Afghanistan : un décès supplémentaire imputable à l’attaque de l'hôpital de MSF à Kunduz

Impacts de balle sur la porte d'entrée de l'hôpital MSF de Kunduz octobre 2015
Impacts de balle sur la porte d'entrée de l'hôpital MSF de Kunduz, octobre 2015 © Victor J. Blue

Près de trois semaines après le bombardement américain mené le 3 octobre dernier sur le centre de traumatologie de MSF à Kunduz, en Afghanistan, MSF confirme le décès supplémentaire d’un de ses travailleurs.

Le nombre total de morts imputables à cette attaque s’élève aujourd’hui à au moins 30 personnes, dont 10 patients et 13 membres de notre personnel médical - reconnus - et sept corps méconnaissables retrouvés dans les ruines de l'hôpital et n’ayant pas pu être identifiés. Un membre du personnel MSF et deux patients toujours portés disparus - et présumés morts - pourraient faire partie de ces sept corps non-identifiés ; des examens médico-légaux sont toujours en cours.

A ce jour, MSF confirme également que 27 travailleurs MSF, ainsi que de nombreux patients et leurs accompagnants, ont été blessés lors de l'attaque. Dans le chaos qui a suivi, il a été extrêmement difficile de retrouver la trace des patients et le nombre total de blessés pourrait être impossible à déterminer.

La destruction du centre de traumatologie de 94 lits de MSF a un réel impact sur des centaines de milliers de personnes et leur accès aux soins chirurgicaux. Avec plus de 400 employés fournissant des soins chirurgicaux, des soins post-opératoires et de la rééducation de très haute qualité, cet hôpital était le seul établissement spécialisé du nord de l'Afghanistan. L'année dernière, 22 000 patients y ont été pris en charge et plus de 5 900 interventions chirurgicales y ont été menées. Le personnel soignait tous ceux ayant besoin de soins médicaux, essentiellement des cas de traumatismes/blessures importants dus à des accidents de la circulation, des attentats à la bombe ou encore des blessures par balle.

Le personnel d'urgence avait été formé à la prise en charge en cas d’afflux de blessés, ce qui a été le cas au cours de la semaine qui a précédé l'attaque, alors que les affrontements faisaient rage dans la ville ; entre le 28 septembre et le 2 octobre, 394 blessés ont ainsi été pris en charge.

Tout ce qui reste désormais des trois salles d’opération, des services des urgences et des consultations externes, ainsi que de l'unité de soins intensifs sont des toits écroulés, des murs noircis, des sols recouverts de poussière et jonchés des restes de lits ou de brancards. Dans un contexte qui reste très instable, l'hôpital régional de Kunduz et un dispensaire situé à l'aéroport sont désormais les seuls établissements pouvant fournir des soins médicaux gratuits à toute la ville. Depuis l’attaque, plusieurs donations de matériel médical ont été faites à ces structures, notamment de la part de MSF. Du personnel du ministère de la Santé a été transféré d'autres provinces vers Kunduz, en renfort. Mais la capacité chirurgicale de ces installations est limitée et les cas médicaux complexes ne pouvant pas y être pris en charge doivent être transportés vers les hôpitaux d'autres villes.

Une équipe MSF réduite est revenue à Kunduz pour évaluer les dégâts, assurer une bonne collaboration dans les enquêtes en cours et s’assurer du devenir de notre personnel. Mais, jusqu'à ce que MSF comprenne ce qui s’est réellement passé la nuit de l'attaque et tant que nous n’aurons pas de réelles garanties que cela ne se reproduise pas, le centre de traumatologie de Kunduz ne pourra pas être rouvert. Notre personnel et nos patients doivent être en sécurité.

Signez notre pétition pour demander au Président Obama d'accepter l'enquête indépendante sur le bombardement de l'hôpital de Kunduz

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