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Irak : une nouvelle maternité dans le camp de Domiz

4 août 2014 : Ayla Hamdo 3.200 kg et 62 cm est le premier bébé né à la maternité du camp de Domiz
4 août 2014 : Ayla Hamdo, 3.200 kg et 62 cm est le premier bébé né à la maternité du camp de Domiz © Gabrielle Klein/MSF

Dans le camp de réfugiés de Domiz situé dans le nord de l’Irak, la  maternité ouverte le 4 août dernier ne désemplit pas. De nombreuses réfugiées syriennes enceintes y trouvent une large offre de soins de santé maternelle - visites prénatales, postnatales, vaccination - fournis par le personnel, eux-mêmes réfugiés pour la plupart.

Le camp de Domiz, situé à 10 km au sud de la principale ville de Dohouk, était initialement prévu pour accueillir 30 000 personnes. Trois ans plus tard, la population du camp a doublé, en faisant le plus grand camp de réfugiés au Kurdistan irakien. Au fil des mois, les habitants du camp ont renoncé à l’idée de rentrer chez eux, et le camp ressemble aujourd’hui à une ville syrienne animée, avec des tuktuks (taxis collectifs) et des magasins où l’on trouve de tout, shawarma (sandwich à base de viande de kébab), matériel informatique, salon de coiffure ou encore magasin de robes de mariée.

Avec l’augmentation de la population du camp, les mariages et les naissances se sont multipliés, et la nécessité d'une unité de maternité s’est imposée. Les femmes en âge de procréer représentent un habitant sur cinq et environ 2 100 bébés naissent dans le camp chaque année. C'est pourquoi, MSF a décidé d'accroître son offre de soins dans ce camp où nous travaillons depuis deux ans.

"Jusqu’à présent, notre dispensaire fournissait des soins de santé reproductive de base, mais les femmes devaient traverser toute la ville pour accoucher dans un hôpital très fréquenté, explique le Dr Adrian Guadarrama, responsable de l'équipe médicale MSF à Domiz. Maintenant avec la nouvelle maternité, nous ne référons que les cas de grossesses compliquées à l’hôpital de Dohouk, ce qui réduit considérablement la pression sur la structure."

Golestan est maman de trois enfants. Elle se repose dans son lit, son bébé emmailloté est couché à ses côtés. "J'ai accouché à l'hôpital de Dohouk l'an dernier car il y avait des complications, explique t-elle. Ici, j'ai été encouragée à rester au lit quelques heures, les infirmières venaient régulièrement me voir... C'est comme accoucher en Syrie, sauf que c'est gratuit", se réjouit-elle.

Aider les femmes à accoucher n'est que l'un des volets de soins proposés. "En plus d'aider les femmes à accoucher en toute sécurité, nous assurons également un suivi adéquat - du début de la grossesse puis tout au long des consultations postnatales, explique le Dr Adrian Guadarrama. Nous pouvons également vacciner les nouveau-nés, aider les mères à allaiter et leur proposer des conseils de planning familial, autant de services qui ont un impact sur le bien-être des mères et de leurs enfants."

Avant l'ouverture de la maternité, de nombreuses Syriennes vivant à Domiz choisissaient d’accoucher dans leurs tentes plutôt que de faire la route pour se rendre à l'hôpital de Dohouk. "J'ai fait appel à une sage-femme syrienne pour m'aider à accoucher à la maison, et tout s'est bien passé, dit Zozan, venue à la maternité pour faire vacciner son bébé de sept mois. Mais il aurait été préférable d'être proche de médecins : dans une tente, il y a toujours un risque", reconnaît-elle. De plus, les autorités locales ont cessé d'émettre des certificats de naissance pour les bébés qui naissent à la maison.

L'unité de maternité a été mise en place en un temps record grâce à l'aide des autorités sanitaires locales. "Tout s'est passé très vite, explique le Dr Adrian Guadarrama. Nous avons présenté notre proposition que les autorités ont immédiatement approuvée avant de fournir les matériaux de construction ainsi que tout le matériel médical nécessaire."

