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Pakistan : « Ils seront prêts à faire face quoi qu'il arrive »

Arrivée des blessés devant le service des urgences de l'hôpital de Hangu.
Arrivée des blessés devant le service des urgences de l'hôpital de Hangu. © Pierre Boyer/MSF

De Hangu, ville du nord-ouest du Pakistan, Damien ne verra quasiment que l’hôpital tant les mouvements sont restreints dans cette région où la violence est quotidienne. Mais ce confinement aura permis de nouer des relations privilégiées avec le personnel de l’équipe MSF, un atout précieux pour coordonner ce projet. De Mayotte au Yémen, en passant par la Papouasie Nouvelle-Guinée, la Libye et le Congo Brazzaville, Damien nous donne un aperçu de sa dernière mission MSF à Hangu au Pakistan.

Quelle image te faisais-tu du Pakistan avant d'y arriver ?

Je dois bien l’avouer, quand j’ai commencé à potasser la mission avant le départ, je n'imaginais pas que la population du Pakistan était trois fois celle de la France...

Le Pakistan est un vrai poids lourd géopolitique de la région : il y a un contexte connu autour du Cachemire avec l'Inde, et un autre moins connu, mais tout aussi complexe autour de la frontière Afghane. C'est impossible à résumer en deux mots, mais cette région fait face à la fois à des troubles entre l'armée pakistanaise et les « militants » - talibans ou autres groupes armés – et à des tensions interconfessionnelles entre musulmans chiites et sunnites. D’où les attentats à la bombe, les attaques aux check points, etc. C’est la raison pour laquelle les mouvements de véhicules et des équipes MSF sont limités.

Heureusement, parmi le personnel MSF – soit environ 150 personnes – il y a des sunnites, des chiites, des hindous, des chrétiens, qui sont donc finalement assez représentatifs des différentes communautés de Hangu et nous permettent de mieux saisir le contexte dans lequel on évolue. Et puis grâce à leur connaissance de MSF, ils sensibilisent aussi leurs familles, leurs amis, leurs voisins aux activités que l’on mène à l’hôpital. La hausse régulière de l'activité est d’ailleurs un bon indicateur de confiance ! Avec 80 à 90 patients par jour, le service des urgences est une vraie fenêtre ouverte sur l'extérieur : les patients et leurs familles nous voient travailler, et grâce à eux, nous prenons le pouls de la situation à Hangu au fil de ses évènements.

Au-delà de la gestion du projet, quel était ton rôle en cas d’afflux de blessés à l’hôpital ?

Dans ces moments-là, le rôle du coordinateur du projet est fait de quelques invariables et de beaucoup d’adaptation ! La priorité est de coordonner la sécurité avec le logisticien au sein de l'hôpital. Un afflux de blessés est par définition un débordement par rapport aux capacités normales de l’hôpital donc le but est de ramener la situation le plus vite possible sous contrôle. Car en plus des blessés, les patients « classiques » continuent d’arriver aux urgences : crise cardiaques, nouveau-nés en détresse respiratoire, accouchements compliqués, accidents domestiques...Et puis selonla cause de l’évènement, accident de la route ou attentat, le niveau de tension de la foule, qui quoiqu’il en soit se précipitera aux urgences, sera complètement différent ! D’autant plus que la configuration de l’hôpital est assez exiguë et chaque patient est souvent accompagné de quatre ou cinq proches, familles, voisins, amis...  

Donc une fois que la sécurité et le contrôle de la foule sont gérés, le job du coordinateur est de se concentrer avec le directeur de l'hôpital sur les autorités et les journalistes qui vont très souvent venir en visite : préfet, chef de la police, leaders de communautés, etc.

Au milieu de tout cela, j’organise des petites réunions avec le médecin référent et le logisticien pour d’une part vérifier que tout se met bien en place – par exemple que les ambulances sont bien disponibles – et d’autre part pour recouper nos infos et savoir si d'autres victimes sont attendues entre autres.

Ces moments-là sont intenses, ça peut durer 30 minutes comme quatre heures. Heureusement, les équipes nationales sont très expérimentées, j'étais impressionné par leur professionnalisme. Par exemple, il était courant que des personnes en congés ou en repos reviennent d'elles-mêmes à l’hôpital dès que l'info circulait en ville pour venir aider les équipes sur place...

Est-ce qu'il y a un événement qui t'a particulièrement marqué ?

Début mai 2013, on a eu à faire face à trois afflux de blessés en 3 jours... Tous les matins on faisait une réunion d'équipe sur la sécurité. Au 4ème jour, on pouvait voir la fatigue, la tension sur les visages, mais tout était prêt pour une éventuel 4ème vague de victimes... C'est peut être l'image que je garderais en tête des équipes de Hangu, ils savent que cette région du Pakistan est instable, que ça peut arriver n'importe quand, mais ils ne sont pas résignés et seront prêts a faire face quoi qu'il arrive.

 

 

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