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Kurdistan : « Avec autant de déplacés, la difficulté est de faire parvenir notre aide aux plus vulnérables »

Triage des patients avant la consultation médicale dans le camp de Baharka Kurdistan
Triage des patients avant la consultation médicale dans le camp de Baharka, Kurdistan © Gabriella Bianchi

Les affrontements récents entre les combattants de l’Etat islamique et les forces kurdes dans le nord de l’Irak ont provoqué depuis le 3 août dernier le déplacement de plus de 250 000 personnes, dont la majorité ont fui au Kurdistan.

MSF a été le premier acteur médical à arriver dans le camp de personnes déplacées de Bharka, la semaine dernière. Ce camp se trouve dans le gouvernorat d’Erbil et abrite maintenant plus de 2 500 personnes, essentiellement des sunnites et des chiites venant de Mossoul. Après une marche épuisante, la plupart des familles avaient initialement trouvé un abri pour se protéger du soleil brûlant dans un hangar abandonné dans le camp, à une dizaine de kilomètres d’Erbil.

Le 12 août, MSF a mis en place une clinique mobile pour dispenser des soins de santé primaire pendant que des tentes et des infrastructures étaient installées dans le camp. Depuis, une équipe MSF de deux médecins et une infirmière ont donné plus de 400 consultations. Avec les températures caniculaires et les bourrasques de vent qui soulève la poussière, l’eau et l’ombre sont essentielles pour survivre dans le camp. MSF a installé un point de réhydratation dans le dispensaire pour fournir aux habitants du camp un traitement et un suivi appropriés.

D’autres ONG et des agences des Nations Unies sont maintenant arrivées dans le camp. MSF prévoit de confier à un autre acteur le dispensaire et de déployer son équipe dans d’autres endroits où les besoins sont urgents et les personnes déplacées sans accès à des soins médicaux.

Will Harper, le coordinateur de projet MSF à Erbil, décrit ici la situation sur le terrain et l’action menée par MSF.

Depuis le 3 août, un grand nombre de personnes ont quitté les monts Sinjar et d’autres régions situées à l’ouest du Kurdistan pour se réfugier à Erbil. Comment cela s’est-il passé ?

Ce déplacement de populations a été massif et très rapide, même par rapport au déplacement de populations observé après la chute de Mossoul en juin. Certaines personnes ont pris la fuite avec juste les vêtements qu’elles avaient sur elles. Un grand nombre de personnes qui se trouvaient à Mossoul et dans les environs avaient déjà été déplacées deux, trois ou quatre fois, avant d’arriver à Erbil et de s’installer là où elles sont aujourd’hui. Chaque déplacement se heurte à des difficultés et des risques, ce qui a pour effet de rendre encore plus vulnérables les populations et d’accroître les besoins.

Les communautés comme les autorités font ce qu’elles peuvent et donnent la priorité à ce qu’elles jugent le plus important. La région du Kurdistan en Irak accueille déjà plus de 230 000 réfugiés, ce qui pèse lourd sur le budget et les ressources disponibles. Avec l’afflux de déplacés, davantage de moyens ont été mobilisés  et un plus nombre de manques sont apparus que MSF essaye de pallier.

Quelle action mène MSF ?

Ces dernières semaines, une équipe mobile de MSF apportait une aide aux populations qui se trouvaient dans les territoires disputés, entre Erbil et Mossoul. Mais ces populations ont fui devant l’avancée des combats. Cette équipe MSF est donc partie et intervient dans le camp de Bharka qui est le plus grand camp construit par les autorités à Erbil. Depuis le 12 août, elle y est présente tous les jours pour dispenser des soins de santé primaire et assurer une présence continue dans un camp dont le fonctionnement était chaotique et variait sans arrêt. Des médecins et des infirmières qui sont eux-mêmes des personnes déplacées ont rejoint nos équipes mobiles et les aident ainsi à créer des liens plus étroits avec les communautés.

Quels sont les principaux besoins des personnes déplacées dans le camp ?

Le camp de Bharka est un endroit difficile où vivre pour n’importe qui, et en particulier pour les personnes qui sont arrivées sans rien après avoir enduré en route de multiples épreuves. Le camp abrite actuellement plus de 2 500 personnes et devrait être agrandi. La température avoisine les 40° dans la journée. L’approvisionnement en eau et les conditions sanitaires sont problématiques, mais d’autres acteurs se mettent au travail.

Les patients pris en charge dans notre dispensaire racontent qu’ils ont dû tout abandonner et marcher pour arriver jusqu’à la frontière de la région du Kurdistan et dans le gouvernorat d’Erbil. Compte tenu de cela, il est clair que les gens manquent de tout. L’eau propre à la consommation, les infrastructures sanitaires ainsi que la nourriture, les abris et les soins médicaux sont autant de priorités. Les populations déplacées ne vivent pas seulement dans des camps et des abris collectifs, mais aussi dans des communautés d’accueil.

Quelles sont les principales difficultés pour apporter des secours ?

La difficulté pour nous est de trouver le juste équilibre entre ce qui est possible et ce qui est nécessaire. Pour chaque site, nous nous efforçons de dispenser des soins de qualité mais un autre groupe de personnes déplacées peut arriver ou bouger et il faut qu’on les suive et qu’on leur vienne en aide. Avec autant de déplacés, la difficulté est de faire parvenir notre aide aux plus vulnérables.

Pour arriver à apporter une aide à la fois aux réfugiés syriens et aux déplacés irakiens, la solution dans l’immédiat est que chacun fournisse plus d’efforts et travaille plus longtemps. Le personnel syrien MSF qui travaille dans les camps de réfugiés syriens a fait un travail incroyable pour maintenir nos standards dans les camps pendant que nous envoyons des équipes dans de nouvelles régions. Les organisations humanitaires et les donateurs ne doivent pas oublier les 230 000 Syriens réfugiés au Kurdistan. Leur situation reste inchangée même quand l’attention internationale est portée sur le Kurdistan, comme c’est le cas actuellement.

Qu’est-ce que MSF envisage de faire ? 

Comme d’autres acteurs peuvent maintenant dispenser des soins de santé dans le camp de Bharka, nous allons leur transférer cette activité stable et nous efforcer d’apporter une réponse en urgence aux besoins des personnes déplacées qui n’ont pas accès à des soins médicaux. MSF réexamine en permanence la situation et les besoins de santé dans le pays. Nous essayons de maintenir nos activités là où elles sont nécessaires et de les développer quand nous le pouvons. Nous discutons avec les autorités et nos réseaux locaux pour repérer les endroits où les personnes vulnérables ont les besoins les plus urgents.


En dépit du conflit actuel en Irak, qui rend très difficile le travail des organisations humanitaires dans le pays, MSF s’efforce de dispenser des soins de santé aux Irakiens ainsi qu’aux Syriens réfugiés en Irak. MSF travaille depuis 2006 en Irak, dans différents endroits dans le nord et le sud du pays. Pour assurer son indépendance, MSF n’accepte pas de financements d’Etats ou d’agences internationales pour ses programmes en Irak et ne fait appel qu’à des dons de personnes privées dans différents pays pour mener son action en Irak. MSF emploie actuellement plus de 300 personnes dans le pays.

Aller plus loin

► Consultez notre dossier consacré à la situation en Irak.

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