Les États font un pas historique en faveur de vaccins plus abordables

Vaccination contre la rougeole à Bria en RCA mars 2015. MSF
Vaccination contre la rougeole à Bria, en RCA, mars 2015. © MSF © Marta Soszynska/MSF

Une résolution adoptée lors de l'Assemblée mondiale de la Santé, appelle à rendre les prix des vaccins plus abordables et plus transparents.

Les représentants des Etats réunis à Genève pour l'Assemblée mondiale de la Santé ont lancé l'alerte sur la question de l'augmentation exorbitante du coût de la vaccination d’un enfant, et ont franchi un cap décisif pour résoudre ce problème, en approuvant une résolution appelant à des vaccins moins chers et une plus grande transparence sur les prix pratiqués. Cette résolution a été adoptée par tous les Etats membres, et plus de 60 pays, dont l'Algérie, l'Australie, le Brésil, la Colombie, le Liban, la Libye, l'Equateur, l'Egypte, l'Indonésie, le Niger, le Nigeria, l'Afrique du Sud, la Thaïlande, le Pakistan, les Philippines et la Corée du Sud, ont directement affirmé leur soutien à la résolution, et exprimé leur inquiétude au sujet du prix élevé des vaccins, lors des débats.

Médecins Sans Frontières (MSF) salue ce signal fort envoyé par les Etats.

« Il est positif de voir les pays défendre la santé de leur population. Mais cette démarche montre une triste réalité : les vaccins sont en train de devenir de plus en plus chers pour une grande partie de la population mondiale, commente le Dr. Manica Balasegaram, directeur général de la Campagne d'Accès aux Médicaments Essentiels (CAME) de MSF. Les Etats doivent prendre des mesures concrètes, faute de quoi ils seront obligés de choisir les maladies contre lesquelles ils pourront protéger leurs enfants et celles contre lesquelles ils ne pourront pas. »

En janvier, MSF a publié la deuxième édition de son rapport « The Right Shot : généraliser l'accès à des vaccins abordables et mieux adaptés »,qui explique qu’il est aujourd’hui 68 fois plus cher de vacciner un enfant dans les pays les plus pauvres qu’en 2001. De nombreux pays n'ont pas accès aux vaccins les plus récents - et les plus chers - comme celui contre les infections à pneumocoque, responsables de près d'un million de décès d'enfants chaque année.

L'une des raisons pour laquelle les prix sont si élevés est le manque d'information publique sur les prix des vaccins, ce qui oblige bien des pays en développement, et les organisations humanitaires, à négocier à l'aveugle avec les laboratoires pharmaceutiques. L'Organisation mondiale de la santé (OMS) a déjà souligné l'importance d'une plus grande transparence sur les prix afin d'obtenir des vaccins plus abordables.

De nombreux pays ont souligné l'urgence de la résolution adoptée aujourd'hui, expliquant que tout retard dans son adoption engendrerait d'autres décès d'enfants qui auraient pu être protégés grâce à un vaccin. MSF espère que les pays utiliseront ce contexte favorable pour obtenir la publication des prix payés pour les vaccins par les différents pays. Elle espère également que cet appel sera entendu par les laboratoires pharmaceutiques et les spécialistes de la santé mondiale, et qu'un effort conjoint permettra de réduire le prix des vaccins.

« Les pays sont confrontés à une situation difficile, car ils ne peuvent protéger leurs enfants à cause des prix élevés des vaccins. Cependant, ils ont toutes les cartes en main pour améliorer collectivement la transparence des prix payés par chacun d'entre eux. En approuvant cette résolution, les pays ont clairement appelé à des actions concrètes. La santé publique doit avoir la priorité sur les profits, et les vaccins contre les maladies mortelles chez l'enfant ne devraient pas être un business dans les pays pauvres », conclut le Dr. Balasegaram.
 


Vaccins, l'injuste prix

Campagne « A fair shot »

MSF a lancé la campagne « A fair Shot / L’injuste prix »,  dont l’objectif est d’appeler les laboratoires GSK et Pfizer à rendre public le prix du vaccin PCV pour tous les pays et à en réduire le prix dans le pays en développement, en le faisant passer à 5$ par enfant.
En savoir plus

À lire aussi