Niger : situation critique à Diffa à l’approche de la saison des pluies et en période de pic de paludisme et de malnutrition

Camp de Yebi à Bosso dans la région de Diffa au Niger en mai dernier.
Camp de Yebi à Bosso, dans la région de Diffa, au Niger en mai dernier. © MSF

La situation déjà fragile de la population de Diffa s'est récemment aggravée suite à l'escalade du conflit armé qui sévit dans le sud du Niger, à la frontière avec le nord du Nigeria. La région est confrontée à de nouvelles vagues de personnes déplacées et de réfugiés fuyant la violence qui fait rage autour du lac Tchad, en particulier depuis février dernier au Niger. Les conditions de vie de la population déplacée - avec peu d'accès aux soins de santé et à l'eau potable - sont critiques.

La grande majorité des personnes cherchant refuge à Diffa s’est installée  de manière spontanée sur des sites dispersés, alors que d’autres vivent dans des familles d'accueil. Cependant, les mécanismes de solidarité commencent à faiblir en raison du nombre croissant de personnes déplacées et de la situation déjà précaire des populations locales. Environ 17 000 personnes sont actuellement établies dans deux camps de déplacés spontanés, dans les districts de Bosso et Nguigmi, après l'évacuation du lac Tchad à la fin avril. Très peu d'acteurs humanitaires travaillent dans la région.

« La plupart des personnes qui bénéficient de nos services ont vécu des expériences traumatisantes. Par ailleurs, à Diffa, les gens connaissent une situation très difficile, car leurs besoins de base ne sont pas couverts. Ils ont également peur d'être attaqués à nouveau », explique ElMounzer Ag Jiddou, coordinateur général de MSF au Niger.

Saison des pluies et pénurie alimentaire

Durant les prochaines semaines, Diffa devra faire face à la période habituelle de pénurie alimentaire, lorsque le nombre d’enfants avec malnutrition sévère aiguë augmente. Cette année, la situation est particulièrement critique car la violence affecte le commerce de la région et de nombreux champs n'ont pas été ensemencés.

En outre, l'arrivée de la saison des pluies génère une augmentation du nombre de cas de paludisme. Ceci lié à l'augmentation de la malnutrition risque d’être particulièrement mortel, surtout chez les jeunes enfants. En outre, l’arrivée imminente des pluies associée aux conditions d'assainissement déjà pauvres dans les camps risquent de détériorer la situation de santé d'une population déjà affaiblie par la crise actuelle dans la région du bassin du lac Tchad, où le choléra est endémique.

« Les pluies compliqueront également l'accès, entravant davantage l'arrivée de l'aide humanitaire. Actuellement, il y a très peu d'organisations dans la région malgré les besoins importants et nous craignons fortement que la situation se détériore davantage dans les mois à venir, explique Luis Encinas, responsable des projets au Niger. En réponse, nous avons commencé à diversifier les activités. La construction de latrines et la fourniture d'eau sont des aspects qui sont devenus des priorités, mais le niveau de réponse est loin de ce qu'il devrait être ».

Répondre aux besoins croissants de la population

Pour améliorer les soins de santé de la population locale et déplacée, MSF travaille avec le ministère de la Santé dans le centre de référence mère-enfant  de la ville de Diffa, et dans six centres de santé dans les districts de Diffa, Nguigmi et Bosso. Pour contrer l’augmentation du paludisme, MSF va commencer à distribuer 25 000 moustiquaires imprégnées d'insecticide dans la région.

L'organisation travaille aussi avec des cliniques mobiles dans les deux camps à Nguigmi et Bosso, où les équipes ont déjà effectué plus de 2 500 consultations médicales durant le mois de juin. Dans le camp de déplacés de Yebi à Bosso, MSF a également mis en place des activités d'approvisionnement en eau et d'assainissement, afin de veiller à ce que tout le monde ait accès à 20 litres d’eau par jour, quantité minimale recommandée en situation d'urgence.

Les activités de MSF à Diffa

MSF a commencé à travailler à Diffa depuis décembre 2014 en vue de répondre à une épidémie de choléra, soignant un total de 271 personnes. Depuis janvier 2015, l'organisation a commencé à soutenir les centres de santé de Ngarwa et de Gueskerou (dans le district de Diffa), ainsi que celui de Nguigmi (dans le district de Nguigmi). Après l'attaque du 6 février de Boko Haram à Diffa, MSF a renforcé ses opérations, en soutenant le centre de référence mère-enfant de la ville de Diffa. Début mai, MSF a de nouveau étendu ses activités afin d'aider les personnes déplacées qui ont fui le lac Tchad et qui se sont installées dans les camps dans des conditions précaires. Enfin, depuis début juillet, MSF soutient trois centres de santé supplémentaires à Baroua et à Toumour (dans le district de Bosso), ainsi qu’à Ngalewa (dans le district de Nguigmi).

Depuis le début de son intervention à Diffa, MSF a effectué plus de 15 000 consultations médicales, dont plus de 12 000 concernaient des enfants âgés de moins de cinq ans, et plus de 450 hospitalisations ont été enregistrées dans le centre mère-enfant de Diffa.

Actuellement, 122 membres du personnel de MSF (11 internationaux et 111 nationaux) assurent les opérations menées à Diffa.

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