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Récits de patients dans l’est de l’Ukraine : « Dîtes aux gens ce qui se passe ici »

Taisiya Gregorivna 82 ans Ukraine septembre 2016
Taisiya Gregorivna 82 ans, Ukraine, septembre 2016 © Maurice Ressel

Depuis mars 2015, Médecins Sans Frontières (MSF) a installé des cliniques mobiles aux environs de Marioupol et Kourakhove, dans l'est de l'Ukraine. Les équipes MSF, qui sont généralement composées d'un médecin, d'un(e) infirmier/-ère et d'un(e) psychologue, effectuent des consultations médicales, fournissent des médicaments et apportent un soutien en santé mentale aux personnes déplacées ainsi qu'à la population habitant le long de la ligne de front. MSF aide en outre les établissements médicaux par le biais de dons de matériel médical.

En août 2015, MSF a installé des points de distribution d'eau au poste de contrôle de Volnavakha-Donetsk. Depuis juillet 2016, MSF aide également les professionnels de la santé du poste de contrôle de Marïnka en leur donnant du matériel médical.

Jusqu’à janvier 2017, les équipes de MSF ont dispensé plus de 36 800 consultations médicales dans la région de Marioupol et Kourakhove. En matière de santé mentale, elles ont réalisé 5 980 consultations auprès d'individus et de groupes. Environ 17 200 patients ont également assisté à des présentations de sensibilisation aux problèmes de santé mentale dans les cliniques mobiles.

Les troubles anxieux demeurent le principal problème des patients qui reçoivent une assistance en santé mentale. En deuxième place figure la dépression. Les deux principales affections décelées par MSF au cours des examens de santé générale sont les maladies cardiovasculaires et le diabète.La majorité des patients sont des personnes âgées qui souffrent de maladies chroniques et qui participent à des programmes spécifiques. Grâce à ces programmes, ces patients peuvent bénéficier d'un traitement adéquat et d'un suivi à long terme.

 

TÉMOIGNAGES

Valentina Viktorovna, institutrice de 52 ans. Ukraine, septembre 2016 © Maurice Ressel

Valentina Viktorovna, institutrice de 52 ans. Ukraine, septembre 2016 © Maurice Ressel 

Valentina Viktorovna est une enseignante de 52 ans dont la vie a été ruinée par le conflit dans l'est de l'Ukraine. Elle habite avec son mari à Pavlopil, un village situé à seulement quelques kilomètres de la ligne de front. Elle a perdu son travail, et sa maison a été plusieurs fois endommagée par les bombardements. Aujourd'hui, elle tente de refaire sa vie en aidant les autres, tout en espérant que la violence prenne fin. Valentina et son mari reçoivent des soins médicaux de MSF. Valentina a également pris part à des consultations en santé mentale afin de supporter l'environnement stressant auquel elle est confrontée depuis deux ans et demi.

« Tous mes souvenirs sont dans ce village. C'est ici que j'ai élevé mes deux enfants avec mon mari. Auparavant, cet endroit était magnifique.

Puis le conflit a éclaté. J'étais institutrice à l'école primaire et j'adorais mon travail. Quand on a dû fermer l'école à cause du conflit, j'ai été contrainte de prendre ma retraite, à seulement 52 ans. Les bombes tombaient à proximité et l'endroit était devenu trop dangereux pour les enfants. Heureusement que mon mari travaille toujours à l'usine.

Je n'arrive pas à me faire à cette vie qui tourne au ralenti. J'occupe mes journées en travaillant çà et là comme bénévole et en allant voir d'autres familles pour essayer de me rendre utile. Voilà comment j'ai donné un sens à ce nouveau quotidien : en aidant les autres.

Valentina Viktorovna, institutrice de 52 ans. Ukraine, septembre 2016 © Maurice Ressel

Valentina, dans sa maison endommagée par les bombardements. Ukraine, septembre 2016
© Maurice Ressel

Il y a eu tant de bombardements près de la maison que les dégâts ont été importants. On a l'impression qu'elle va s'écrouler. Je me souviens encore de la première fois, j'étais terrorisée. Par chance, la maison tient toujours debout. Mais sa réparation prendra du temps car nous n'avons pas les moyens de payer les travaux.

Pendant les bombardements, mon mari et moi étions assis dans le salon dans le noir complet en nous tenant éloignés des fenêtres. Les lampes du plafond se balançaient au-dessus de nos têtes. Nous pensions qu'en nous occupant l'esprit, nous aurions moins peur. Nous avons donc pris l'habitude de jouer à des jeux et à des devinettes.

