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En Afrique subsaharienne, beaucoup meurent encore du SIDA, même sous traitement antirétroviral

République démocratique du Congo 2017 Kris Pannecoucke
République démocratique du Congo, 2017 © Kris Pannecoucke © Kris Pannecoucke

Dans les hôpitaux MSF, 30 à 40% des patients admis avec le VIH meurent, souvent très rapidement, alors que 50% d’entre eux ont déjà été mis sous traitement antirétroviral. A l’heure de la généralisation de l’accès aux ARV, les personnes à un stade SIDA[1] bénéficient d’un accès aux soins très limité.

Le document d’information de MSF « Waiting isn’t an Option: Preventing and Surviving Advanced HIV » (Attendre n’est pas une option : Prévenir et survivre au stade avancé du VIH) [2], dont les données ont été présentées lors de la conférence de l’International AIDS Society à Paris (IAS - Société internationale sur le sida) relative à la recherche sur le VIH, révèle que dans les hôpitaux gérés et soutenus par MSF en République démocratique du Congo (RDC), en Guinée, au Kenya et au Malawi, les personnes en stade SIDA arrivent avec une déficience immunitaire tellement sévère que 30 à 40% d’entre elles meurent. Près d’un tiers de ces décès se produisent dans les 48 heures après admission.

Les principales causes de maladie et de décès sont liées à des échecs ou des interruptions de traitement, ou à un diagnostic tardif. Contrairement au début des années 2000, quand les gens mouraient du SIDA faute d’accès aux traitements,  plus de 50% des patients admis à un stade avancé du VIH dans les hôpitaux soutenus par MSF ont déjà initié un traitement antirétroviral (TAR), et beaucoup présentent des signes d’échec au traitement.

« La généralisation de l’accès aux ARV n’a pas produit la diminution attendue du nombre de personnes au stade SIDA dans les pays en développement. Ce qui a changé, c’est qu’une majorité des personnes admises à l’hôpital ont déjà été diagnostiquées et beaucoup sont déjà sous traitement depuis plusieurs années. À Homa Bay, au Kenya, où les antirétroviraux sont disponibles depuis longtemps, la moitié des patients hospitalisés montrent des signes d’échec du traitement. Nous militons pour que ces patients puissent passer plus rapidement à des traitements de deuxième ligne », explique David Maman, épidémiologiste à Épicentre.

Des enquêtes menées par MSF montrent également qu’une partie des personnes au stade SIDA dans les communautés d’Afrique australe et orientale n’ont jamais été dépistées ni mises sous traitement. Ainsi, environ 10% des personnes vivant avec le VIH dans certaines régions du Malawi, du Kenya et d’Afrique du Sud sont au stade le plus avancé de la maladie, et parmi elles 47% n’ont eu accès ni au diagnostic ni aux ARV. « Les personnes sont diagnostiquées tardivement. Nous devons trouver de nouveaux moyens d’identifier ces laissés pour compte, bien avant qu’ils n’arrivent à l’hôpital en phase terminale ou qu’ils ne meurent chez eux, seuls. La stigmatisation et le manque d’information restent des obstacles importants au dépistage, à la mise sous traitement et à son suivi. En parallèle de la généralisation des ARV au niveau communautaire, il faut impérativement améliorer la qualité des soins pour ceux qui sont sous traitement depuis de nombreuses années », explique Gilles van Cutsem, conseiller MSF sur le VIH.

Hier, l’Organisation mondiale de la santé (OMS) a publié pour la première fois un guide sur la prise en charge du SIDA dans les milieux à faibles ressources, dont les recommandations constituent un véritable pas en avant. Mais des mesures additionnelles doivent être prises pour faire face aux échecs thérapeutiques et aux problèmes de résistance au traitement.

