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RD Congo : une situation toujours critique pour les déplacés à Goma

Triage des patients lors de la clinique mobile organisé par MSF dans le stade de Sotraki
Triage des patients lors de la clinique mobile organisé par MSF dans le stade de Sotraki © Amandine Colin/MSF

Suite aux affrontements entre le mouvement rebelle du M23 et l’armée congolaise aux abords de Goma, chef-lieu de la province du Nord Kivu, en République démocratique du Congo (RDC), fin mai, la situation sécuritaire reste volatile et les besoins humanitaires importants. Dans les camps de Bulengo et Mugunga III, MSF a repris les consultations, après une interruption de 24 heures pour raisons de sécurité. Les équipes ont également mis en place une clinique mobile dans le stade de Sotraki, à une dizaine de kilomètres de Goma,  afin d’apporter des soins médicaux aux 5 000 personnes qui y ont trouvé refuge.

Dans le camp de Bulengo, les activités médicales ont repris leur cours. L’équipe MSF travaille à la fois sur les soins de santé primaire, la vaccination et la santé maternelle. Sur ce site ouvert depuis le mois de novembre 2012, les besoins humanitaires ne manquent pas. Ce camp étant considéré comme un site spontané et non un camp officiel, il bénéficie seulement d’une aide ponctuelle de la part des acteurs humanitaires et la sécurité est peu assurée autour du camp. Depuis novembre 2012, une seule distribution de biens de première nécessité y a été effectuée. « On a surtout besoin de bâches. Certaines personnes en avaient reçu mais c’était il y a longtemps et elles sont toutes déchirées », poursuit Sifa, qui réside dans le camp.

Le camp de transit de Sotraki

Lors des affrontements qui ont éclaté la semaine du 20 mai, près de 5 000 personnes ont fui leurs villages situés sur la ligne de front. Après plusieurs nuits passées dans des écoles et des paroisses autour de Goma, ces personnes déplacées ont été regroupées dans le stade de Sotraki, afin de faciliter l’acheminement d’une aide humanitaire.

« Les bombes tombaient sur les maisons… Ma maison a été détruite, je n’ai rien pu prendre du tout », témoigne Gertrude, arrivée sur le site avec ses cinq enfants et ses 10 petits-enfants. Certains déplacés ont pu emporter à la hâte quelques effets personnels, des casseroles ou des vêtements, mais la plupart ont fui durant la nuit dans l’urgence. Un grand nombre d’entre eux se plaignent de la faim : ils affirment n’avoir pas mangé depuis plusieurs jours. Certaines familles ont été séparées lorsqu’elles ont pris la fuite. Pour beaucoup des déplacés, cette fuite n’est pas la première. La plupart ont déjà connu cette situation en novembre 2012. Certains se souviennent également de 2008. 

Dès l’arrivée des déplacés, MSF a mis en place une clinique mobile, consultée chaque jour par plus d’une centaine de personnes. Les pathologies les plus fréquentes sont les diarrhées et les infections respiratoires. « Un quart des pathologies soignées lors des consultations sont des diarrhées, principalement chez les enfants de moins de cinq ans, explique Carolina López, coordinatrice d’urgence de MSF. 35% des patients viennent pour des infections respiratoires aiguës qui touchent autant les adultes que les enfants. Beaucoup de ces pathologies sont dues aux nuits passées à la belle étoile. La promiscuité, la saleté, la poussière... tout cela favorise les maladies ».

Par ailleurs, l’équipe MSF essaye de prévenir l’apparition du choléra. « Il y a déjà des patients atteints de choléra dans d’autres camps autour de Goma, il faut absolument éviter que la maladie ne se propage ». MSF a d’ailleurs installé depuis plusieurs mois un centre de traitement du choléra dans le centre de santé de Buhimba.

Un retour au calme relatif

Depuis les affrontements qui ont eu lieu à quelques kilomètres, sur l’axe Sake-Goma, les familles s’inquiètent de la présence d’hommes en uniforme dans les bois environnants. « On ne peut plus aller chercher des fagots dans la forêt, parce qu’on risque d’être violées, alors on doit vendre le maïs pour acheter des braises pour cuisiner », affirme Sifa.

Les violences sexuelles sont en effet régulières dans le camp de Bulengo où 114 viols ont été rapportés depuis début décembre 2012. C’est également le cas à Mugunga III où les équipes ont effectué 530 consultations suite à des violences sexuelles entre décembre 2012 et avril 2013. Les équipes médicales ont par ailleurs constaté une augmentation massive des violences sexuelles juste après les récents affrontements de mai. Les viols ont habituellement lieu à l’extérieur des camps, à quelques pas de la ligne de front, mais se produisent aussi, et de plus en plus fréquemment, à l’intérieur même des sites.

Par ailleurs, le banditisme est fréquent à proximité des camps. Récemment, une femme et son bébé ont été grièvement blessés dans un acte de banditisme à quelques centaines de mètres de l’entrée de Bulengo.

« Nous prenons en charge les femmes victimes de viol et les personnes blessées dans les attaques, explique Carolina López, mais la situation reste vraiment tendue et nous sommes très préoccupés par les conditions dans laquelle les déplacés vivent. Ils ont réellement besoin d’aide », conclut-elle


Dans la province du Nord Kivu, MSF procure des soins de santé primaire et secondaire. Aux alentours de Goma, MSF travaille dans les camps de Bulengo et Mugunga III ainsi que, depuis fin mai, sur le site du stade de Sotraki. Dans le reste de la province, l’organisation appuie les hôpitaux de référence de Mweso, Pinga, Masisi, Rutshuru, Walikale et Kitchanga, travaille au sein de centres de santé et mène des cliniques mobiles.

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