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Soudan du Sud : Impasse humanitaire à Yida

Environ 75% de la population de Yida sont des femmes et des enfants.
Environ 75% de la population de Yida sont des femmes et des enfants. © Yann Libessart/MSF

Les réfugiés soudanais se trouvent au cœur d’enjeux politiques complexes qui menacent de détériorer leur situation déjà précaire.

Le camp de Yida, où Médecins Sans Frontières travaille depuis fin 2011, s’étend désormais sur près de 1200 hectares au nord du Soudan du Sud, dans l’état d’Unity. En à peine plus d’un an, sa population a été multipliée par cinq pour approcher aujourd’hui 75 000 réfugiés. Ces derniers fuient depuis juin 2011 le conflit qui oppose le gouvernement de Khartoum au Mouvement de Libération Populaire du Soudan (SPLM-N), dans l’Etat soudanais du Sud Kordofan.

Outre sa croissance incontrôlée qui augmente les risques en termes de santé publique, le site de Yida pose également des problèmes de sécurité. Le camp est très proche des zones soudanaises contrôlées par le SPLM-N de l’autre côté de la frontière, et souvent accusé de servir de base arrière aux rebelles, en faisant une cible potentielle. Avec en toile de fond les efforts internationaux pour apaiser les relations entre le Soudan et le Soudan du Sud depuis leur scission de juillet 2011, l’objectif est de démanteler le camp de Yida, ou sinon de le réduire, et d’éloigner les réfugiés des zones rebelles.

Début avril, le gouvernement du Soudan du Sud et l’agence des Nations Unies pour les réfugiés (HCR) ont ainsi commencé à installer les nouveaux arrivants dans un autre camp situé à Ajuong Thok, plus de 70 km à l’est par la route. Ceux qui refusent ne reçoivent pas d’assistance, sauf en cas de maladie grave.

William Babiker, sa femme, leurs six filles et leurs trois garçons ont quitté le Sud Kordofan fin mars pour rejoindre Yida. « Nous n’avions plus rien à manger. Après trois jours de marche, nous sommes allés nous enregistrer afin de recevoir de la nourriture. Les Nations Unies nous ont dit que nous devions d’abord aller à Ajuong Thok, où nous ne connaissons personne. Pendant près d’un mois, nous avons survécu en mangeant des feuilles et grâce à nos amis. Il a fallu que trois de mes enfants souffrent de malnutrition sévère pour obtenir enfin une carte de rationnement. »

A Yida, les réfugiés se répartissent en fonction de leur ethnie. Madi Moussa Sanduk est le chef des Trawis, originaires des montagnes Nouba : « Aller à Ajuong Thok nous rapprocherait de nos ennemis, les militaires soudanais. Les gens ont peur de s’y installer et ne veulent pas être séparés de leur tribu. Certains préfèrent même retourner dans le Sud Kordofan où ils disent aux autres de ne plus venir à Yida. » Le flux de nouveaux arrivants a en effet décru depuis plusieurs semaines alors qu’à peine quelques centaines de réfugiés ont été transférés dans le camp d’Ajuong Thok, censé en accueillir 20 000. Et la route qui y mène risque d’être bientôt impraticable pendant la saison des pluies

« L’emplacement de Yida est en effet loin d’être idéal. Il semblerait que les réfugiés aient reçu des instructions pour ne pas en bouger et il est indéniable qu’une partie de la nourriture distribuée remonte dans le Sud-Kordofan, selon Duncan McLean, responsable des programmes MSF. Mais priver les nouveaux arrivants d’assistance ne peut que dégrader leur situation sanitaire. N’oublions pas que deux tiers des réfugiés sont des femmes et des enfants. »

Déjà plus de 1 500 personnes arrivées à Yida après le 1er avril y vivent sans carte de rationnement. Beaucoup ne se sont même pas enregistrées auprès du HCR et restent difficiles à identifier. « Pour manger, ils doivent partager avec ceux qui reçoivent de la nourriture, ce qui augmente les risques de malnutrition », explique Corinne Torre, coordinatrice des activités MSF sur place. « La priorité est d’aider tous les habitants de Yida à affronter la saison des pluies. Ils manquent encore de points d’eau, de latrines, de moustiquaires, de produits d’hygiène et de bâches en plastique. Nous craignons une forte recrudescence des maladies infectieuses. En 2012, environ 75% des hospitalisations liées au paludisme et aux infections respiratoires ont eu lieu entre juin et octobre. »

Sauf évolution majeure dans le conflit entre le SPLM-N et les forces soudanaises, les pluies devraient suspendre le problème de la localisation de Yida pendant six mois, sans le résoudre. Pour Duncan McLean « le Sud Kordofan demeure une zone de guerre où Khartoum n’autorise toujours pas la présence des organisations humanitaires. Les populations civiles ont besoin d’un endroit pour venir se réfugier et depuis presque deux ans, qu’on le veuille ou non, cet endroit s’appelle Yida. »
 

Présente à Yida depuis octobre 2011, MSF gère actuellement un centre de santé primaire (10 000 consultations par mois en moyenne), un hôpital de 60 lits, une unité de traitement de la malnutrition, ainsi que des équipes médicales mobiles qui parcourent le camp. MSF est également impliqué dans l’approvisionnement en eau potable et la construction de latrines. Entre mai 2012 et mai 2013, MSF a soigné près de 3 000 enfants souffrant de malnutrition sévère à Yida. 

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