En RDC, MSF traite 17 000 personnes pendant la flambée de choléra la plus grave de ces dernières années

Centre de traitement du choléra à Minova dans la province du Sud Kivu. RDC août 2017
Centre de traitement du choléra à Minova, dans la province du Sud-Kivu. RDC, août 2017 © Arjun Claire

En République démocratique du Congo (RDC), l’épidémie de choléra déclarée le 9 septembre est aujourd’hui étendue à 20 provinces et n’est toujours pas sous contrôle – une situation inédite dans ce pays. Pour MSF, qui a mis sur pieds près de trente unités et centres de traitement du choléra et a déjà traité 17 000 personnes, davantage d’activités de prévention et de sensibilisation, et l’implication d’un plus grand nombre d’organisations sont nécessaires pour enrayer l’épidémie.

Cette épidémie, qui se révèle être la plus virulente de ces dernières années, a éclaté en juin dans la province de Nord-Kivu et s’est propagée dans 20 des 26 provinces du pays. Elle a depuis touché plus de 24 000 personnes et fait plus de 500 morts.

Le choléra est endémique dans 6 provinces du pays, mais la sécheresse de ces derniers mois et la forte mobilité de la population dans certaines zones affectées par des déplacements forcés ont favorisé une extension rapide et une contagion plus élevée, avec 28 % de cas de plus qu’en 2016. Selon l’Organisation mondiale de la Santé (OMS), plus de 1 500 cas ont été recensés la dernière semaine août.

« L’endiguement de l’épidémie doit être une priorité majeure, car, avec l’arrivée de la saison des pluies, la propagation du virus peut être encore plus rapide et mener à une situation critique », explique Cisco Otero, chef de mission de MSF en RDC.

Depuis le début de l’année, MSF a établi des unités et centres de traitement de la maladie dans lesquels les patients sont mis en quarantaine et a aussi effectué des dons de matériel aux structures déjà existantes dans les provinces où le choléra est endémique et où il a commencé à s'étendre.

« Nous menons une action de large envergure pour couvrir les zones les plus affectées du pays, qui s'est traduite par une diminution du nombre de personnes malades au cours des dernières semaines dans nos centres. Néanmoins, cette crise a mis en évidence le besoin urgent de développer des mesures de prévention pour éviter les épidémies de cette ampleur et contenir leur propagation », ajoute Cisco Otero.

Les activités de MSF pour endiguer l’épidémie

MSF intervient dans les provinces du Kwilu, Haut-Lomami, Kongo central, Tanganyika, Nord-Kivu, Sud-Kivu, Ituri, Bas-Uele et Maniema.


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Dans de nombreuses localités du Sud-Kivu, le risque de propagation de la maladie est énorme étant donné la forte concentration de population et la géographie, qui incite les habitants à s’approvisionner avec l’eau non potable du lac Kivu. Le plus grand nombre de cas détectés a été identifié à Minova, avec plus de 1 400 personnes. On retrouve une situation similaire à Goma, ville du Nord-Kivu qui se trouve sur les rives du lac Kivu : la majorité de la population est obligée de puiser l'eau directement du lac, malgré la contamination par les rejets des activités humaines.

À Goma, où le choléra est endémique, l’ampleur de l'épidémie actuelle est en partie due à une longue saison sèche et à des problèmes techniques liés à l'approvisionnement en eau, venus s’ajouter à des installations d'épuration des eaux usées déficientes. Ces éléments combinés à la pauvreté et à un manque d'information de la population  rendent une épidémie plus probable. 

Depuis le début du mois de septembre, MSF intervient également dans le centre de santé de Mulongo, où l’épidémie a commencé à se propager en août. Mulongo est située dans la province du Haut-Lomami, où l’épidémie s’est déclarée en mai 2017 dans les zones lacustres, avant de se propager le long du fleuve Lualaba jusqu’à atteindre la ville.
Le 15 août, un centre de traitement du choléra y ouvrait ses portes. La majorité des patients sont des pêcheurs vivant sur les îlots du lac, à trois heures en pirogue. L’approvisionnement est un défi dans la région en raison des contraintes logistiques importantes. Il n’y a pour l’instant aucune autre organisation internationale dans la province pour endiguer l’épidémie.

Dans le Tanganyika, le nombre actuel de cas est équivalent aux années précédentes. Néanmoins, la saison des pluies n’a toujours pas commencé et, avec cent mille personnes déplacées vivant dans des camps de fortune et dans les cours d’écoles, le risque de propagation rapide sera très élevé si les conditions se détériorent.

Comment prendre en charge le choléra ?

Un centre de traitement du choléra est essentiel pour traiter les malades gravement atteints du choléra. Il consiste en une salle de quarantaine pour les patients, conçue pour prévenir toute propagation de la maladie. Le centre offre également des services de traitement et de stabilisation des patients.

Les premiers symptômes du choléra étant très brutaux, il est important de détecter et de traiter les cas le plus rapidement possible. La déshydratation survient très rapidement et peut entraîner la mort si elle n’est pas traitée immédiatement et correctement par le biais de l’administration de fluides et de sels de réhydratation orale. La majorité des patients peuvent être traités par voie orale. L’administration de fluides par voie intraveineuse est uniquement réalisée dans les cas de déshydratation aiguë.

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