Le conflit a entraîné des ruptures familiales : de nombreuses personnes ont abandonné le village tandis que d'autres, comme mon fils aîné, ont quitté le pays. Les personnes qui sont restées dans la région ont peur de venir ici, car même si l'endroit est désormais plus calme, la situation est toujours instable. Mes enfants et mes petits-enfants me manquent énormément.

J'espère que cette violence s'arrêtera bientôt pour que nous puissions reprendre le cours de nos vies. Peut-être que ce témoignage changera quelque chose… S'il vous plaît, dites aux gens ce qui se passe ici. »

 

« Avant, il faisait bon vivre à Pavlopil »

Taisiya Gregorivna 82 ans, Ukraine, septembre 2016 © Maurice Ressel

Taisiya Gregorivna 82 ans, Ukraine, septembre 2016 © Maurice Ressel 

Taisiya Gregorivna est une veuve âgée de 82 ans. Cela fait quarante-six ans qu'elle vit à Pavlopil dans l'est de l'Ukraine. À seulement quelques kilomètres de la ligne de front, le conflit actuel a fait payer un lourd tribut au village et à ses habitants. La maison de Taisiya a été bombardée deux fois depuis 2014, ce qui l'a obligée à se déplacer quelque temps dans un endroit plus sûr. Elle a pu rentrer chez elle grâce au soutien qu'elle a reçu de sa famille pour reconstruire sa maison. Taisiya souffre par ailleurs d'un problème cardiaque. Depuis quelques mois, elle reçoit des soins médicaux de MSF ainsi qu'une assistance en santé mentale pour supporter ce qu'elle a vécu pendant le conflit.

« Je suis née en Russie. Je suis arrivée à Pavlopil, en Ukraine, en 1970, je me suis mariée et j'ai construit la maison familiale. J'ai eu quatre enfants, trois filles et un garçon.

Je ne me rappelle plus exactement à quel moment ma maison a été touchée pour la première fois par les bombes, mais je me souviens avoir eu très peur. Deux obus se sont abattus sur la route, juste devant. Les éclats ont endommagé les murs et quelques fenêtres.

La deuxième fois, ça s'est passé en hiver. J'étais toute seule à la maison et la nuit était très sombre. Le toit a été bombardé à deux reprises. Il a été détruit en même temps qu'une partie des pièces, et toutes les fenêtres ont volé en éclat. J'ai téléphoné à ma fille à Marioupol et le lendemain, j'ai pris le chemin de la ville. Il n'était pas question que je reste seule ici, c'était bien trop dangereux.

Je suis restée des mois dans la famille de ma fille à Marioupol. Il m'arrivait de retourner à Pavlopil pendant quelques jours, mais la situation était trop instable pour rentrer chez moi et j'étais terrifiée pendant la nuit.

Taisiya explique ses conditions de vie à une équipe MSF, à Pavlopil, en Ukraine. Septembre 2016 © Maurice Ressel

Taisiya explique ses conditions de vie à une équipe MSF, à Pavlopil, en Ukraine. Septembre 2016
© Maurice Ressel

Il y a environ un an, je suis rentrée chez moi à Pavlopil. Un de mes gendres m'a aidée à faire toutes les réparations. Nous avons pu réparer partiellement le toit grâce à l'usine où l'une de mes filles travaille, qui nous a offert le matériel dont on avait besoin.

Toutes les familles du village ont été profondément affectées par le conflit. Avant, il faisait bon vivre à Pavlopil, mais depuis que le conflit a éclaté, l'école a fermé. Seules deux petites boutiques ont rouvert leurs portes. C'est tout de même un progrès quand on pense que tout était resté fermé pendant des mois.

Maintenant que la situation s'est légèrement apaisée, je me sens plus ou moins bien et j'ai pu reprendre mes activités quotidiennes. J'ai un grave problème cardiaque mais je fais ce que je peux. Je m'occupe de la maison, de mon jardin et de mes poules. Sans ces activités, je ne serais déjà plus de ce monde. »

Au quotidien, Taisiya s'occupe de sa maison, de son jardin et de ses poules « pour tenir ». Ukraine, septembre 2016 © Maurice Ressel

Au quotidien, Taisiya s'occupe de sa maison, de son jardin et de ses poules « pour tenir ».
Ukraine, septembre 2016 © Maurice Ressel

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