MSF appelle à la mise en oeuvre d’une grande opération européenne de recherche et de sauvetage en Méditerranée

Bateaux utilisés par les migrants pour traverser la Méditerranée. Rien que cette dernière semaine 11 000 personnes ont risqué leur vie en tentant la traversée et plus de mille noyades ont été rapportées. Luca Visone/MSF
Bateaux utilisés par les migrants pour traverser la Méditerranée. Rien que cette dernière semaine, 11 000 personnes ont risqué leur vie en tentant la traversée, et plus de mille noyades ont été rapportées. © Luca Visone/MSF © Luca Visone/MSF

Le nombre de victimes est comparable à celui de zones de guerre. Les politiques de l’Union européenne font de la mer Méditerranée une fosse commune. Face à la nouvelle tragédie qui s’est produite en mer Méditerranée le 19 avril, les Etats membres de l’Union européenne doivent mettre sur pied de toute urgence une opération de recherche et sauvetage pour empêcher de nouveaux naufrages.

« Les politiques mises en oeuvre par l’Union européenne sont en train de faire de la mer Méditerranée  une véritable fosse commune, observe Loris De Filippi, président de MSF en Italie. L’Europe a fermé ses portes aux milliers de personnes qui fuient la guerre et la crise dans leur pays. Elle ne leur laisse pas d’autre choix que de risquer leur vie en faisant cette périlleuse traversée. Le temps de la réflexion est passé. Il faut sauver ces vies maintenant. Cela a été une grave erreur de mettre fin au programme italien de sauvetage en mer Mare Nostrum. Les Etats membres de l’UE doivent immédiatement lancer des opérations similaires, à grande échelle, de recherche et de sauvetage avec des patrouilles naviguant au plus près des côtes libyennes. Les moyens mis en oeuvre actuellement sont insuffisants, les catastrophes de ces derniers jours l’ont clairement montré. Cette tragédie n’est hélas pas la dernière, à moins que l’Europe n’affiche enfin la volonté de réagir. »

Rien que la semaine passée, 11 000 personnes ont risqué leur vie en tentant la traversée de la Méditerranée, et plus de mille d’entre elles ont péri. Peu importe la hauteur des barrières que l’Europe s’ingénie à bâtir autour de ses frontières terrestres, ou les obstacles de toute nature qu’elle met sur la route des migrants, ceux-ci continueront à fuir les conflits dévastateurs et les crises qui touchent leur pays pour sauver leur vie.

« 700 morts en une journée, c’est ce qui peut se passer dans une zone de guerre. Or cette tragédie humanitaire se déroule là, à nos portes, sans que l’Europe ne semble vouloir rien y faire. C’est pourquoi nous allons lancer notre propre opération de recherche et de sauvetage en mer, afin de tenter de sauver le plus de vies possible, précise De Filippi. La vraie solution pour éviter des milliers de morts supplémentaires serait de mettre en place des voies d’accès sûres et légales pour les migrants et les demandeurs d’asile. Mais en attendant, la situation humanitaire créée par les politiques migratoires européennes est si catastrophique qu’elle ne nous laisse d’autre choix que la mise en place de cette opération de sauvetage. »

Début mai, MSF lancera, en partenariat avec l’organisation MOAS (Migrant Offshore Aid Station) notamment, sa première opération de recherche et de sauvetage en mer et cette intervention sera rapidement renforcée dans les semaines qui suivront. Cette opération est mise sur pied pour faire face à l’augmentation énorme du nombre de personnes qui ont péri en mer Méditerranée ou pour lesquelles une opération de sauvetage était nécessaire. Pour MSF, nous sommes en présence d’une crise humanitaire qui est le résultat des politiques migratoires de l’Union européenne et qu’il est impossible d’ignorer.

MSF appelle les gouvernements de l’Union européenne à mettre en place des voies d’accès au continent qui soient légales et sûres, à reprendre les opérations de sauvetage en mer et enfin, à garantir des conditions d’accueil dignes à ceux qui viennent se réfugier en Europe.

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