Haïti : Le quotidien des déplacés crée une nouvelle source d’angoisse

Un camp dans Port au Prince  avril 2010
Un camp dans Port-au-Prince - avril 2010 © Katrijn Van Giel

En parallèle des activités médicales, MSF a développé un service d'accompagnement psychosocial pour assister des gens qui ont des phobies, des anxiétés, des incertitudes face à l'avenir, et ceux qui se sentent sans espoir. Reportage dans une clinique, au camp de Pétion-Ville Golf Club, à Port-au-Prince.

Dès le petit matin, les déplacés sont visiblement nombreux sur le petit chemin escarpé qui conduit à la clinique de Médecins Sans Frontières, au camp de Pétion-Ville Golf Club. Ils veulent d'autant plus rencontrer un médecin que les pluies de la dernière nuit ont provoqué des « problèmes de respiration, des fièvres et des infections », selon leurs témoignages. Aux alentours de la structure médicale, le décor créé par les familles qui réparent leur tente improvisée, les matelas exposés au soleil et les dames qui lavent des linges déjà trempés illustrent les complications de la vie dans les camps en Haïti.

A l'intérieur de la clinique, l'équipe de psychologues est déjà à pied d'œuvre. Ils viennent de terminer une séance d'éducation psychologique, durant laquelle ils fournissent aux patients des informations sur le stress et sur la réaction au traumatisme. Ces séances permettent également de suggérer des mécanismes pour positiver, afin d'aider les patients à cerner les conséquences psychologiques liées à un événement traumatique. Cela peut développer leur capacité à mobiliser leurs propres ressources pour faire face.

« La plupart des patients présentent des plaintes et symptômes physiques tels que des troubles de l'appétit, de la mémoire, du sommeil, des palpitations cardiaque ou l'irruption de souvenirs de l'événement », souligne la psychologue Djenna Marlhen Jean Charles, un membre du personnel local depuis 2006.

MSF propose des exercices de relaxation ainsi que des entretiens pour normaliser les sentiments et les plaintes des patients et pour réduire le taux d'anxiété. « Cette stratégie fonctionne dans 80% des cas. Cependant si un patient présente des complications psychiatriques et requiert un suivi médicale, il est référé à un psychiatre et continue de bénéficier de l'appui psychosocial » indique la psychologue. Cette référence peut être adressée au centre de St Louis où MSF prend en charge certaines crises psychiatriques.

La terre tremble encore sous leurs pieds et l'avenir peut leur sembler sombre. Dans ce terrain de golf transformé en marécage nauséabond par manque de canalisation et de latrines organisées, les déplacés du Camp Pétion-Ville Golf Club viennent chercher auprès des psychologues un soutien pour tenir bon, en l'absence de solutions durables à leur situation.

Dossier "Tremblement de terre en Haïti"

Retour au dossier consacré aux interventions de MSF en Haïti après le séisme du 12 janvier 2010.

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