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Histoire de migrants : « Je savais à quel point le voyage est dangereux mais je n’avais pas le choix »

recueilli par le My Phoenix en juin 2015.
recueilli par le My Phoenix en juin 2015. © Gabriele François Casini/MSF

Soucieux de ne pas inquiéter sa famille, Fresghy, 20 ans, a quitté l’Érythrée sans le dire à personne. Plus d’un an après, il s’est retrouvé emprisonné en Libye. Sa seule chance d’en sortir était que ses proches trouvent l’argent pour payer les ravisseurs.

« Je suis parti de mon pays parce qu’il y a trop de problèmes, là-bas. Ma famille n’a pas de travail, pas de salaire – la situation est intenable. La seule solution, c’était partir. J’ai décidé d’agir seul, sans le dire à personne.

Quand j’ai atteint un camp de réfugiés en Éthiopie, j’ai appelé mes proches pour qu’ils disent à mes parents où j’étais et de ne pas s’inquiéter. C’était il y a 18 mois.

J’ai passé deux mois en Éthiopie avant de partir pour le Soudan. J’ai décidé de travailler à Khartoum pour pouvoir envoyer de l’argent à ma famille. J’y ai passé plus d’un an. Le Soudan n’est pas un pays pacifique, mais il est parfois possible d’y travailler.

Khartoum accueille de nombreux Érythréens, notamment issus de familles pauvres. Ils savent que pour se rendre en Libye et traverser la Méditerranée, ils ont besoin d’argent, alors ils font étape à Khartoum pour travailler. S’ils entrent en Libye sans argent, la mort les attend au tournant.

Je ne voulais pas rester à Khartoum parce que c’est impossible d’y épargner. Tout ce que vous gagnez part dans le loyer et la nourriture. Je ne pouvais pas venir en aide à ma famille.

Alors je suis passé en Libye. Je n’ai rien dit à mes parents car je savais qu’ils m’en empêcheraient.

Nous sommes passés du Soudan en Libye dans de petits containers, ouverts sur l’arrière. Les gens étaient compressés, 30 à 40 par container. Beaucoup sont tombés, mais personne ne les a aidés. Ils ont été laissés pour morts dans le désert. Personne ne peut vous aider car personne ne sait où vous êtes. Seul le chauffeur le sait, mais il dit « laissez-le. Ceux qui tombent doivent être abandonnés. »

J’ai appelé ma famille quand je suis arrivé en Libye et j’ai demandé à mes proches s’ils pouvaient m’aider à payer le voyage en Europe. J’y ai été contraint parce que j’ai été capturé par des Libyens. Ils m’ont volé mon argent et je n’ai pas eu d’autre choix qu’appeler mes proches.

Les gens en Libye sont hostiles. Ils crient tout le temps et ils animalisent les autres. Ils m’ont placé dans une cellule. Il faisait très chaud. Il n’y avait pas de climatisation, pas de toilettes, si vous êtes malade, personne ne vous donne de médicaments car personne ne se soucie de vous. Ils ne se préoccupent que d’argent, et pas de la vie des gens.

Beaucoup de femmes qui étaient avec nous ont été violées.

Quand on appelait nos proches au téléphone, on leur expliquait à quoi ressemblait la Libye et on leur demandait de se dépêcher pour trouver l’argent, car sinon ils nous tueraient. Les Libyens veulent nous faire peur, et du coup nous effrayons automatiquement nos parents.

Pour les riches, il n’y a pas de problème. Mais pour les gens comme moi et mes parents, cela prend des mois avant de trouver l’argent.

Une fois que ma famille a payé, ils m’ont mis dans un bateau avec 550 autres personnes. C’était très dangereux. Il y avait beaucoup de monde à bord. J’étais sur le pont, mais dans la soute il faisait très chaud et les gens ont commencé à avoir des problèmes pour respirer.

Tout le monde avait peur car le bateau n’était pas sûr. Ils ne nous ont pas donné de gilets de sauvetage, et je ne sais pas nager. S’il y avait eu un problème, je serais mort, assurément.

J’ai beaucoup d’amis et de proches qui sont venus en Europe avant moi. Je sais à quel point le voyage est dangereux – ils m’avaient prévenu sur Facebook et sur Messenger. Mais je n’avais pas le choix. Au Soudan, c’est la guerre. En Éthiopie aussi. En Libye, il n’y a plus de gouvernement. Nous décidons de traverser des pays très durs puis d’être transférés à bord d’une embarcation dangereuse, mais c’est le seul choix que nous avons : traverser la mer avec l’aide de Dieu.

La seule chose à laquelle vous pensez, c’est comment aider votre famille et trouver un endroit tranquille pour vivre et travailler. Mon rêve, c’est de pouvoir subvenir aux besoins de ma famille pour la faire sortir de la pauvreté. »

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Consultez notre dossier consacré à nos opérations de recherche et de sauvetage de migrants en Méditerranée

 

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