Pour prévenir le stade SIDA, et prendre en charge les personnes qui y sont confrontées, il est urgent de combiner un ensemble d’interventions : le renforcement du dépistage et l’initiation rapide du traitement antirétroviral ; la numération initiale des CD4 à la mise sous traitement ; les tests de charge virale en routine ; le dépistage et le traitement rapides d’infections opportunistes majeures – nécessitant notamment l’accès à des outils de diagnostic de la tuberculose au chevet du patient et l’amélioration du traitement contre la cryptococcose ; enfin le passage accéléré aux ARV de deuxième ligne pour les patients à un stade avancé du VIH ou dont le traitement a échoué. Cette stratégie nécessite de renforcer les dispositifs de référence entre le niveau communautaire, les centres de santé et les hôpitaux. Elle exige aussi que tests et soins soient gratuits pour le patient.[3]

La situation des personnes au stade le plus avancé de la maladie pourrait s’aggraver avec la stagnation des financements pour la lutte mondiale contre le VIH[4]. Des coupes budgétaires sont attendues dans les fonds américains accordés au Fonds mondial (17 %) et à PEPFAR (11 %) à partir de 2018, ce qui devrait entraîner des restrictions supplémentaires dans de nombreux pays. Ces coupes risquent d’impacter les dispositifs communautaires, incluant le dépistage ciblé et les activités favorisant l’observance, et de limiter drastiquement les investissements nécessaires dans les domaines des laboratoires, les outils de diagnostic et de la formation du personnel médical.

« La réalité des patients au stade SIDA témoigne des immenses difficultés pour se faire dépister et soigner à temps, et continuer son traitement antirétroviral de manière ininterrompue. Avec un tarissement de la volonté politique et des financements à l’échelle mondiale, le combat contre le virus risque de subir un revirement, et ces malades qui arrivent à l’hôpital atteints du SIDA de voir leurs espoirs de sursis anéantis », souligne Mit Philips, conseillère en politique sanitaire et promotion de la santé.

 

À l’heure actuelle, MSF contribue au traitement de plus de 230 000 patients dans 19 pays différents.

En Afrique subsaharienne, MSF gère ou soutient quatre hôpitaux différents offrant des soins gratuits aux patients atteints du SIDA. À l’hôpital d’Homa Bay (200 lits) et dans les centres médicaux de référence au Kenya, MSF appuie et forme le personnel médical, fournit du matériel médical et des médicaments et soutient le laboratoire afin d’améliorer le traitement des infections opportunistes (IO). À l’hôpital local de Nsanje (200 lits), au Malawi, MSF forme le personnel médical afin d’améliorer le diagnostic et la gestion clinique des patients atteints du VIH/SIDA, et renforce les services des laboratoires, la pharmacie et l’approvisionnement en traitements contre les IO. MSF gère plusieurs unités de soins contre le SIDA spécialisées à l’hôpital de Kabinda (42 lits) (Kinshasa en République démocratique du Congo) et à l’hôpital de Donka (31 lits), à Conakry. Ces centres travaillent en collaboration avec des structures de santé périphériques afin d’améliorer le transfert de patients et de proposer des formations pratiques au personnel en vue d’améliorer la qualité des soins délivrés aux patients atteints du VIH/SIDA. Dans l’ensemble des projets de lutte contre le VIH, les équipes de MSF élaborent et mettent en place des programmes de diagnostic et de traitement du VIH/SIDA ainsi que des activités permettant d’améliorer l’accès à l’information pour la population et de renforcer l’observance du traitement chez les patients qui en ont besoin.


[1]Le syndrome d’immunodéficience acquise (SIDA) correspond à un taux de CD4 inférieur à 200/mm3, ou aux stades 3 et 4 de l’infection (classification de l’OMS)

[2]Stade avancé du VIH et syndrome d’immunodéficience acquise (SIDA) sont synonymes.

[3]Le rapport de MSF Les Négligés de l’infection au VIH, également présenté devant l’IAS, montre le nombre extrêmement limité de transferts de patients atteints du VIH vers les hôpitaux spécialisés à Kinshasa, en République démocratique du Congo (RDC).

MSF à l'IAS

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