérée. Après qu’elle ait été référée vers le projet chirurgical de MSF, elle a subi trois autres opérations. Rayya sera de nouveau opérée à la fin du mois de mars.
Rayya est mère de quatre filles et de quatre garçons. L’une de ses filles l’a accompagnée en Jordanie pendant que le reste de la famille est toujours en Syrie. Son village est régulièrement bombardé par voie aérienne : presque tous les voisins et membres de la famille ont perdu un proche ou ont été blessés.

L'histoire de Raeed

Raeed, réfugié de Syrie et patient de MSF à Amman en Jordanie

Raeed est un réfugié syrien, de 18 ans. En octobre 2012, il se dirigeait en moto vers un checkpoint quand les soldats lui ont demandé de s’arrêter. Il a tenté de contourner le checkpoint mais les soldats lui ont barré la route et leur voiture a écrasé sa jambe.
Raeed a été amené à une clinique locale, puis a été transféré à l’hôpital de Ramtha, où l’infection de sa jambe a été traitée pendant un mois et demi. Alors qu’il était sur le point de guérir, son traitement a été stoppé en raison d’un manque de financement. Il a plus tard été admis dans le programme chirurgical de MSF à Amman, où il a subi plusieurs opérations. L’équipe a essayé pendant huit mois de sauver sa jambe, mais l’infection n’a pas pu être contrôlée. Il va devoir être amputé au-dessus du genou, par mesure de précaution pour sa vie.
Cinq membres de sa famille ont péri dans des bombardements en Syrie.

Minisite "Syrie, 4 ans après : l'impasse humanitaire" :

Site MSF Syrie 4 ans de guerre

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