Histoires de migrants : bien plus qu'une lettre

Golleh jeune réfugié gambien de 20 ans.
Golleh, jeune réfugié gambien de 20 ans. © Alessandro Penso

Golleh, 20 ans, a perdu ses parents et son héritage en Gambie. Lorsque l'équipe MSF à Pozzallo, en Sicile, reçut une lettre de sa part, ce fut un moment spécial.

Golleh, Gambien de 20 ans, est arrivé au port sicilien de Pozzallo dans un bateau en provenance de Libye. Il souffrait de fortes douleurs dans l'abdomen, et Anna, le docteur de MSF qui l'a examiné dès son arrivée, a diagnostiqué une infection intestinale, non soignée pendant plusieurs mois. Après avoir suivi un traitement par antibiotiques, Golleh s'est senti mieux, et lorsqu'il a quitté le centre d'accueil des migrants nouvellement arrivés, il était totalement guéri.

Mais certaines blessures laissent une cicatrice dans l'esprit, et non sur le corps. C’est pourquoi Pina et Gaia, deux psychologues de MSF qui travaillent dans la province de Raguse, en Sicile, offrent un soutien psychologique aux migrants qui peinent à venir à bout de leurs expériences souvent traumatisantes.

Gaia a rencontré Golleh dans le centre d'accueil où il résidait en attendant que sa demande d'asile soit traitée. Soulagé de revoir MSF, Golleh a expliqué à Gaia pourquoi il était là et ce qui lui était arrivé pendant le trajet.

Les parents adoptifs de Golleh étaient morts il y a quatre ans, en Gambie. Privé de son héritage, vivant dans la pauvreté et la solitude la plus totale, Golleh décida de partir.

Golleh a passé cinq mois au Sénégal et un an en Mauritanie avant de faire route vers la Libye. Ne pouvant payer 500 dinars libyens, il a été emprisonné et forcé à travailler sous la menace d'un pistolet tous les jours pendant deux mois afin de rembourser sa « dette ». « Ils me surveillaient jour et nuit, me menaçaient avec leurs pistolets et me frappaient », raconte Golleh. Une fois relâché, il décida de prendre la mer, direction l'Italie.

« Depuis que mon père est décédé, en 2011, vous êtes les premières personnes à vous occuper de moi », dit-il à Gaia.

Ce jour-là, Golleh s'est assis et a écrit une lettre au docteur de MSF qui l'avait soigné  à son arrivée à Pozzallo :

« Bonjour Anna, je voulais vous remercier, vous et toutes les autres personnes de Pozzallo, en particulier les docteurs, et vous prier de passer le bonjour à tous. Aujourd’hui j'ai eu la joie de voir tante Gaia, qui est venue nous rendre visite au centre depuis Pozzallo.

Je suis très heureux, et j'écris cette lettre pour saluer chacun et chacune d’entre vous. J'ai pu voir le respect dont vous faites preuve envers les êtres humains. Vous soignez comme il faut les personnes malades. Vous êtes toujours souriants, et nous encouragez à aller mieux. C'est pour cela que je veux vous remercier et que je prie pour vous.

Votre ami de Gambie,

Golleh

Merci d’avoir lu ma lettre ! »

La réponse d'Anna ?

« Merci de nous avoir écrit, Golleh ! Alors que tu as accompli un long voyage pour échapper à la pauvreté et aux persécutions, que tu as dû travailler de force dans une prison libyenne et que tu as risqué ta vie en traversant la Méditerranée, le moins que nous puissions faire, c'est de t'aider à soigner tes blessures, qu'elles soient apparentes ou non. »

Activités de MSF en Sicile

Plus de 35 000 migrants ont traversé la Méditerranée pour rejoindre l’Italie entre janvier et la mi-mai 2015. L’an dernier, plus de 170 000 migrants avaient atteint les côtes italiennes.

Bon nombre des personnes secourues alors qu'elles se trouvent à bord de bateaux surchargés pouvant à peine naviguer sont débarquées en Sicile. Dans le port de Pozzallo, dans la province de Raguse, au sud de l’île, les migrants sont accueillis par une équipe de MSF en collaboration avec le personnel du ministère italien de la Santé. L'équipe MSF, composée de docteurs, d'infirmières et de médiateurs culturels, contrôle l’état de santé des nouveaux arrivants et leur fournit une assistance médicale, à la fois au cours des heures suivant leur arrivée et pendant leur séjour au premier centre d'accueil.

Dans le deuxième centre d'accueil situé dans la province de Raguse, où les migrants attendent la réponse à leur demande d'asile, une équipe de santé mentale MSF apporte un soutien psychologique à ceux qui en ont besoin. L’équipe propose des consultations individuelles ainsi qu'un soutien à plus long terme, et oriente vers un psychiatre les personnes atteintes de graves problèmes mentaux.

En 2014, les équipes MSF en Italie ont contrôlé la santé de 26 081 migrants nouvellement arrivés. Elles ont procédé à 2 594 examens médicaux et 700 évaluations psychologiques. Au cours des trois premiers mois de 2015, elles ont effectué 1 349 dépistages et 566 examens médicaux.

EN SAVOIR PLUS

Consultez notre dossier consacré à nos opérations de recherche et de sauvetage de migrants en Méditerranée

 

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