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Soins contre la tuberculose résistante : « certains de nos patients ne peuvent tout simplement pas attendre les essais cliniques »

Sibongile atteinte de tuberculose résistante aux médicaments atteint son RDV à la clinique de Kayelitsha en Afrique du Sud. Octobre 2016
Sibongile, atteinte de tuberculose résistante aux médicaments, atteint son RDV à la clinique de Kayelitsha, en Afrique du Sud. Octobre 2016 © Sydelle WIllow Smith

La tuberculose résistante aux antibiotiques (TB-R) demeure une menace importante pour la santé mondiale : sur les dix millions de personnes ayant contracté la tuberculose en 2016, on estime à plus de 500 000 le nombre de malades atteints de souches résistantes aux médicaments les plus efficaces, la rifampicine et l’isoniazide. Or pour ces derniers, il existe très peu de traitements efficaces.

Pour les médecins, dont le Dr. Gabriella Ferlazzo, spécialiste de la tuberculose à MSF, la tuberculose résistante constitue un défi majeur. En effet, les outils permettant de diagnostiquer et de soigner les patients atteints de ces souches restent limités et trop souvent inefficaces. Encore récemment, le taux de guérison des patients souffrant de la forme ultrarésistante de la maladie (TB-UR) n’était que 20%. Et souvent, cette guérison ne survenait qu’après de longues années de traitements douloureux et toxiques à base de traitements pouvant contenir jusqu’à sept médicaments différents.

En 2013 et 2014, les résultats prometteurs des premières phases d’essais cliniques de deux nouveaux médicaments antituberculeux, le delamanid et la bédaquiline, ont montré que ces deux traitements permettaient de soigner efficacement la tuberculose résistante. Cette nouvelle a apporté un vent d’espoir et d’optimisme à la communauté de professionnels luttant contre la tuberculose, dont fait partie MSF.

« Il est très frustrant pour les médecins de ne disposer que d’options limitées en matière de traitement et de se retrouver face à leurs patients en sachant que la voie vers la guérison sera longue, laborieuse, et l’issue probablement fatale. Puis, soudainement, nous nous sommes retrouvés avec deux médicaments prometteurs à proposer, potentiellement plus efficaces et présentant moins d’effets secondaires », se souvient Gabriella.

Ayant reconnu le potentiel des deux médicaments très tôt, les équipes de MSF luttant contre la tuberculose dans plusieurs pays ont évalué différents moyens de proposer du delamanid et de la bédaquiline aux patients disposant de choix de traitement limités. Dès 2013, MSF a commencé à soigner les patients atteints de tuberculose résistante avec ces nouveaux médicaments prometteurs à titre « compassionnel », avant que ces médicaments ne reçoivent une autorisation conditionnelle. Lorsque les instances de régulation ont approuvé leur utilisation, MSF a introduit les deux médicaments au sein de treize projets dans onze pays à travers le monde. MSF a également lancé un programme de soutien aux médecins confrontés à des choix difficiles en matière de traitement, et mis en place un système visant à contrôler la sécurité d’utilisation des nouveaux médicaments.

Pourtant, il existait très peu de preuves solides et d’orientations claires concernant le recours à une combinaison de delamanid et de bédaquiline pour soigner les patients présentant une forte résistance aux médicaments. C’est pourquoi en 2016, MSF a recueilli des données afin d’évaluer la sécurité et l’efficacité de cette combinaison médicamenteuse sur des patients en Arménie, en Inde et en Afrique du Sud. Les résultats ont été prometteurs : sur 23 patients présentant une TB particulièrement résistante aux médicaments, 17 (74%) ont été testés négatifs après six mois de traitement, un signe encourageant quant à l’efficacité de l’ensemble du traitement, qui  dure jusqu’à deux ans.  En outre, les patients n’ont présenté aucun effet secondaire majeur, allégeant les craintes quant à l’impact des deux médicaments sur l’activité cardiovasculaire.

« Nous étions ravis d’obtenir des résultats aussi prometteurs dans des conditions réelles. Plus rassurant encore, les préoccupations concernant l’impact possible de la combinaison de médicaments sur l’activité électrique du cœur se sont avérées injustifiées car aucun cas d’arythmie ou de décès inexpliqué n’a été rapporté »,explique le Dr. Petros Isaakidis, coordinateur de recherche opérationnelle pour MSF. « Alimentée par des données issues de trois foyers épidémiques de tuberculose à travers le monde, l’étude fournit un aperçu concret et pratique du potentiel de cette combinaison médicamenteuse. »

Cette semaine, The Lancet Infectious Diseases (revue scientifique médicale britannique spécialisée dans les maladies contagieuses) publie les résultats de l’étude, qui appellent à un plus vaste recours à la combinaison de delamanid et de bédaquiline au sein des programmes de lutte contre la tuberculose pour les patients qui le nécessitent. Bien que deux essais cliniques de la combinaison médicamenteuse aient commencé à recruter des participants, leurs résultats ne sont attendus que d’ici trois à cinq ans.

« Nos patients ne peuvent tout simplement pas attendre les essais cliniques », explique Gabriella. « Ces résultats en conditions réelles sont limités mais hautement encourageant car ils montrent que ces médicaments peuvent être combinés de façon sûre et efficace pour soigner des patients présentant de hauts niveaux de résistance. Nous croyons qu’il relève de la responsabilité clinique et sanitaire publique de fournir le meilleur traitement disponible, et aujourd’hui ces médicaments représentent notre plus grand espoir. »


Depuis plus de trente ans,MSF soigne la tuberculose résistante, et constitue désormais l’un de principaux fournisseurs non gouvernementaux de soins contre cette pathologie dans le monde. MSF soigne actuellement des patients atteints de tuberculose et de tuberculose résistante dans 24 pays, dont l’Inde, la République centrafricaine, l’Afrique du Sud et l’Ouzbékistan. MSF travaille également en collaboration avec les ministères de la Santé de onze pays afin de proposer des traitements incluant le delamanid et la bédaquiline. En juillet 2017, 1 554 patients avaient reçu un traitement à base de delamanid et de bédaquiline au sein de treize projets MSF dans onze pays. Sur l’ensemble des patients pris en charge, 1 110 avaient reçu de la bédaquiline, 444 du delamanid et 117 une combinaison des deux médicaments. MSF a également pris part à deux essais cliniques, EndTB et PRACTECAL, visant à découvrir de nouveaux régimes de traitement contre la tuberculose. Enfin, MSF soutient l’initiative The Life Prize qui vise à élaborer de nouvelles molécules offrant un meilleur traitement contre la tuberculose pharmacorésistante à l’avenir.
 

Accéder aux résultats de l'étude sur le site du Lancet

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