L'unité est dirigée par une sage-femme et le personnel nouvellement recruté a dû s'adapter à une autre façon de travailler. "Le principal défi a été de trouver et de former des sages-femmes, explique Marguerite Sheriff, sage-femme MSF. Beaucoup de sages-femmes sont habituées à travailler dans l'ombre des médecins. Je n'arrêtais pas de leur dire qu'un jour elles seraient amenées à gérer la maternité elles-mêmes, ce qu’elles avaient beaucoup de peine à croire."

Pour Marguerite la priorité est de prendre le temps d'examiner les patients et de les écouter. "Nous enseignons à nos nouvelles sages-femmes une approche plus holistique de la naissance", dit-elle. Les membres du personnel ont un lien étroit avec leurs patients, car la plupart sont réfugiés. "Nous employons du personnel syrien, des gens qui sont eux-mêmes réfugiés", ajoute le Dr Adrian Guadarrama. "Notre équipe comprend actuellement un gynécologue, neuf sages-femmes et quatre infirmières qui assurent des soins 24h/24."

Des promoteurs de la santé sillonnent le camp pour informer les femmes des services proposés à la nouvelle maternité mais le bouche à oreille a également bien fonctionné. L’ouverture de la structure a même fait la première page de la gazette du camp. Et les femmes viennent maintenant de loin pour y donner naissance.

Ahlam, qui s’apprête à quitter l'unité avec son bébé, est enregistrée dans le camp de réfugiés de Gowergosk, situé à environ deux heures de Dohouk. "J'ai appris par ma belle-sœur qu'il y avait des sages-femmes syriennes et une maternité flambant neuve, dit-elle, alors j'ai déménagé ici il y a quelques semaines, juste pour accoucher. Quand j’aurais repris des forces, je retournerai à Gowergosk."

On compte déjà cinq naissances par jour dans la nouvelle maternité. "Pour le moment nous arrivons à gérer, explique le Dr Adrian Guadarrama, mais notre limite est de sept accouchements par jour. Compte tenu de la forte demande, nous commençons à considérer la possibilité d'étendre nos activités."

En plus de la population croissante du camp, la région de Dohouk accueille désormais un grand nombre d'Irakiens déplacés au cours des dernières semaines après avoir fui l'avance des militants de l'État islamique. L’hôpital de Dohouk a du mal à faire face à l’augmentation du nombre de patients. "L’hôpital est sous pression, en particulier avec l’arrivée récente de dizaines de milliers de personnes déplacées dans la région", explique le Dr Adrian Guadarrama.

Assise dans la salle d'attente, Vian attend son tour avec d’autres femmes syriennes. Elle a fui récemment sa maison située dans la ville irakienne de Sinjar. Elle est arrivée à Dohouk après un pénible voyage avec son mari et ses deux enfants. Enceinte de deux mois, elle est souffrante et a décidé de se rendre à l'hôpital de Dohouk. "Le personnel de l'hôpital était trop occupé pour m’accorder une quelconque attention, dit-elle. Cette clinique est beaucoup mieux, et le personnel me traite avec respect. Je ne sais pas si je vais accoucher ici, car je ne sais pas ce que l'avenir nous réserve. La nuit je ne trouve pas le sommeil et je pense à tout ce que j'ai laissé derrière moi. "

Bien que les services de santé MSF soient ouverts à tous, les seules personnes autorisées à pénétrer dans le camp de Domiz sont des réfugiés de Syrie. Mais, avec l’escalade de la violence à travers l'Irak et la Syrie, et les vagues de personnes fuyant leurs villages pour des zones plus sûres, le Dr Adrian Guadarrama espère que MSF sera bientôt en mesure de soutenir le système de santé local en proposant les soins offerts à la maternité aux personnes nouvellement déplacées ainsi qu’à la population locale, en plus des réfugiés syriens vivant à Domiz.

"Charia, une ville située en face du camp de Domiz, accueille un grand nombre de personnes déplacées de Sinjar, explique le Dr Adrian Guadarrama. Nous proposons de mettre en place un système qui permettra à nos médecins travaillant dans des cliniques mobiles à Charia de référer les femmes enceintes vers la maternité de Domiz."
Alors que les crises se succèdent le nouveau défi pour MSF est de trouver le moyen de fournir des services qui profiteront à la fois aux réfugiés et aux personnes déplacées.

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