En Grèce, MSF accompagne les réfugiés en transit

Une famille syrienne hébergée au camp Eleonas à Athènes. Février 2016
Une famille syrienne hébergée au camp Eleonas, à Athènes. Février 2016 © Georgios Makkas

Avec l’hiver, le nombre d’arrivées a diminué sur l’île grecque de Samos. En octobre, plus de 500 personnes arrivaient par jour, en janvier elles n’étaient plus qu’environ 150. Mais il n’y a jamais eu autant de naufrages. Plus de 400 personnes ont péri noyées au large de toutes les îles grecques en janvier ; dont plus de 30 au large de Samos. La traversée se fait dans des conditions très difficiles, avec un vent froid, le plus souvent sur des petites embarcations qui prennent l’eau.

La Turquie est très proche de Samos, le passage le plus étroit fait à peine 1600 mètres, mais les courants y sont forts. Aussi des itinéraires plus longs sont-ils empruntés, et alors la traversée peut prendre plusieurs heures. A l’arrivée sur les côtes grecques, que ce soit celles de Samos ou d’Agathonisi, une petite île située juste en face de Samos où sont présentes des équipes MSF, les réfugiés sont souvent mouillés et transis. Dans leur grande majorité, ils viennent de Syrie, d’Irak et d’Afghanistan. Mais il y a aussi des Iraniens, des Pakistanais et des ressortissants africains.

Se tenir prêt à aider les réfugiés, de jour comme de nuit

Nous essayons d’être près des migrants dès qu’ils mettent pied à terre. A Samos, nous avons développé un réseau qui va des volontaires jusqu’aux autorités – police, pompiers et gardes-côtes – et qui nous alerte quand arrive un bateau. Dès qu’elle reçoit un appel, l’équipe MSF va à leur rencontre, de jour comme de nuit. Elle dispense les premiers soins d’urgence si besoin, elle donne aux exilés de l’eau et des biscuits sucrés, et des couvertures si leurs vêtements sont mouillés. On voit débarquer des groupes d’une petite dizaine de personnes ou beaucoup plus nombreux. Il y a deux semaines, un groupe de 74 personnes, avec plusieurs femmes portant dans leurs bras des enfants tous petits, a débarqué en pleine nuit.

Nous les amenons ensuite en bus au port de Samos où se trouve le centre d’enregistrement pour leur éviter d’avoir à faire un long trajet à pied, mais aussi parce qu’ils sont perdus et souvent ne savent pas qu’ils sont sur une île. Pendant le trajet, nous leur donnons des informations pratiques sur l’enregistrement et sur les deux camps qui existent à Samos, où des bénévoles et des associations apportent des secours. MSF a ainsi une équipe médicale qui dispense des soins dans ces deux camps.

Camp de transit au port de Samos

Camp de transit au port de Samos. Février 2016 © Brigitte Breuillac/MSF

Poursuivre sa route n'est pas permis à tous

Les réfugiés n’ont qu’une idée en tête : poursuivre leur route. Pour cela, ils doivent attendre d’avoir été enregistrés par la police, ce qui peut prendre quelques jours ou quelques semaines, selon leur nationalité. Une fois qu’ils ont reçu le papier d’enregistrement, ils peuvent prendre le ferry pour Athènes, puis un bus jusqu’à la frontière avec la Macédoine (Ancienne République yougoslave de Macédoine). Mais là ne peuvent passer que les ressortissants de Syrie, d'Irak et d'Afghanistan. Depuis début décembre, toutes les autres nationalités sont refoulées à la frontière. Résultat : un grand nombre de réfugiés et de migrants se retrouvent à Athènes.   

Le centre Eleonas situé dans les faubourgs d’Athènes, mis en place par le ministère des Migrations, accueille des personnes vulnérables comme des familles avec enfants et des demandeurs d’asile. Nous y avons un dispensaire ouvert sept jours sur sept de 14h à 20h où travaille une équipe médicale MSF avec deux interprètes pour les réfugiés parlant arabe et farsi. Mais il y a aussi à Athènes des sites informels de regroupement comme la place Victoria. Cette petite place est devenue un lieu de passage obligé pour ceux qui sont bloqués en Grèce et veulent s’informer ou recevoir de l’aide. Certains passent la nuit dehors dans les rues environnantes. Pour offrir un accès aux soins médicaux à tous ces réfugiés et migrants qui sont de fait les plus vulnérables, nous avons depuis le 12 février une équipe médicale présente de 17h à 21h dans un local situé à côté de la place Victoria. Là dans la journée, une autre association accueille les femmes et les enfants en transit à Athènes.

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Près du centre Eleonas, une famille Hazara en provenance d'Afghanistan. Février 2016 © Georgios Makkas

MSF est également présente sur les îles du Dodécanèse de Kos et Leros pour donner aux personnes qui arrivent des consultations médicales et leur apporter un soutien psychologique ainsi qu’un accès à un abri et des infrastructures sanitaires. A Lesbos, MSF a ouvert un dispensaire dans le camp d’enregistrement de Moria et dispense des séances de soutien psychologique. MSF a aussi installé un camp de transit à Mantamados et mène avec Greenpeace des opérations de sauvetage en mer, en aidant les bateaux en perdition en collaboration avec les gardes-côtes grecs.  

A Idomeni dans le nord de la Grèce, près de la frontière avec l’ARY de Macédoine, MSF a mis en place un camp de transit pour les personnes attendant de passer la frontière. A 20 km de là, à une station-service où des centaines de personnes doivent souvent attendre des heures avant d’être autorisées à aller dans le camp de transit, MSF a aussi installé des tentes et des toilettes et distribue des couvertures, de la nourriture et de l’eau.

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